Jean-Michel Druart:
les Libanais contribuent à dynamiser la francophonie

photoJean-Michel Druart, fondateur du site Libanvision.com est un passionné. Un enthousiaste qui revendique sa “libanité” au quotidien : dans sa vie privée et professionnelle. Français, marié à une Libanaise, cet “ambassadeur” du Liban est un homme mobile avec un esprit d’initiative prononcé. Sa profession initiale est la gestion de portefeuille et le conseil en Bourse, mais le hobby auquel il se consacre, occupe une bonne partie de son temps.

“C’est un site sur le Liban, fait par un Français et hébergé au Canada”, s’amuse-t-il à dire. D’un site amateur, il s’est mué en référence et joue, désormais, dans la cour des grands. Portail déjà incontournable, Libanvision est en passe de devenir l’adresse la plus populaire de ressources concernant le Liban. Aussi utile au touriste qu’à l’autochtone, c’est un site exhaustif, sérieux et régulièrement mis à jour ; il nous ferait presque découvrir à nous Libanais, les multiples joies que procure la vie dans le pays des cèdres.
Rencontre.

Quelle est la genèse de Libanvision?
C’est en voyageant entre le Liban, la France et l’Afrique – car ma femme est Libanaise d’Afrique – et ayant, avant mon mariage, vécu à Paris et connaissant assez bien la communauté libanaise de France, que je me suis aperçu du rapport qu’ont les Libanais avec la francophonie. Ce qui m’a beaucoup encouragé, c’est cet amour du voyage qu’ont les Libanais ainsi que leur multi-appartenance. Je me suis vite rendu compte du rôle qu’ils tiennent dans la francophonie et grâce, aussi, au large éventail d’activités qu’ils ont, ils pouvaient être un catalyseur de la francophonie. La francophonie a une image quelque peu vieillotte, un peu ringarde, qui a été loin d’avoir une dimension populaire et les Libanais contribuent énormément à dynamiser cela, car ils jouent un très grand rôle dans les relations entre les peuples ayant la francophonie en partage. Dans les rapports entre la France et l’Afrique, les Libanais sont le maillon dans le secteur économique ; ils sont également importants par rapport aux enjeux culturels là où ils sont implantés, voire même dans des pays qui ne sont pas d’environnement francophone ; ils sont, aussi, créateurs d’événements et incarnent bien la dimension multiple que l’on veut donner à la francophonie, mais qu’on ne palpe pas. L’idée de départ a de ce fait pris forme ; il ne s’agissait pas d’un projet commercial, mais d’une passion.

Quand avez-vous débuté sa fabrication?
J’ai commencé à le fabriquer en automne 2000 ; il est en ligne d’une façon à peu près convenable depuis le printemps 2000, mon but étant, à travers Libanvision, de rebondir sur le sommet de la francophonie, c’est-à-dire de faire un site qui accompagnerait le sommet, ainsi que l’ensemble des sites officiels et institutionnels qui auraient pu naître à cette occasion, me plaçant dans le contexte de la date initiale du sommet (en 2001). Mais surtout pour montrer davantage la pertinence de l’approche, pour continuer après, qu’il ne s’agisse pas d’un site ponctuel qui allait disparaître après la fin de l’événement. L’idée était d’imposer, au fur et à mesure, un média bien identifié sur cette niche, comme étant un site fédérateur de toutes les initiatives libanaises ou qui ont trait au Liban. C’est d’ailleurs pour cela que dans sa première conception, Libanvision a été davantage une sorte d’annuaire, un guide un peu classique qui s’est transformé peu à peu en magazine.

Quelles ont été les répercussions du sommet sur votre site?
Je suis très satisfait de toute cette période du sommet qui était essentielle pour Libanvision, dans la mesure où tant chez les institutionnels français que dans la société libanaise francophone, il a été reconnu comme étant le site de référence clairement positionné sur la francophonie et, surtout, la francophonie libanaise au sens large, c’est-à-dire la francophonie qui part du Liban et ensuite s’ouvre comme un éventail sur toutes les zones où il y a des Libanais dans les régions francophones et, par interactivité, les relations entre les Libanais francophones de l’étranger. Nous savons que le Libanais n’est pas figé il n’y a pas de Libanais 100% résidents, surtout dans le milieu francophone où ils sont très mobiles. Le Libanais francophone s’intéresse tout autant à ce qui se passe en français à Beyrouth qu’à ce qui peut se passer de libanais à Paris, à Montréal…
Donc, les Libanais sont très bien adaptés au côté interactif de ce site. Le report du sommet a été cependant une véritable bénédiction car je n’aurai jamais eu pareille reconnaissance un an plus tôt.

