Cette semaine a été consacrée,
au plan local, à renforcer la trêve en vue de permettre au
Conseil des ministres de tenir sa séance hebdomadaire dans un climat
décontracté, pareil à celui de la semaine dernière,
surtout si certains dossiers litigieux devaient figurer à son ordre
du jour.

Le président Lahoud
recevant M.Fischer à Baabda.
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Sur le plan médiatique, l’affaire de la NTV a dominé
les nouvelles relatives à l’information audiovisuelle, suite
à l’ouverture de l’enquête menée par le
Parquet, sur la base de plaintes déposées par le directeur
général de la Sûreté et le ministre des Travaux
publics et des Transports contre cette chaîne de télévision.
La tendance dans les milieux officiels est de laisser le palais de Justice
délibérer sur ce dossier, sans aucune interférence
de la part de parties extérieures. Dans le même temps, le
ministre de l’Information s’emploiera à appliquer,
rigoureusement, la loi régissant le secteur de l’audiovisuel,
en vertu d’une décision en ce sens prise par le Conseil des
ministres. En ce qui concerne le mouvement diplomatique, le ministre des
Affaires étrangères a résolu de le différer,
après avoir conféré à ce sujet avec les chefs
de l’Etat, du Législatif et du gouvernement, car il s’agit
de pourvoir aux postes vacants, surtout dans les grandes capitales. A
ce sujet, M. Ali el-Khalil, président de la commission parlementaire
des Affaires étrangères, a déclaré que “le
mouvement diplomatique était devenu nécessaire et ne souffrait
plus d’aucun atermoiement”. Parmi les dossiers litigieux,
celui des véhicules circulant au mazout est le plus urgent à
trancher, d’autant que les industriels se sont joints aux propriétaires
des vans, les premiers réclamant des mesures destinées à
réduire le coût de leur production rendue moins compétitive
en raison des tarifs élevés du courant électrique
et des prix des carburants. Autres faits à signaler: le problème
de l’expropriation a été transmis à une commission
ad hoc présidée par M. Issam Farès, afin d’y
apporter des modifications sur la base des suggestions proposées
par quatre ministres. En ce qui a trait aux dossiers internes requérant
des solutions urgentes, le chef de l’Etat a défini sa position
à leur égard, en mettant l’accent sur la nécessité
d’éviter tous les sujets litigieux dont l’évocation,
dans les circonstances présentes, risque de compromettre l’unité
nationale.
En ce qui concerne le conflit régional, le président de
la République a proclamé, une fois de plus, son attachement
aux constantes nationales et réaffirmé son opposition à
l’implantation des réfugiés palestiniens dans nos
murs, en réclamant la confirmation du droit au retour des Palestiniens
de la diaspora.
LAHOUD: “J’AI CONFIANCE EN L’AVENIR”
Le président de la République a proclamé, ensuite,
devant une délégation de l’université de Louaïzé,
sa confiance en l’avenir du Liban et son optimisme quant à
la possibilité pour notre peuple de dépasser la situation
actuelle au triple plan politique, économique et social. “Ce
qui me rassure, a-t-il ajouté, c’est que dans leur écrasante
majorité, les Libanais tiennent fermement à l’édification
de l’Etat de la loi et des institutions, en dépit des obstacles
qui entravent jusqu’ici sa concrétisation”. M. Lahoud
s’est dit, d’autre part, déterminé à
prévenir tout mouvement séditieux. “Nous ne permettrons
à personne, a-t-il poursuivi, de frapper le pays de l’intérieur
et de compromettre le désir de vivre en commun. Nous continuerons
à élever la voix pour défendre les acquis du Liban
dans tous les domaines; l’intérêt supérieur
de la patrie demeure au centre de nos préoccupations, quoi que
fassent certains milieux en vue de perturber le climat général,
pour susciter le doute dans l’esprit des citoyens”. Le président
de la République a mis en garde contre le sectarisme et le confessionnalisme,
se disant rassuré de ce que les Libanais ont tiré les leçons
des douloureux événements, dont ils ont payé très
cher le prix.
Fischer à Beyrouth
Par ailleurs, M. Joshka Fischer, chef de la diplomatie allemande, est
venu cette semaine à Beyrouth, pour un échange de vue avec
les responsables - le chef de l’Etat en tête - autour des
derniers développements de la conjoncture régionale, notamment
en Irak, en Palestine; de la “feuille de route” et des chances
de son application, étant donné la persistance de la violence
sur le terrain en Terre sainte. Le ministre allemand a rappelé
la position de son pays envers la crise proche-orientale, affirmant: “Berlin
s’est toujours prononcé en faveur d’une paix juste
et globale, n’excluant aucun pays ni aucune partie”. Il l’a
répété aux chefs du Législatif et du gouvernement
à qui il a rendu visite avant son départ pour Damas.
Le président Lahoud a fait état du climat tendu qu’Israël
s’emploie à entretenir dans la région et, tout particulièrement,
au Liban-Sud, afin de compromettre la sécurité, la stabilité
et exercer des pressions sur ses voisins, le Liban en tête, en vue
d’obtenir certains acquis et avantages au double plan hydraulique
et territorial.
Le chef de l’Etat a informé M. Fischer de l’intérêt
que le Liban porte aux réunions du Quartette (Nations unies, Union
européenne, Etats Unis et Russie), la toute dernière ayant
eu lieu en Jordanie.
Tout en mettant l’accent sur la nécessité de dissiper
la tension qui empêche les Palestiniens de mener une vie normale
et de mettre un terme aux agressions israéliennes contre un peuple
luttant pour obtenir la reconnaissance de ses droits, dont celui du retour
de ses fils épars sous tous les cieux et de mettre un terme à
leur statut de réfugiés. Le président de la République
a rappelé les constantes libanaises et son attachement aux résolutions
de la légalité internationale “qui ne doivent pas
rester lettre morte”.
Le président Lahoud a, également, expliqué la position
du Liban envers la lutte contre le terrorisme, l’avenir de l’Irak
et la “feuille de route”, dont le Liban et la Syrie sont exclus.
Il a insisté, spécialement, sur la différence entre
le terrorisme et la lutte visant à récupérer les
territoires occupés, celle-ci étant menée par les
Palestiniens, dont le droit à la résistance à l’occupant
est reconnue par la communauté internationale.
M. Fischer a jugé nécessaire, quant à lui, de joindre
le Liban et la Syrie à la “feuille de route”, tout
en reconnaissant que la paix régionale doit être juste et
globale, c’est-à-dire s’étendant à tous
les pays. “Quant au problème des réfugiés palestiniens
et au problème du Golan syrien, dit-il, ils doivent être
réglés dans le cadre de la feuille de route”. Avant
d’ajouter: “Dans une seconde étape, ces dossiers seront
examinés et tranchés dans le cadre d’un congrès
mondial exclusivement consacré au conflit israélo-arabe
et feront partie d’une solution définitive.
Ce qui importe pour l’Allemagne, conclut-il, c’est que le
Liban vive en paix et jouisse pleinement de la sécurité
et de la stabilité. Il est impérieux que les pays de la
région vivent selon les règles du bon voisinage, d’autant
que Chypre adhèrera prochainement à l’Union européenne
et aura, en conséquence, la possibilité de traiter avec
tous les Etats arabes”. |