Christina Sawaya Élue “Miss International” à Tokyo
Christina Sawaya:
“L’important est de rester simple et naturelle”

Ce qui ressort lorsqu’on parle à Christina Sawaya, c’est son intelligence et son évidente maturité. Une jeune femme qui a la (belle) tête sur les épaules et qui prend à cœur sa mission. La nouvelle ne manquera pas de ravir les prétendants : Mademoiselle Sawaya est un cœur à prendre... “Miss Liban” pour l’année courante vient d’être élue à Tokyo “Miss International”, ses deux dauphines étant la Française Emmanuelle Jagodsinki et la Japonaise Hana Uroshoima. Décontractée mais précise, simple et naturelle, sérieuse mais rieuse, elle répond en exclusivité à nos questions depuis le Japon.

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Quel fut votre sentiment lorsque vous avez remporté le titre ?
J’étais tout d’abord très étonnée, car j’avais totalement enlevé cette idée de ma tête.
La surprise fut donc totale, j’étais très contente et émue, ce qui explique mes larmes, des larmes de bonheur. J’étais aussi contente que pour mon titre de “Miss Liban” et plus encore. C’est une chose importante pour le Liban qui a besoin d’une impulsion ; elle arrive donc à point.

Allez-vous vous présenter à une autre compétition mondiale ?
J’étais déjà à “Miss World” en novembre dernier, quelques semaines après avoir obtenu le titre de “Miss Liban”. Malheureusement, je ne suis pas parvenue à un résultat.
Dieu merci, j’ai pu remporter le titre de “Miss International” qui est le deuxième concours mondial. Je n’ai pu participer à “Miss Universe” qui se déroulait en mai car il y avait à nouveau des événements au Proche-Orient et nous avions été solidaires avec les Palestiniens. Des explications confuses ont circulé selon lesquelles “Miss Israël” était présente, ce qui n’était pas la vraie raison de mon absence. La véritable et unique raison était notre soutien au peuple palestinien. Tout était prêt : mon visa et le billet, ce n’est qu’à la dernière minute, que tout fut annulé et ceci n’a pas manqué de surprendre les organisateurs du concours.

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Mlle Christina Sawaya couronnée “Miss International” entourée de ses dauphines, la Française Emmanuelle Jagodsinki et la Japonaise Hana Uroshoima.

Quelles associations officielles ont le droit de décerner ce titre ?
“Miss World” qui est un organisme anglais ; “Miss Universe”, organisme américain et “Miss International”, organisme japonais.

Avez-vous été combattue à cause de vos origines ou bien l’atmosphère de l’élection était détendue ?
A vrai dire, à “Miss World” et “Miss Universe”, on sent une certaine atmosphère politique et on remarque que des événements étranges se passent en coulisses. On évite toutefois de vous le faire ressentir, mais l'on note quand même certaines choses et c’est notoire. Je craignais que la situation dans la région ne pût affecter le jugement. Mais les Japonais sont plus neutres et ne se laissent pas influencer par des raisons politiques.

Comment une femme considérée la plus belle au monde peut-elle se comporter en toute modestie ?
C’est une chose qui est valable depuis ma nomination à “Miss Liban” ; les gens affirment que Christina n’a pas changé, je pense effectivement être restée la même car, ce n’est pas le titre qui fait la personne. On se doit de rester naturel, ce qui nous rapproche finalement des gens qui apprécient d’autant plus cette qualité. Je pense que mon crédit, c’est l’affection que me porte le public, je la dois à ma simplicité, loin du superficiel.

Vous disposerez de ce titre durant un an, quel sera votre rôle, humanitaire, touristique ou publicitaire ?
Humanitaire, car c’est un domaine qui me tient à cœur ; l’aspect environnemental m’importe aussi. Je participerai à des actions ayant rapport avec l’environnement, l’enfance, les handicapés. Mon message initial de “Miss Liban” est l’aide aux personnes âgées et cela va se perpétuer avec “Miss International”. J’ai également un autre projet sur lequel je travaille avec l’“association des secours et des services sociaux”. Nous avons commencé à l’état embryonnaire en ouvrant deux foyers en mai dernier dans lesquels nous accueillons des personnes âgées. Un autre projet de grande envergure est en cours. J’ai rencontré les présidents Berri et Hariri en leur montrant les grandes lignes de ce programme. Ils l’étudieront et nous espérons obtenir un soutien de l’Etat qui l’incluera dans le budget et qu’ainsi il se concrétisera.

