Ave César...
"LE FABULEUX DESTIN D'AMÉLIE POULAIN"
REMPORTE LE TROPHÉE DU MEILLEUR FILM

Le théâtre du Châtelet brillait de tous ses lambris d’or en accueillant pour la 27ème “Nuit des César” un parterre très éclectique. Parmi les personnalités, la ministre de la Culture, Catherine Tasca; le Premier ministre, Lionel Jospin et son épouse, ce qui a fait dire à Daniel Toscan du Plantier: “C’est la première fois en vingt-sept ans qu’un chef de gouvernement assiste à cette cérémonie”.

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L'équipe du "Fabuleux Destin d'Amélie Poulain"

Il a, aussi, exprimé la reconnaissance du cinéma français aux responsables politiques, “puisqu’une solide relation s’est nouée entre l’Etat et notre métier”. Enfin, le rideau s’est levé devant l’un des plus beaux plateaux du cinéma français, en présence de Jean Rochefort, Claude Lelouch, Fanny Ardant, sublime dans un ensemble couture du soir, composé d’un large pantalon rebrodé et un cache-cœur de dentelle résille; le chanteur-acteur Stomy Bugsy, Tonie Marshall, Danielle Darrieux, très remarquée dans sa robe chauve-souris en velours violet sous une étole de mousseline; Omar Sharif, Patrick Timsit, Claude Rich, Juliette Binoche, magnifique dans un ensemble noir et blanc de Gaultier; Annie Girardot, Charlotte Rampling, Audrey Tautou, très aérienne dans une robe ivoire en dentelle; Nicole Garcia, Patrick Bruel, Isabelle Huppert, Anouk Aimée, incomparable de beauté dans sa jupe de satin noir imprimée fleuri et un haut en dentelle signés Ungaro; Jacques Perrin, Costa-Gavras, pour n’en citer que quelques-uns... Cette année, la “Nuit des César” était présidée par la toute gracieuse Nathalie Baye, nominée sept fois et lauréate de trois César qui était, à cette occasion, d’une rare élégance dans une robe manteau créée par Chanel. La soirée était animée par l’inénarrable Edouard Baer, le scribe volubile des aventures d’“Astérix et Obélix” ou “Mission Cléôpatre”, lui-même candidat au César du meilleur second rôle pour “Betty Fisher et autres histoires”, un acteur et un animateur dont on connaît l’humour décapant et l’esprit d’à-propos.

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Jean-Pierre Jeunet
et Claudie Ossard
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Emmanuelle Devos,
meilleure actrice
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Nathalie Baye
et Annie Girardot

Le cœur des 3.025 membres de l’Académie des César a battu au même rythme que celui du public (plus de huit millions trois cent mille entrées pour ce film en France), cinq fois nominé pour les Oscars, en sacrant comme meilleur film “Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain”, de Jean-Pierre Jeunet.

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Robinson Stevenin

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Le réalisateur bosniaque Danis Tanovic avec le César du meilleur film "No man's Land"

TRIOMPHE MODESTE
Réalisation favorite avec ses treize nominations, le triomphe pourtant de ce merveilleux film a été modeste, puisque cette réalisation n’aura finalement été récompensée que par quatre trophées: celui du meilleur film, du meilleur réalisateur (Jean-Pierre Jeunet, un réalisateur déjà césarisé pour ses courts métrages et pour “Delicatessen”), le César de la meilleure musique et du meilleur décor.

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Le Premier ministre Lionel Jospin entouré de son épouse Sylvianne et de Bertrand Delanoe

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Juliette Binoche et Benoît Magimel
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Le réalisateur grec Costa-Gavras

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Jean-Pierre Jeunet et son épouse

Emmanuelle Devos, connue et appréciée des cinéphiles, a raflé à la toute jeune Audrey Tautou, ainsi qu’à Isabelle Huppert, pourtant recordwomen des nominations, le César de la meilleure actrice, pour sa performance dans “Sur les lèvres”, film de Jacques Audiard qui a également remporté deux autres trophées dont celui du meilleur scénario.
Emmanuelle Devos interprète Carla, secrétaire malentendante qui tombe amoureuse d’un braqueur (Vincent Cassel).
Interprète de plusieurs films dont “La sentinelle”, “Oublie-moi”, “L’adversaire”, Emmanuelle Devos passe avec un égal bonheur, d’un registre à un autre.

