Dans Cette Rubrique
Laissera-t-on les chrétiens s’unifier sous l’égide de Bkerké?
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Drame de Mazraa:
Il faut extirper les causes du mal
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Sujet obsessionnel pour Bush:
renverser le régime de Bagdad
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Renflouement de l'ULCM par le PSNS
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Par Edouard BASSIL
 
Laissera-t-on les chrétiens s’unifier sous l’égide de Bkerké?
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Surprise, samedi dernier, à Dimane où le ministre de la Santé a tendu la main à “l’Est opposant” (entendre le Rassemblement de Kornet Chehwan). Ceci va dans le sens de la réflexion émise par le président Bachar Assad devant diverses formations libanaises: “Les Libanais doivent s’entendre entre eux, avant d’aborder le dossier de nos relations bilatérales”.
Notre photo: Le cardinal-patriarche s’entetenant avec l’ambassadeur US qui a dit: “Sa Béatitude s’acquitte d’une mission nationale et non uniquement religieuse”.

Dans notre dernière livraison, nous nous interrogions sur l’objectif véritable du “Mouvement centriste maronite” en cours de gestation.
Le fait que trois ministres et treize députés maronites plaident, dès le départ, “en faveur du jumelage avec la Syrie”, au lieu de se prononcer en faveur de l’édification de l’Etat de la loi et des institutions - ce qui suppose la récupération par le Liban de sa souveraineté et de son indépendance - laisse déduire que son but est, tout simplement, de contrer l’action du “Rassemblement de Kornet Chéhwane”. Or, celui-ci, tout en étant acquis à des relations normales avec Damas, plaide en faveur du rééquilibrage des relations libano-syriennes et de leur assainissement.
Mais les promoteurs du mouvement “modérantiste” semblent avoir rencontré des difficultés à s’entendre autour de leur programme et de leur plan de travail, preuve en est qu’ils ont reporté leur seconde réunion au 27 août...
Autrement dit, ils se sont accordé deux semaines pour tenter d’aplanir les obstacles qui entravent leur regroupement. Ce délai de réflexion a permis à certains parmi eux de réfléchir, d’autant que leur projet n’a pas eu l’heur de plaire à la frange chrétienne de notre peuple. Surtout que leur coterie prône le renforcement du rôle syrien sous notre ciel...
Ainsi, à l’issue d’une entrevue avec S.Em. le cardinal Nasrallah Sfeir, le ministre de la Santé a tenu des propos qui n’ont pas manqué de surprendre les Libanais et, spécialement, ses coreligionnaires, très renseignés sur ses alliances politiques.
Exposant l’objectif du nouveau mouvement, M. Sleiman Frangié a tendu la main à Kornet Chéhwane et s’est dit favorable à la formation “sous le toit de Bkerké” d’un front unique représentatif de tous les chrétiens... “Nous sommes avec le siège patriarcal et nous nous conformons à ses directives... Il n’est pas vrai, comme d’aucuns le prétendent, que nous nous proposons de combattre Kornet Chéhwane, notre groupe se préoccupant uniquement de dialoguer avec les autres” (sic).
Ces propos et ce ton sont totalement différents de ce que le ministre nordiste avait l’habitude de tenir et de faire entendre. Qu’est-ce qui a pu provoquer cette volte-face de sa part?
De deux choses l’une: ou le Baas syrien a jugé préférable de changer le fusil d’épaule et de se rapprocher de Bkerké, dont l’influence au double plan chrétien et national, se passe de preuve. Ou bien il a donné le feu vert à ses alliés locaux pour assouplir leur attitude à l’égard de la hiérarchie maronite, dont ils se réclament, dans une manœuvre destinée à torpiller, de l’intérieur, Kornet Chéhwane et ce qu’il représente.
Naturellement, les “souverainistes” ont intérêt à prendre la main qui leur est tendue et à se prêter au jeu des “modérantistes”, dans la mesure où ces derniers se montreront sincèrement soucieux de rééquilibrer les relations avec Damas et de les assainir...

Drame de Mazraa:
Il faut extirper les causes du mal

Photo“Le problème est dans la politique et non dans l’information”, a reconnu le ministre de l’information (notre photo). Ce qui ne l’a pas empêché de demander au procureur général de la République “d’ouvrir une information judiciaire contre une station de TV” (la LBCI), accusée d’avoir “confessionnalisé” la tuerie de Mazraa... Une fois de plus et pour couvrir sa carence au plan sécuritaire, le Sérail s’en prend aux médias, son bouc émissaire.

