Par MARY YAZBECK AZOURY

Francophonie?
Où es-tu?

Le Liban officiel s’est mis au français. Les téléspectateurs ont pu admirer (ou non) la prestation du président du Conseil, Rafic Hariri, lors de sa dernière visite en France. Il a eu le courage - et là, il mérite des applaudissements - de s’adresser; puis, de répondre en français aux journalistes qui l’ont entouré, au sortir de l’Elysée. Qu’importe quelques entorses à la grammaire, au genre ou au nombre? L’important est qu’il ait osé! Tous les officiels n’ont pas suivi. Les ministres Fouad Sanioura et Bassel Fleyhane sont en train de défendre la francophonie... en anglais. Quant à la Chambre des députés, essayez de composer le numéro 01-982100 et il vous sera répondu (enregistrement) en arabe et en anglais. Le français? Inconnu à l’Assemblée nationale. D’ailleurs, il faut admettre que plus de la moitié des députés ignorent même les rudiments de la langue de Molière.

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On ne soutient que ce qui chancelle
S’il est une phrase détestable, mais qu’on répète à longueur de journée, c’est qu’il faut défendre et soutenir le français. Or, on ne défend que ce qui est en danger et on ne soutient que ce qui chancelle. On n’a jamais entendu parler de soutenir ou de défendre l’anglais. Idem pour les autres langues. Quelqu’un a eu l’idée de vouloir défendre l’usage de l’allemand, après qu’une chanteuse berlinoise eut employé de l’anglo-allemand dans son répertoire. Elle a recueilli quolibets et critiques. On l’a purement et simplement envoyé p... sur les roses. L’argument invoqué est qu’une langue est faite pour véhiculer des idées et pour être comprise. S’il n’existe pas dans une langue donnée l’équivalent - simple et facile - de ce mot, autant employer l’expression, qu’elle soit en anglais, en français ou en italien. D’ailleurs, il n’existe pas d’académie de langue allemande, tout comme il n’existe pas d’académie de langue anglaise. Alors? De la tolérance s’il vous plaît!

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Je donnerais 30% de mes indemnités mensuelles si j’encaissais 15.000$ US
Tout en admirant le geste du PDG de la MEA, M. Mohamed El-Hout qui a déclaré renoncer à 30% de ses indemnités et frais de représentations mensuels et qu’il se contentera de 10.000 dollars US (mensuels), je dois ajouter que moi aussi, je suis prête à en faire de même, si la retraite (misérable) allouée aux diplomates était substantiellement augmentée. Car il existe, malheureusement, un cliché qui veut que les diplomates, chefs de mission en tête, soient en train de toucher des indemnités faramineuses et que tous sont en train de s’enrichir aux frais du simple citoyen. Or, ceci n’est qu’une illusion. Pour quelques diplomates et ambassadeurs qui, il est vrai, ont fait fortune, par divers moyens, la grande majorité d’entre eux, se retrouve en fin de carrière avec une retraite inférieure à un ordonnance quasi illettré. Et encore heureux quand il la touche intégralement. Car il existe une retraite à trois vitesses pour le fonctionnaire, y compris le diplomate le plus haut gradé. Voici les trois catégories de fonctionnaires retraités: - Des retraités qui ont touché l’intégralité de l’augmentation votée en 1998. - Des retraités qui ont touché la moitié de la différence (allez savoir quels calculs ont été faits). - Des retraités qui ont touché 40 ou 50% de leur augmentation, le reste étant réparti sur trois ou quatre ans, (on n’y comprend rien), espérant que la dévaluation ou la disparition du retraité fasse faire quelques économies substantielles au Trésor. Et voilà la République égalitaire. Et la République bananière.

La vie de diplomate?
Des roses avec épines
L’opinion publique ne voit dans la vie des diplomates que le bon côté des choses, car évidemment, il y a bon côté, autrement personne n’entrerait dans la Carrière (avec un grand C). Alors, comment se fait-il que la majorité des enfants de diplomates soient demeurés à l’étranger, sans vouloir revenir au Liban et peu d’entre eux ont choisi de suivre la carrière de leur père ou de leur mère (car il y a quelques femmes diplomates)? Car les enfants ont vécu le côté le moins plaisant de la Fonction, devoir changer continuellement d’écoles et se faire au gré des postes occupés de nouveaux amis. Il y a des pays où il fait bon vivre et d’autres moins. Alors que les responsables des ministères des Affaires étrangères des pays civilisés ou développés établissent un cadre avec échelon selon les pays classés comme “faciles”, “moins faciles” ou “difficiles” le système en vigueur au Liban, ne tenant nul compte de ce classement. Il tient compte, simplement, du bon plaisir de ses responsables (si peu) qui installent leurs protégés là où ils le désirent, sans tenir compte du grade, de la compétence ou de l’ancienneté. Au Liban, vous pouvez être nommé dans une grande capitale; puis, rétrogradé et envoyé dans un lointain pays d’Afrique ou d’Océanie où vous aurez de la chance si vous ne contractez que la malaria. Une réforme complète s’impose au ministère des Affaires étrangères, avec de nouveaux critères pour le recrutement. Il faut, surtout, établir un cadre d’avancement non influencé par les pistons.

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Du panache, encore plus de panache!
S’il est un domaine où l’on ne doit pas diminuer les indemnités et les frais de représentation, c’est bien celui de la diplomatie. Là, ce n’est pas la quantité qui compte, mais la qualité. Si le Liban désire faire aux Affaires étrangères quelques économies, il serait bon de fermer quelques ambassades qui n’ont pas de raison d’existence, sauf le bon plaisir ou l’intérêt personnel de quelques responsables. Pour des raisons évidentes (diplomatiques), on ne les nommera pas. Mais il est évident, que les grandes ambassades ont besoin d’être renforcées; que des diplomates spécialisés en finances et économie doivent être nommés et les substituer aux nullités dont certains détiennent quelques diplômes de complaisance et qui n’ont rien à faire dans cette Carrière. Il fut un temps heureux où le regretté Fouad Ammoun, longtemps secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, faisait passer une sorte de test aux candidats à la Carrière. Car outre les connaissances exigées, il faut un certain savoir-vivre et savoir-faire. Fouad Ammoun les invitait à une réception ou à un repas en commun et étudiait avec quelques hauts fonctionnaires le comportement social des futurs diplomates. De nos jours et, surtout, avec la guerre, le niveau s’est dégradé. Si l’on compte quelques échantillons qui font honneur au Liban et aux Libanais, combien de ceux nommés à l’étranger, devraient réintégrer le Liban où leurs bêtises et ignorance ne porteraient préjudice qu’à eux-mêmes.

“Tomates à la Bush”
Il y a bien la “Pêche Melba”, le “tournedos Rossini”, le “Châteaubriand”, le “poulet Marengo”, la “sauce Talleyrand”, etc... Aujourd’hui, le chic du chic, ce sont les “Tomates à la Bush”. Ce sont des journalistes américains qui l’affirment: ce dessert composé de tomates coupées en tranches fines, ou de tomates-cerises, sucrées et nappées de crème fraîche ou de Chantilly, est un des desserts favoris de George W. Bush. Pourquoi pas? Le dictionnaire décrit la tomate comme un fruit. Quand les “Tomates à la Bush” figureront-elles au menu des restaurants et traiteurs libanais, tout comme les fraises à la crème?

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