Les médias et la société actuelle véhiculent une image de la femme stéréotypée, celle des mannequins du XXIème siècle, d’une minceur à faire dresser les cheveux sur la tête. Les premières femmes que les hommes repéreront sont sûrement minces. La majorité des hommes ne sont pas à blâmer. C’est la société contemporaine qui projette sans cesse des images, des idéologies et des manières de penser.
Mais ceci peut mettre en péril l’harmonie et l’équilibre de la femme ronde. Car les femmes rondes sont des personnes ordinaires. Elles, aussi, peuvent être belles ou moches, intelligentes ou bêtes. Pourquoi juger? Dire qu’une femme mince est plus belle qu’une femme ronde, est vraiment ridicule. Pourquoi critiquer? Des hommes célèbres ont exprimé leurs goûts pour la féminité épanouie: Rubens, Fellini, Botero. La femme ronde est sensuelle, a un visage gai, une jolie peau et une sexualité très affirmée. Les peintres qui ont, en premier lieu, un sens aigu de l’esthétisme et de ce qui est beau, ne peignaient que des femmes rondes, parce qu’ils considéraient qu’elles avaient les plus beaux corps, inspirants et sensuels. Prenons comme exemple l’opinion de Petrus Paulus Rubens, peintre flamand (1577-1640): “Le corps de la femme ne doit être ni trop mince ou trop maigre, ni trop gros ni trop gras, mais d’un embonpoint modéré, suivant les modèles des statues antiques”.
Ce qui prouve, hors de tout doute possible, que la rondeur féminine était, à juste titre, considérée comme esthétiquement belle. La rondeur féminine a toujours été bien vue et recherchée par les hommes.

En fait, dans la société, à force de ridiculiser et de juger négativement les femmes rondes, celles-ci ont fini par avoir honte de leur corps supposé affreux. Ainsi, les femmes ne veulent pas voir des femmes qui leur ressembleraient, physiquement, dans les revues de mode, parce que cela leur renverrait une image qu’elles ont appris à haïr, laide et inesthétique. Plutôt de se dire qu’elles sont belles et séduisantes, afin d’être heureuses et satisfaites de leur vie, elles se sentent culpabilisées et dénigrées en relation avec leur corps. Elles ne se sentent plus le droit aux plaisirs de la vie et au bonheur. “Quand on n’est plus sûre de soi, reconnaît Sonia, on devient méfiante, sur la défensive. Alors, j’avoue que j’étais et je suis encore, un peu agressive quand je vois de jolis corps jeunes, minces. Mais quelle femme cela n’agace pas?”

La femme ronde doit s’accepter
En tout cas, plus les années passent, plus la tendance change. Puis, le dédain diminue. Ce qui, avant, pouvait faire rire d’autres, avec des blagues et des mépris en tout genre, continue toujours mais moins. Comment expliquer cela? Il se trouve que certaines ne réagissent pas à tout cela. Cette meilleure solution montre qu’elles sont bien et heureuses comme elles sont; ce qui leur donne la chance de rencontrer un homme qui les aime telles qu’elles et, parfois même, grâce à leur rondeur, un homme qui n’a pas peur d’être avec elles, qui n’a pas peur de subir des regards, qui n’a pas peur d’affronter des mépris ridicules - mais qui font toujours mal -, qui n’a qu’une envie, celle d’être heureux. Pour cet homme, seule une femme ronde peut le rendre heureux. D’abord, croire au bonheur; ensuite, le vivre et, après, le montrer. C’est le meilleur exemple pour ceux et celles qui se sentent affaiblis par les paroles ridicules des autres, plutôt que de voir en eux ce qui a de bon, de bien et ce dont d’autres ont besoin.
Sublimer sa beauté!
Marina porte maintenant quelques tailles au-dessus; à ce moment, son moral a chaviré: “Avec une cinquantaine de kilos en plus, je ne peux pas dire que j’aime mon corps. Je ne suis pas à l’aise. Mon estime de soi a pris un sacré coup. Je me crée une image négative de moi-même liée aux kilos superflus.