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Audrey Tautou

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Laura Smet, fille de Johnny Hallyday et de Nathalie Baye

MICHEL BOUQUET, MEILLEUR ACTEUR
Le César du meilleur acteur devait revenir au grand comédien Michel Bouquet pour son interprétation dans “Comment j’ai tué mon père”. Une première récompense pour cet acteur de 75 ans qui, jouant sur les planches d’un théâtre à Lyon, n’avait pas pu être présent à la cérémonie.
Annie Girardot devait remporter le César bien mérité de la meilleure actrice de second rôle pour son rôle de composition dans le film “La pianiste” qui comporte, également, au générique Isabelle Huppert.
En recevant son trophée des mains de Gérard Darmon, elle devait confier très émue: “Je ne veux plus penser à ce que j’ai vécu il y a quelques années... Il y a longtemps que je n’avais pas tourné un si beau rôle...”
Le César du meilleur acteur dans un second rôle a été attribué à André Dussolier, un comédien qui n’est plus à présenter pour “La chambre des officiers”.
Un moment de détente avant cette remise, puisque soudain a surgi sur scène un Djamel Debbouze délirant qui, tout bonnement, a emporté le César réservé à André Dussolier...

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Emmanuelle Devos célèbre sa victoire au Fouquet's

CÉSAR D’HONNEUR
Plusieurs César d’honneur ont été remis: pour l’ensemble de sa carrière à Anouk Aimée, ce visage immortalisé dans “Un homme et une femme”, de Claude Lelouch. La comédienne a confié: “Avec le temps qu’il me reste, j’aimerais bien recommencer. J’ai peut-être des chances pour un autre César...
César d’honneur, aussi, à Jeremy Irons, acteur aux visages multiples qui a offert des moments rares au cinéma dans des films comme “M. Butterfly”, “Chinese Box”, “Travail au noir”, “Une journée en enfer”, “Lolita” ou “Kafka”.
Très élégant dans son costume noir signé Armani, l’acteur anglais, a dit dans un français impeccable sa joie d’avoir été récompensé: “J’ai reçu deux ou trois prix, mais c’est le plus beau, car c’est la France. Je remercie le public. Un film c’est, d’abord, une communication, comme une conversation, on a besoin d’une audience. Merci”.
Egalement, un César d’honneur pour l’ensemble de la carrière à Claude Rich.

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Rachida Brakni
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Marie Gillain
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André Dussolier et son épouse

HOMMAGE À DES ACTEURS ET RÉALISATEURS DISPARUS
La grande messe du cinéma n’a pas oublié d’honorer la mémoire d’acteurs et de réalisateurs disparus en demandant au public de ne pas applaudir.
Les images de Jean-Marc Bory, Anthony Quinn, Philippe Léotard, Jean Richard et Henri Verneuil se sont succédé en blanc et noir sur un écran géant pour finir avec le mot: Fin.
Autre bémol à cette soirée, l’intervention de Frédéric Mitterrand, président de la commission d’avances sur recettes, lorsqu’il a évoqué l’inquiétude suscitée par “le mercantilisme qui menace notre cinéma”.  “N’oublions-pas, a-t-il ajouté en évoquant Silvio Berlusconi, chef du gouvernement italien, que l’homme qui a acheté l’Italie, a contribué largement à détruire ce cinéma italien que nous avons tant aimé...

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Fanny Ardant
et Jeremy Irons
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Charlotte Gainsbourg
et Yvan Attal
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Christine Deviers-Joncour

A l’issue de la 27ème Nuit des César, Nathalie Baye confiait: “En ouvrant la cérémonie, j’avais un trac abominable comme jamais dans ma carrière. Le cinéma c’est la vie et ma vie. Quatre générations de comédiens étaient là... Nous sommes les locataires de notre succès sans trop connaître la durée du bail. Dégustons notre succès!
Il est tard dans la nuit et des centaines de fans rassemblés devant le théâtre du Châtelet attendaient la sortie des vedettes qui, une à une, s’engouffraient dans les limousines...
Le théâtre a éteint ses lumières, Paris rêvait, tandis que des millions d’étoiles brillaient dans les yeux des lauréats.

S.N.
Editions Speciales Numéros Précédents Contacts Recherche Article paru dans "La Revue du Liban" N° 3835 - Du 9 Au 16 Mars 2002