MORT D'UNE PRINCESSE REBELLE
MARGARET, sœur cadette de la reine Élisabeth II, décède à l'âge de 71 ans

Pendant qu’au Royaume-Uni, le peuple britannique fêtait le cinquantième anniversaire de l’accession au trône de sa très gracieuse majesté; tandis que tous les tabloïdes soulignaient le jubilé d’or de leur reine, une triste nouvelle a encore une fois endeuillé la famille royale...

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L’enfant terrible des Windsor, la princesse rebelle Margaret s’est éteinte dans son sommeil victime, à 71 ans, d’une attaque d’apoplexie. Celle qu’on qualifiait de princesse tragique et qui aurait pu tout avoir, celle qui avait la richesse, le glamour, le rang, aura finalement eu une vie inaccomplie, tragique et solitaire. Mais l’annonce de sa disparition n’aura pas soulevé l’émotion considérable exprimée à la mort brutale de la princesse Diana. Dans un communiqué laconique, le palais de Buckingham a indiqué que la princesse Margaret avait souffert d’une nouvelle attaque d’apoplexie et avait eu des problèmes cardiaques la veille, ce qui a nécessité son transport du palais de Kensington à l’hôpital où elle est décédée. Ses enfants, le vicomte David Linley et Sarah Chatto étaient à son chevet... La presse britannique, qui avait souvent consacré sa Une aux amours tumultueuses de la princesse, surtout lorsqu’elle fréquentait le pilote de la Royal Air Force, Peter Towsend auquel elle avait dû renoncer pour épouser Anthony Armstrong-Jones, un photographe qu’elle avait quitté après 18 ans de vie commune, en passant par une série de liaisons, a consacré ses colonnes à la mort de “la princesse frustrée et troublée”.

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1937- La princesse Margaret et sa sœur la reine Elisabeth entourées de leurs parents.

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Les années de jeunesse...
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La princesse et ses deux enfants
David et Sarah.
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Margaret, le jour de son mariage avec Anthony Armstrong-Jones.

Le “Sunday” titrait: “La princesse Margaret a eu une vie qui s’achève, prématurément selon les critères de sa famille” - “The Independent” soulignait: “La princesse était née trop tôt” - “The Times” a écrit:  “Sa mort est une tragédie pour sa famille, mais surtout pour la reine-mère...”
Les journaux ont presque tous publié des suppléments résumant la vie de la princesse, ses déboires, ses amours contrariées, en insistant sur le fait que Margaret était morte alors qu’elle avait trente ans de moins que sa mère, qui devait aujourd’hui faire face à l’épreuve humaine la plus terrible: enterrer l’une de ses propres enfants.

LE PRINCE CHARLES: “ ELLE NOUS MANQUERA”
Le prince Charles, décidé à donner une image un peu plus moderne de la monarchie, est sorti de sa réserve et s’est adressé à la nation, rendant un vibrant hommage à sa “tante favorite”. Il est apparu à la télévision, l’air grave, en costume gris et cravate noire, pour raconter d’une voix lente et émue, semblant chercher les mots pourtant préparés à l’avance, les souvenirs qu’il avait d’elle:
“Je la vois assise au piano, jouant avec un élégant fume-cigarette... Elle était d’une grande beauté et d’une séduction incroyable. Je pense qu’elle avait ce que les gens ne savent pas toujours, un talent incroyable. Elle jouait très bien du piano, chantait comme un ange et aimait la vie. Elle nous manquera énormément”. En exprimant, ainsi, l’émotion de la famille royale, l’héritier du trône lance une offensive médiatique pour regagner le cœur des Britanniques. Rappelons que sa réserve très “british” avait choqué après la mort brutale de la “reine des cœurs”, la princesse Diana. Fragilisée par deux autres attaques cérébrales, début 2001, la princesse Margaret avait partiellement perdu la vue et ne quittait, pratiquement, plus le palais de Kensington. Son amie d’enfance, Anne Glenconner qui l’avait rencontrée quelques jours avant sa disparition, confie: “Elle était si fragile. Nous avons pris un thé et nous avons eu une conversation très agréable... Mais j’ai vu qu’elle n’allait pas bien et ce fut un choc pour moi d’entendre la nouvelle de sa disparition. Sa vie n’était pas agréable; elle ne pouvait plus lire ou marcher et passait la plupart du temps clouée au lit”.

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... Lors de l’ouverture du Parlement.

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Oubliant ses malheurs dans l’alcool.
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Margaret en compagnie de la reine Elisabeth et Sarah Ferguson...
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La dépouille de la princesse transportée de l’hôpital
“King Edward XII” à Kensington Palace.

Sa dernière apparition publique fut en novembre 2001. Et les Anglais qui l’avaient aperçue dans cet état, étaient très émus... La princesse était en chaise roulante, le visage bouffi, le regard barré par des lunettes noires. Jamais remise de son amour pour le capitaine Towsend, Margaret avait flambé sa vie en grillant trois paquets de cigarettes par jour et abusant de l’alcool. A cette époque, la presse avait fait ses choux gras des voyages de la princesse, de ses fêtes avec la jet-set, de ses nombreux séjours à l’île Moustique en compagnie de flirts de passage. On n’avait jamais vu un membre de la famille royale agir ainsi! C’était la lady Di de l’époque. Une jeune femme qui se moquait éperdument des convenances, osait croquer la vie à belles dents, cherchait à bousculer les règles du protocole rigide de sa famille et tentait de fuir les barreaux dorés de sa résidence... Mais chaque chose a un prix... En 1985, elle subit l’ablation d’une partie d’un poumon et a été victime, en 1998, d’une première attaque, suivie d’une autre en 2002. Les drapeaux ont été mis en berne aux quatre coins du royaume et une minute de silence a été observée.
Le Premier ministre Tony Blair, en tournée en Afrique, s’est dit “profondément attristé”. Le président français Jacques Chirac a exprimé toute son émotion, ainsi que Sa Sainteté le pape Jean-Paul II. Le cercueil de la princesse, morte à l’hôpital King Edward VII, a été transporté au palais de Kensington, sa résidence officielle dans la capitale où il est demeuré quelques jours avant d’être exposé dans la chapelle du palais Saint James jusqu’aux funérailles qui auront lieu aujourd’hui, à la chapelle Saint George, à Windsor...
Seuls les membres de la famille royale et quelques amis seront là.

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Drapeau en berne à l’église
St Mary à Sandringham.

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Communiqué officiel annonçant
le décès de la princesse.

Un service religieux sera organisé ultérieurement, à une date qui n’a pas été précisée. La reine Elisabeth II ainsi que d’autres membres de la famille royale en deuil jusqu’aux funérailles privées, ont cependant décidé de maintenir leurs engagements officiels. Toutefois, certaines activités ont été suspendues. Les regards sont maintenant tournés vers “Queen Mum” malade et recluse, depuis le début de l’année, dans sa propriété de Sandringham.

Article paru dans "La Revue du Liban" N° 3832 - Du 16 Au 23 Février 2002 Editions Speciales Numéros Précédents Contacts Recherche