Après la terrible tuerie de Mazraa, le Conseil national de l’audiovisuel (CNA) a jugé nécessaire de convoquer les responsables des chaînes de télévision, taxant certaines d’entre elles de “provocation confessionnelle” et leur demandant de se conformer, rigoureusement, aux dispositions de la loi qui régit ce secteur.
Le ministre de l’Information a pris part à la réunion et laissé entendre que des mesures seront prises à l’encontre de certaines chaînes télévisées.
Dans son intervention, il a fait état des critiques virulentes formulées par les membres du gouvernement, au cours du dernier Conseil des ministres (qui a transmis cette affaire criminelle à la Cour de justice). “Plusieurs de mes collègues, a dit le ministre, se sont déchaînés contre tous les médias et ont même parlé de crime commis par ces derniers contre le Liban”. Et de conclure; “Je refuse qu’un média, quel qu’il soit, puisse s’imaginer qu’il gouverne le pays”...
Par ailleurs, il a invité les moyens d’information à traiter avec beaucoup de prudence et d’attention les trois sujets suivants: le confessionnalisme, les relations avec un pays voisin (la Syrie) et la situation économique”.
Il est curieux de constater que les gouvernants rejettent, chaque fois, sur les médias la responsabilité des dérapages sécuritaires, alors qu’ils ont le devoir d’œuvrer à l’effet de préserver les citoyens contre tant de dangers qui les menacent dans leur vie quotidienne.
Au lieu d’accuser la Presse tant écrite qu’audiovisuelle, d’exploiter les massacres, de plus en plus fréquents, les dirigeants seraient mieux inspirés s’ils s’attaquaient aux causes du mal et prenaient les décisions voulues pour rétablir le droit, dissuader les criminels en les désarmant; enfin, assurer la sécurité des citoyens pour consolider la stabilité interne.
Il faut admettre, à ce propos, que le climat qui prévaut dans le pays depuis plus d’une décennie, encourage la criminalité, après la consécration du principe du vainqueur et du vaincu, ce qui a permis à certains de croire qu’ils bénéficient d’une immunité, d’imposer leur volonté à d’autres, ou même de les liquider physiquement. Et, partant, de croire que tout leur est permis.
Puis, le climat confessionnel persiste, puisqu’il n’a fait l’objet, jusqu’ici, d’aucun traitement drastique susceptible de sceller l’unité nationale, celle-ci ne pouvant être raffermie que par un Cabinet d’union.
Les Pouvoirs publics ont l’obligation d’agir, aux fins de neutraliser l’armée du crime, car personne ne se considère à l’abri de la folie meurtrière qui prend de plus en plus de l’ampleur.
D’autant que la plupart des auteurs de drames perpétrés ces dernières années courent la prétentaine et leurs forfaits restent impunis...

Sujet obsessionnel pour Bush:
renverser le régime de Bagdad
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Donnant à Ariel Sharon toute liberté d’action en Terre sainte et lui faisant ses quatre volontés, le président Bush reste toujours sous l’emprise de son objectif obsessionnel: renverser le régime de Bagdad. Ses alliés européens, à l’exception des Anglais, s’inquiètent d’une prochaine intervention militaire US contre l’Irak qui a, pourtant, assoupli sa position, en invitant le chef des inspecteurs en armements de l’ONU. “L’option militaire ne serait pas une mesure sage”, a dit le secrétaire général des Nations unies. (notre photo)