Comptez-vous agrandir et redéfinir le site?
Oui absolument, suite au sommet, je vais fixer une meilleure stratégie et à partir de 2003, j’ai l’intention de structurer des accords avec des médias existants pour reprendre certains contenus, car je pense que l’on est complémentaires.

Avez-vous fait de la publicité pour vous faire connaître ou avez-vous opté pour le bouche-à-oreille?
Je n’ai investi aucun centime en publicité. J’ai travaillé uniquement par le bouche-à-oreille qui, à mon avis, est le meilleur support publicitaire libanais. Le Liban est un pays que je connais depuis dix ans, donc j’en connais un peu le fonctionnement, d’autant que le milieu francophone est facilement identifiable. J’ai également eu, de par mes relations avec la presse, quelques articles parus en France et au Liban.

Vous n’abordez que très peu la politique. Y a-t-il des thèmes que vous vous refusez à traiter?
Je m’intéresse à tout et je crois que le sujet dont on s’occupe le moins sur Libanvision, c’est la politique intérieure du Liban, ce n’est pas mon problème, bien que je me considère presque comme Libanais, ce n’est pas mon sujet, je m’occupe du Liban, en général, mais pas de ses intrigues intérieures, la seule exception que j’ai faite c’était concernant l’affaire MTV; je l’ai traitée d’une certaine façon en la replaçant dans le contexte du sommet. Je disais que c’était indirectement la francophonie qui trinquait encore, car il s’agissait d’une chaîne qui avait des accords de rediffusion avec la France.
Quelle est l’origine du nom?
Libanvision c’est pour donner une image, une vision et aussi faire un jeu de mots par rapport à la francophonie libanaise. Car je voulais un nom très explicite qui soit compréhensible dans les trois langues.

Il n’y a pas de version anglaise de votre site. Etes-vous pointilleux sur l’utilisation du français?
Il n’y a effectivement aucun contenu anglophone, mais je mets un point d’honneur à employer le français tel qu’il se parle. Pour se positionner comme une francophonie ouverte, moderne et tournée vers la jeunesse. Les langues s’enrichissent mutuellement.

Comptez-vous devenir rentable par la publicité?
Je dispose actuellement de quelques bannières échangées, mais je ne pense pas que la publicité puisse rentabiliser un site Internet ou alors de manière marginale. Tel que Libanvision est fait, il donne envie de venir au Liban ; il y a d’ailleurs beaucoup de non-Libanais qui visitent le site. Les sites libanais sont souvent mal “référencés”, donc il vaut mieux profiter d’un bon référencement. Le Liban est une porte d’entrée pour les problèmes du Moyen-Orient en français ; naturellement, on va plutôt voir sur un site libanais. Le Moyen-Orient est un sujet qui passionne bon nombre de gens et je cherche à rectifier l’image parfois négative qu’a encore le Liban, c’est-à-dire que c’est un pays sûr, tranquille, beau et c’est l’une des vocations initiales de Libanvision. A partir de là, on peut le rentabiliser en créant des programmes de partenariat avec des tour-opérateurs, par exemple.

Libanvision en chiffres

  • Trafic : 1000 visiteurs uniques/jour
  • 25.000 visiteurs au mois d’octobre 2002, 1 million de hits et 100.000 pages vues
  • Taux de pages visitées : 4
  • Environ 150 pages de contenu
  • Poids total : 47 mégas
  • Mise à jour : tous les 3 jours mais l’essentiel des modifications est mensuel
  • Temps consacré : un peu plus de deux heures par jour.
    www.libanvision.com
S.K.
Article paru dans "La Revue du Liban" N° 3872 - Du 23 Au 30 Novembre 2002
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