Par Mary YAZBECK AZOURY

Mea Culpa, Mea Culpa, Mea Maxima Culpa
“C’est ma faute, c’est ma faute, c’est ma très grande faute”. Je le confesse humblement, mais avec joie.
J’ai reçu un e-mail indigné de jeunes qui s’insurgent et s’indignent du paragraphe publié, la semaine dernière, dans ces mêmes colonnes où j’écrivais: “Comment les Libanais peuvent-ils être francophones s’ils ont moins de trente ans?”
Je dénonçais leur ignorance envers les plus grands poètes français, les meilleurs ambassadeurs de la Francophonie.
Le hasard a voulu que des jeunes francophones du collège Notre Dame de Jamhour (pour la plupart), tous titulaires du Bac français, se retrouvent à un dîner d’anciens. L’un d’eux s’est amusé à les défier en leur lisant le paragraphe incriminé, où j’expliquais que les vers les plus célèbres de la langue de Molière leur étaient inconnus.
D’où leur colère, leur indignation, leur contestation quant à mon choix (jugé arbitraire) et l’envoi d’un long e-mail, où ils proposent une contre-liste, à celle que j’avais établie (à titre d’exemple simplement).
Faute de place, il m’est impossible de la publier in extenso. Exceptionnellement, car cette année, on célèbre la Francophonie au Liban, j’en retiens l’essentiel.
- Tous sont d’accord sur mon choix concernant les vers de Ronsard: “Mignonne, allons voir si la rose et...” et “Rose a vécu ce que vivent les roses”, de Malherbe.
Ils se sont indignés de l’omission involontaire (faute de place) des vers de Molière, Racine et quelques grands autres poètes. Voici une partie de leur contre-liste proposée:
- “A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire”

- “Et le combat cessa faute de combattants”

- “Je suis jeune, il est vrai, mais aux âmes bien nées
la valeur n’attend pas le nombre des années”.

- “Ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie...” etc...
(Corneille)

Suivent leur choix des vers célèbres de Victor Hugo:
- “Non, l’avenir n’est à personne
Sire! L’avenir est à Dieu!”

- “L’espoir changea de camp, le combat changea d’âme...”

- “Ce siècle avait deux ans! Rome remplaçait Sparte
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte!”

- “Oh! l’amour d’une mère! amour que nul n’oublie...”

- “Lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille
Applaudit à grands cris...”

- “Donnez, riches. L’aumône est sœur de la prière”.

- “Combien de marins, combien de capitaines!...”

Il m’est impossible de publier tous les vers inoubliables de Hugo que ces jeunes, tous âgés de trente ans, connaissent si bien...
Et l’on passe à Lamartine:
- “Objets inanimés, avez-vous donc une âme?”

- “Un seul être vous manque et tout est dépeuplé...”

“On voudrait revenir à la page où l’on aime,
Et la page où l’on meurt est déjà sous nos doigts...”
(à suivre)
Merci à tous ces jeunes qui ont su remettre les pendules à l’heure...

***

Clinton: Sa conférence à 250.000$ US!
Khrouchtchev: À 500.000$ US!

Clinton, l’ancien président des USA a, devant lui, un été chargé de conférences très généreusement payées, par des universités, des sociétés, des associations, mais dont il ne touchera pas un dollar. Toutes les recettes iront à différentes œuvres caritatives (lutte contre le Sida, recherches sur le cancer, éradication de la pauvreté, etc...). Ces conférences seront données au Japon, aux USA, au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Allemagne et en Grande-Bretagne.
Bill Clinton a donné le feu vert pour que ses interventions puissent être suivies de questions posées par le public. Un public qui aura, en général, payé magnanimement sa présence, le billet coûtant de mille à cinq mille dollars, selon les cas. Mais Clinton ne battra pas le record des conférences les mieux payées du monde.
Il y a quelque trente-sept ans, quand Nikita Khrouchtchev fut renversé du Pouvoir le 14 octobre 1964, le lendemain même on lui offrit des honoraires princiers. Un imprésario d’Australie propose à l’ancien chef du Kremlin un demi-million de dollars australiens (à l’époque le dollar australien valait un tiers de plus que le dollar US), c’est-à-dire 750.000 dollars US pour une tournée de trois conférences, avec des avantages multiples: logement avec son épouse dans des hôtels cinq étoiles, déplacements en bateau ou avion, classe de luxe, etc... Mais à une condition, toutefois: que ces conférences soient, surtout, humoristiques. Inutile d’ajouter, que le nouveau maître du Kremlin, Brejnev, ne l’autorisa jamais à quitter le pays!

***

L’humour de Mr K...
Cet Australien avait discerné le côté le plus pittoresque de la personnalité de Nikita Khrouchtchev et cette qualité valait bien plus qu’un million de dollars.
On raconte, à ce propos, une conversation que Khrouchtchev eut avec le magnat de la Presse britannique, Lord Thompson of Fleet (The London Times, The Financial Times, etc...):
Thompson: Vous ne voulez pas laisser vendre mes journaux dans votre pays, monsieur Khrouchtchev?
Khrouchtchev: “Il faut, d’abord, que j’y réfléchisse!”
Thompson: Et si je nommais votre gendre M. Adjoubei (journaliste de profession) rédacteur en chef d’un de mes journaux? Laisseriez-vous, alors, vendre ce journal en Union soviétique?
Mr K.: “Voilà qui change tout. Si vous nommez Adjoubei ou un autre journaliste soviétique comme rédacteur en chef, “Son Journal”, pourra être mis en vente en Union soviétique”.

***

... Et son soulier!
C’est au cours de la conférence historique de l’ONU, le 13 octobre 1960, que Khrouchtchev déchaîna toutes ses foudres. Il frappa son pupitre avec le talon de sa chaussure pour interrompre l’exposé du délégué philippin, Soumoulong qui n’avait pas l’heur de lui plaire et s’écria:
“Pourquoi ce bon à rien, ce lèche-cul, ce poseur, ce crétin, ce valet des impérialistes, pourquoi un tel représentant de l’impérialisme américain, un tel laquais, doit-il traiter de questions qui n’ont rien à voir ici...?”
Pâle et interdit, le président en exercice Boland regarda les yeux, étincelants de fureur, du chef des Soviets qui trépignait devant lui.
Quatre ans, jour pour jour, après cet incident, Mr K. était déposé par Brejnev, le 14 octobre 1964.

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