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Miss Chine, Yan Wei, est élue “Miss Photogenic”.

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Miss Thaïlande, Piyanuch Khamboon.

Qui vous a accompagnée durant votre séjour ? Le gouvernement libanais vous a-t-il soutenu ?
Je suis venue toute seule sans équipe. C’est M. Anthony Bonja (responsable de “Miss International” au Liban), qui a voulu ma présence au Japon. La collaboration a été positive, bien que l’Etat n’ait pas le temps de s’occuper de ce genre de choses ; il a d’autres priorités. Mais l’organisme responsable par le biais de M. Antoine Maksoud chargé de tout ce qui se rapporte à “Miss Liban” ainsi que la LBCI qui m’a accompagnée dans tous mes déplacements m’ont offert leur soutien. J’espère que je pourrais poursuivre mon chemin afin de mener à bien ma mission.

Que conseillez-vous aux jeunes filles qui désirent suivre votre voie ?
Qu’elles restent naturelles car c’est ce qui plaît et qu’elles n’attrapent pas la grosse tête croyant avoir accompli une grande chose. L’important c’est ce titre ; il faut pouvoir le préserver et se donner à fond pour pouvoir également compter sur le soutien du public, ce qui nécessite d’être proche de lui en étant amicale et simple.

Avez-vous ressenti une réaction de joie ou de jalousie de la part de vos concurrentes ?
Très franchement – et cela m’a fort étonnée – toutes les jeunes filles étaient contentes de me voir gagner. J’ai vu cela sur leur visage lorsque nous étions debout parmi les douze finalistes ; elles me regardaient en me disant : “Tu seras celle qui emportera la couronne”. J’étais persuadée du contraire, car nous sommes un petit pays qu'on allait forcément occulter. Je ne voulais rien me promettre, mais grâce à Dieu tout s’est bien passé.

Vous êtes considérée comme une patriote. Comment comptez-vous servir le Liban ?
Je pense que plus le titre est important, plus cela m’aide dans mon rôle. Les responsables (gouvernementaux) se sentent également plus impliqués et constatent qu’il ne s’agit pas seulement d’un titre que l’on décroche et de s’arrêter là. Obtenir ce titre et travailler seule ne m’avancera à rien ; j’ai besoin d’un soutien de leur part afin de remplir pleinement mon devoir.

Pensez-vous que la beauté puisse être un atout en politique ?
La beauté seule, non ; il faut de l’intelligence, de la personnalité et de la détermination.

La beauté ne peut-elle pas contribuer à la réussite d’une carrière politique ?
En politique, pas nécessairement, car lorsqu’on regarde une personnalité politique, ce sont ses actions qui comptent pas nécessairement son aspect physique. C’est, effectivement, l’idéal de pouvoir regarder une belle personne qui, en plus, est intelligente, car on se sent plus proche d’elle.

Avez-vous l’intention d'opter pour une carrière politique ?
Sincèrement je n’aime pas la politique, je préfère rester loin de ce domaine et le laisser aux spécialistes. Et puis, je suis très franche, ce qui en politique pourrait me poser quelques problèmes (rires).

Avez-vous un petit ami et comptez-vous vous marier prochainement ?
Me marier prochainement, non. Actuellement, je n’ai pas de petit ami. Mais sait-on jamais ? Je ne suis pas libre pour autant, j’ai une mission à accomplir. Ce qui ne signifie pas que je ne veuille pas – qui peut – vivre sans amour mais je n’aurai pas le temps de m’occuper de mon éventuel compagnon.

Qu’aimeriez-vous dire au président de la République et au Premier ministre ?
Je leur dis : à mon retour, je vous rendrai visite pour vous offrir mon titre. Je souhaite être à la mesure de vos espérances et être soutenue pour arriver à un très beau résultat.

Et au peuple libanais ?
Restez vivaces, nous haussons souvent la voix et nos cris vont forcément être entendus. J’espère être parvenue à diffuser cette voix et je souhaite que l’on continue à m’aimer et à me soutenir, car sans cela je ne pourrai persévérer dans cette voie. Je remercie le public de son soutien comme je tiens à remercier les médias en général qui couvrent mes activités.

Propos recueillis par Saër Karam
Article paru dans "La Revue du Liban" N° 3865 - Du 5 Au 12 Octobre 2002
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