Décidément, c’est devenu un objectif obsessionnel pour le président George W. Bush: renverser le régime de Bagdad.
Il ne se passe pas de semaine sans que le chef de la Maison-Blanche proclame sa détermination à se débarrasser du président Saddam Hussein, malgré un assouplissement de sa position envers le contrôle de ses armes de destruction massive, si elles existent.
De plus, Washington n’épargne aucun moyen à l’effet de torpiller le dialogue entre l’ONU et l’Irak, plus particulièrement avec la Commission de surveillance, de vérification et d’inspection de l’organisation internationale (UNMOVIC).
Pourtant, Bagdad a invité Hans Blix, chef des inspecteurs onusiens, qui a exclu une reprise des inspections. Pour quelle raison? Il ne le dit pas. En tant que fonctionnaire des Nations unies, n’est-il pas tenu de se conformer aux directives du secrétaire général? M. Kofi Annan a accueilli, favorablement, l’invitation irakienne et s’est opposé à toute solution militaire contre l’Irak, la qualifiant “d’amorale”, avant d’ajouter: “Ce serait une initiative peu sage”.
La communauté internationale est du même avis. De fait, l’Arabie saoudite, l’Iran et même le Koweït (qui a pâti de l’invasion), ainsi que tous les Etats arabes privilégient la solution politique, tout en engageant Bagdad à respecter les résolutions du Conseil de sécurité.
Le monde islamique ne reste pas inactif et le président Mohamed Khatami a appelé les Etats membres de l’Organisation de la conférence islamique “à se mobiliser pour défendre la dignité de l’Islam et son prestige”.
L’Europe, à l’exception de la Grande-Bretagne, fustige la position de Washington envers l’Irak et le chancelier allemand juge que “lancer une offensive contre ce pays serait répondre à de mauvaises priorités pour la région du Proche-Orient, sans penser aux conséquences d’une telle initiative guerrière”.
Son ministre des Affaires étrangères a, de plus, écarté une participation éventuelle de l’Allemagne à une telle opération. Son homologue français abonde dans le même sens.
Au Caire, le président Hosni Moubarak n’a pas mâché ses mots en recevant, lundi, le chef de la diplomatie israélienne. “Il n’est pas question d’évincer du pouvoir les présidents Saddam Hussein et Yasser Arafat, autrement que par la voie démocratique”.
Pendant ce temps, les Irakiens se préparent à la guerre. Ainsi, les autorités officielles, en prévision d’une attaque américano-britannique, ont résolu de distribuer, durant le mois d’août, une ration alimentaire à la population pour deux mois au lieu d’un, comme à l’accoutumée.
C’est grâce à un système de rationnement alimentaire, institué depuis la mise en place de l’embargo en 1990, que les habitants de l’Irak arrivent à subvenir à leurs besoins en nourriture. Mais leur approvisionnement en médicaments reste défectueux, surtout pour les enfants qui meurent par centaines à cause de la malnutrition et de la raréfaction des produits pharmaceutiques.

Renflouement de l'ULCM par le PSNS

Qu'est devenue l'Union libanaise culturelle mondiale (ULCM) et que fait l'Etat pour la réactiver, après son éclipse qui se perpétue depuis un bon bout de temps?
Cette association censée rassembler les Libanais d'outre-mer, semble avoir été contaminée par les maux qui ont sapé, de l'intérieur, la mère-patrie durant les douloureux événements. Au même titre qu'une autre, la "Task Force for Lebanon". Après avoir cessé de faire parler d'elle, celle-ci se rappelle à notre souvenir, à travers une délégation venue dernièrement à Beyrouth, où elle a eu, avec les responsables, des entretiens dont la teneur n'a pas été divulguée.
En ce qui concerne l'ULCM, une commission ad hoc, présidée par M. Fouad Turk, ancien secrétaire général du palais Bustros, est chargée, depuis quelques mois, de la relancer. Mais nous ignorons jusqu'ici son plan de travail et ce qu'elle compte faire pour remettre sur pied l'ULCM. Aussi, serait-elle bien inspirée, si elle éclairait tant soit peu notre lanterne, afin de nous rassurer quant à l'éventuel succès de ses démarches auprès de la diaspora libanaise.
Cependant, l'annonce par une délégation représentant les sections du parti social national syrien à l'étranger, ayant tenu à Beyrouth le premier congrès de "l'Emigré PSNS" ne rassure guère.
Pour la simple raison que le but de ce congrès, ainsi que l'a précisé son porte-parole, est "d'élaborer un plan de renflouement de l'ULCM, actuellement divisée".
Or, cette tentative du PSNS, dont les représentants à l'Assemblée nationale (libanaise) s'affublent du titre de "députés libanais de la Syrie naturelle", rappelle tant d'autres effectuées, naguère, par la FEARAB (fédération des Arabes de l'étranger) qui est affiliée à l'ex-PPS et vise les mêmes objectifs.

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