“Au début, c’était dur de passer une journée entière sans penser à mon poids. Aujourd’hui, cela va mieux. Je m’accepte et je sors de l’obsession de la minceur. Ainsi, je retrouve une parfaite harmonie. Car une femme qui déteste son corps et dénature sa sensualité, aura de la difficulté à s’abandonner au plaisir. Si une femme ne se trouve pas désirable, elle voit tout en noir et son esprit traduit des émotions néfastes dans son comportement envers autrui et envers elle-même. Il est important de s’aimer et de ne pas dénaturer sa personnalité pour ressembler à une image dictée par les médias. Sublimer sa beauté, oui; mais vouloir ressembler à une autre, non!”
Pour Rosine, les rondes doivent se réconcilier avec leur corps. “Il ne faut pas oublier que l’humanité est faite de diversité et qu’à une époque où on combat le racisme, l’image de la femme ronde doit avoir sa place entière dans la société… Alors, les rondes, soyez souriantes. Un abord agréable vous permettra d’aller plus loin dans une relation, qu’elle soit amicale ou sentimentale. Evitez de vous enfermer dans une image stéréotypée; développez vos différences et restez vous-même. De toute façon, on ne peut pas plaire à tout le monde!”
“Mon opinion? demande Emy. Les rondes ne sont pas rondes, elles sont tout simplement moins minces que les mannequins, voilà tout!”

Les rondes, des femmes comme les autres
Lutter pour la “size acceptance”, c’est-à-dire pour la tolérance de morphologies différentes, sans dévaloriser un type de corps auprès des autres, est ce qu’il y a à faire. Il ne faut pas considérer l’obésité comme une anormalité ou une maladie; elle représente, simplement, une morphologie alternative à la minceur. Il doit être complètement normal et naturel qu’une femme ronde, elle aussi, soit considérée comme belle, admirable et désirable. Il ne suffit pas d’avoir une taille de guêpe et une poitrine volumineuse pour être sexy.
“Je sais ce qui plaît à mon mari, raconte Marianne, et quels sont mes atouts. La beauté n’a rien à voir avec le poids. Et le stéréotype féminin n’est pas, nécessairement, ce que les hommes veulent. Qu’on soit rondes ou minces, on peut avoir peur de ne pas séduire, si on ne connaît même pas ses atouts”.
Dans une revue européenne “100ss”, on lit: “Etre sexy c’est, aussi, une attitude. C’est se trouver sexy, d’abord et se mettre en valeur. Le sex-appeal c’est, en grande partie, un comportement. Il faut être bien dans sa peau en tout premier lieu pour se trouver belle”.
Les femmes rondes sont, finalement, des femmes comme les autres ayant envie de faire du lèche-vitrine, de revendiquer le droit à des fringues chics, modernes, extravagantes, coloriées, sans penser au fait qu’aucun de ces vêtements exposés ne sera disponible à leur taille. Elles veulent pouvoir s’habiller selon leur goût et leur humeur, d’habits qui mettent en relief leur personnalité et ne leur imposent pas un faux extérieur mémé et sac de patates. Le poids d’une femme ne doit pas l’empêcher de se sentir belle dans de beaux vêtements qu’elle aime!
En plus, il ne faut pas oublier les sous-vêtements: en général, trouver des dessous sexy, légèrement ornés est un travail de Sisyphe. Le coton blanc semble être réservé aux grandes tailles. Ce phénomène est intimement lié au problème général de la désexualisation de la femme forte. L’absence totale d’habits érotiques au-dessus d’une certaine taille, dérive du fait que, pour la société, la femme ronde n’a aucune attractivité.
