SAÏD AKL N'EST PLUS
Son décès, une perte pour la famille des plasticiens libanais

Terrassé par un mal incurable, le peintre libanais bien connu, Saïd Akl, n’est plus.

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Composition bien agencée.
 
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Composition abstraite à partir de l’arabesque.

Après des études artistiques à l’Académie Libanaise des Beaux-Arts-ALBA - et à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts à Paris - ENSBA - (à titre de boursier du ministère de l’Education Nationale et des Beaux-Arts) - il contribue grâce à son talent, à faire rayonner l’art libanais au Liban et à l’étranger. Au cours de sa carrière de peintre, il obtient plusieurs prix notamment le “Prix du président de la République” au premier Salon d’Automne, organisé en 1955 au palais de l’Unesco. L’art de Saïd Akl, quoique instinctif, dépendant de l’émotion immédiate, n’échappe jamais au mental. Si à ses débuts son style s’oriente vers une appréhension directe du réel, il a été dans les années 1960 l’un des premiers, parmi les peintres libanais, à faire fi de la tradition académique, à couper les ponts avec le figuratif et à se lancer dans l’art abstrait en s’inspirant de l’arabesque et de l’art oriental. Cependant, tout au long de son parcours artistique, il ne cesse de faire, alternativement, des revirements soit vers l’abstraction, soit vers la figuration. Art figuratif ou art abstrait, Saïd Akl reste fidèle à lui-même. Il fait jaillir des profondeurs de la matière des figures et des formes libres. Il transpose autant dans son coloris que dans son dessin tous les thèmes qu’il choisit et qui deviennent des réalités autres, nées de ses fantasmes. Il imagine un nouvel espace plastique et trouve des formes nouvelles fondées sur une vision qui lui est propre. De nature mélancolique, il y avait en permanence chez lui cette angoisse qui le rongeait et ce souci et cette volonté continue de restituer dans sa plénitude l’engagement de l’artiste avec ses obsessions et sa sensibilité. Avec Saïd Akl, nous avons affaire à un art qui se recommande par son pouvoir d’expression.

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Un langage figuratif libéré de l’académisme.
 
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Le tableau: une réalité ayant sa fin en elle-même.

Il est parvenu à un accord entre l’inspiration et la technique, entre l’intelligence et la sensibilité. L’art de cet artiste est issu de la fantaisie, poursuite du rêve d’un poète, fantaisie doublée de cette angoisse qui ne laisse point de répit au peintre, qui se traduit par une plurivalence de procédés et une alternance de sujets rompant le son monotone de l’uniformité. C’est ce qui explique la coexistence, dans sa production, de travaux et d’œuvres de styles différents répondant à l’humeur du moment. A l’instar d’autres artistes de sa génération, il a voulu renouveler le langage plastique, rendre la peinture à son autonomie et l’art à son essence en le libérant des contraintes et formules de l’académisme. Son talent est classique par les moyens et révolutionnaire dans l’esprit. Cet art a quelque chose de paisible, de simplifié et de concentré, plein d’harmonie et de rythme, il est agréable comme une musique. Saïd Akl a marqué par sa production l’histoire de l’Art libanais du XXème siècle et sa mort constitue une perte pour la famille des artistes plasticiens.

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