Or, il est important pour une femme ronde qui subit déjà beaucoup de souffrances à cause de son poids et est victime d’un racisme social, de disposer de vêtements chics et agréables, pour s’intégrer dans une société qui tient autant à l’apparence extérieure. Il ne faut pas aggraver ce phénomène de discrimination par la mode. Lors de la prise de poids, s’habiller a été et est définitivement encore un calvaire pour Gisèle. “Je suis trop grosse pour les tailles normales et trop mince pour les tailles plus! L’enfer de s’habiller à notre goût.”

Les “Fat Admirer”
Avec le temps, les hommes commencent à afficher, aussi, sans complexe leurs goûts pour les rondes. Une femme qui respire la féminité par ses rondeurs, ses courbes douces et sensuelles ou une fille sans forme? Telle est la question qui s’impose.
L’acceptation semble en marche: Jean-Paul Gaultier prépare un défilé avec des rondes, la fille de Jack Nicholson se retrouve sur les podiums.
Ramez aime son épouse avec ses rondeurs. Ses formes ne le dérangent pas du tout. “Ce qui me dérange un peu, c’est le changement du caractère de ma femme Hind survenu avec son gain de poids. Tout ce que je veux, c’est qu’elle se sente bien dans sa peau. Je lui dis souvent que je n’aimerais pas avoir une femme trop mince. On s’en fout de ce que les gens pensent”.
En général, les “fat admirer” (FA) sont tenus pour des fétichistes. Et pour beaucoup de gens, les FA se trouvent accusés de bizarrerie et de perversité. La discrimination qu’ils subissent, ressemble à l’oppression des homosexuels (comme eux aussi, on les discrimine à cause de leur orientation sexuelle). En fait, la discrimination contre les FA ne sera surmontée, que lorsque l’oppression contre les femmes rondes disparaîtra.
Car, la plus grande proportion de personnes qui rejettent les FA, vient des femmes rondes: elles semblent être offensées par l’idée que les hommes pourraient être attirés par quelque chose d’autre que leur personnalité. Elles ne gobent pas le fait que les FA éprouvent une attirance sexuelle pour elles, prennent du plaisir en regardant leurs rondeurs et en sentant leur chair. Mais si les femmes rondes se refusent elles-mêmes quant à cet aspect d’être sexuellement désirables en croyant chacun qui les adore bizarre ou pervers, elles se montrent peu crédibles.
Si elles n’ont pas de respect pour les hommes qui sont excités par leur corps, c’est parce qu’elles pensent que satisfaire aux exigences de ces femmes signifierait pour un homme de cacher et nier sa sexualité, alors que les “fat admirer” sont des hommes normaux qui, comme tous les autres hommes, sont attirés spécialement par un type particulier de corps - un fait qu’on ne peut pas leur reprocher, car on ne choisit pas ses préférences. Ce qui est certainement un tourment pour ces hommes d’être repoussés par ces êtres qu’ils adorent le plus.
La plupart des femmes qui refusent les FA, ne s’acceptent pas elles-mêmes à la base; elles n’ont pas encore fait la paix avec leur vie et leur corps. Car, il n’y a rien de plus agréable que le sentiment d’être jolie, belle, attractive et désirable. C’est, d’ailleurs, pourquoi il y a le culte du corps.
Mais en niant la sensualité, ces femmes seraient en train de nier les facteurs qui constituent la base selon laquelle un couple fonctionne:
1 - l’attirance physique qui, pour un FA, consiste dans les rondeurs. Une préférence aussi normale que celle éprouvée pour les femmes blondes ou les femmes avec de grands seins;
2 - l’attirance des sentiments: s’entendre bien, être sur la même longueur d’ondes, pouvoir se parler et rire ensemble.
Ces facteurs sont complémentaires et leur présence simultanée est obligatoire. Une vie en couple sera aussi désharmonieuse, si on ne peut se parler que si l’un des deux n’éprouve pas d’attirance physique. Et pire: si l’homme se sent attiré par la femme, sans avoir le droit de le lui dire!