Au Collège Antonin
Table ronde sur Karam Melhem Karam, “prince du roman arabe”

Sous le patronage du président de la République, l’amicale des anciens du Collège Antonin a organisé une table ronde littéraire sur Karam Melhem Karam. L’événement qui s’inscrit dans le cadre de la célébration du centenaire du “prince du roman arabe”, a rassemblé plusieurs personnalités du monde politique, juridique, syndical, social et éducatif, parmi lesquelles: MM. Michel Samaha, ministre de l’Information, représentant le chef de l’Etat; Abdallah Farhat, ministre des Déplacés, représentant le chef du gouvernement; le R.P. Semaan Atallah, représentant le patriarche maronite; le colonel Nabil Barjaoui, représentant le commandant en chef de l’Armée; le brigadier Ghattas Choueiri, représentant le directeur général de la Sécurité générale; M. Elie Ferzli, vice-président de la Chambre; les anciens ministres Michel Eddé, Issam Khoury; Mgr Khalil Abi-Nader, le bâtonnier Raymond Chédid, le recteur de l’Université Antonine, le R.P. Louis Rohban et tant d’autres.

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La table ronde, dirigée par le père Boutros Azar, a regroupé l’abbé Youhanna Slim, M. Ghaleb Ghanem, président du Conseil d’Etat, les Drs Nour Salmane, Mitri Boulos, le poète Georges Ghorayeb, l’écrivain Georges al-Achkar. Le mot de la famille a été prononcé par M. Melhem Karam, président de l’Ordre des journalistes.

Karam Melhem Karam S’EST CONSACRÉ À L’ÉCRITURE
Après l’hymne national, le R.P. Boutros Azar, a souligné que “pénétrer dans le monde littéraire, journalistique et romanesque de Karam Melhem Karam, ne peut que nous amener à nous demander comment une personne ayant vécu 56 ans, est parvenue à écrire une centaine de livres et des milliers d’articles. Il ne faut pas s’étonner, devant tant d’abondance, car c’est un homme qui s’est consacré à l’écriture. Karam Melhem Karam remplissait et envahissait le monde de la presse”.
Et d’enchaîner: “Heureuse initiative que celle du Collège Antonin qui, dans ses préparatifs pour célébrer son centenaire (1906-2006), a rassemblé les anciens et les amis, afin d’écrire l’histoire de cette colline et de ceux qui ont tant œuvré à la gloire de Dieu, du verbe et de la patrie (...) Cette initiative créatrice a débuté le jour où l’administration du collège a décidé de donner à la promotion 1999-2000 le nom du grand écrivain”.
Il a remercié la famille Karam d’avoir consacré une bourse scolaire annuelle dans le but d’encourager l’éducation et la culture des jeunes générations.

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M. Melhem Karam prononçant
le mot de la famille.

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La promotion 1999 “Karam Melhem Karam”.

SLIM: IL A ÉTÉ UN ÉLÈVE DES ANTONINS
A son tour, l’abbé Youhanna Slim évoque le destin qui a voulu que Karam Melhem Karam soit un élève du collège. “Alors qu’il a écrit plus de mille romans s’adressant à la masse, dit-il, le sort veut que ce collège écrive l’histoire et pour Karam et pour le Liban. A la frontière, non de l’espace mais du temps, ce couvent s’est étendu, suivi d’une école; puis, d’une université, d’activités culturelles et de manifestations socio-politiques. Si notre sort a toujours voulu qu’on soit à la frontière entre le Chouf et le littoral, un juste milieu entre une famille qui a gouverné le Liban à l’époque de l’Emirat et le régime de la Moutassarifiat à Baabda, un lien entre un XIXème siècle initiateur de créativité et le XXème siècle; le destin avec nous a pris tout un autre chemin avec la venue du grand écrivain dans notre école”. Et de rendre hommage à la beauté de la plume de l’homme de lettres, à la fermeté de son expression, à la force de sa structure linguistique et à la structure des mots, à son imagination et à sa créativité.

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Les conférenciers à la tribune: le R.P. Boutros Azar, les Drs Nour Salmane, Mitri Boulos, MM. Georges al-Achkar et Georges Ghorayeb.

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Au premier rang de l’assistance: M. Michel Eddé, le R.P. Semaan Atallah, MM. Michel Samaha, Elie Ferzli, Abdallah Farhat, Melhem Karam et l’abbé Youhanna Slim.

ÉCOUTONS LA VOIX DE NOS HOMMES LIBRES
De son côté, le Dr Nour Salmane s’est arrêtée sur les différents choix et engagements pris par l’écrivain dans l’ensemble de sa production littéraire, à savoir, entre autres: la vérité quelle qu’elle soit, l’honnêteté, l’intégrité, la loyauté, la liberté, l’intégrité de la patrie, du territoire et de l’être, la fidélité envers la langue, l’histoire et le patrimoine. “Où en sommes-nous aujourd’hui, se demande-t-elle, de la littérature pionnière de Karam Melhem Karam, de son courage, de son engagement et de son attachement aux valeurs de la vie, afin d’éviter de tomber dans les demi-vérités? Où en est sa production littéraire dans nos écoles et universités? Et comment enseigne-t-on la littérature dans nos établissements?
Autant de questions que le Dr Salmane a posées avant de conclure en invitant son auditoire à laisser “la patrie écouter la voix de ses hommes libres”.

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Le bâtonnier Issam Karam, M. Elias Hanna et Mme Amal Haddad.

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Mme Suzanne Chédid, MM. Samir el-Daher, Camille Ziadé, Saër Karam, le Dr Carma Karam,
Me Zouhair Osseirane et M. Joy Tabet.

L’IMMORTALITÉ, JUSTE ÉQUILIBRE
Pour sa part, le Dr Mitri Boulos a estimé que tout romancier créateur a sa propre vision du monde, de la vie et de la société, une philosophie élémentaire qu’il exprime directement à travers ses opinions ou, indirectement, via les personnages fictifs de ses récits et romans.
Analysant l’idéologie de Karam Melhem Karam, à travers ses romans, en particulier “Cri de la douleur” paru en 1936, il affirme que le romancier estime que la terre est à la fois mère et cimetière, une opinion qui reflète singulièrement sa propre conception de la vie et de la mort.
“Cependant, remarque M. Boulos, le triomphe de la mort sur la vie ne l’a pas mené au défaitisme. Au contraire, il a continuellement cherché le meilleur moyen pour vaincre la mort, trouvant dans l’immortalité le juste équilibre”.

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MM. Melhem Karam, Fouad el-Turk et Henri Zgheib.

AVANT-GARDISTE ET ESPRIT CRITIQUE
Le juge Ghaleb Ghanem a, quant à lui, considéré que l’œuvre littéraire du grand écrivain est pour le monde littéraire ce que le patrimoine justinien représente pour le monde juridique.
Citant différents témoignages émanant de grands hommes de lettres libanais en faveur du “prince du roman”, tels Elias Abou-Chabké, Fouad Ephrem Boustany, Saïd Akl et tant d’autres, il a tenu à saluer “l’avant-gardisme de l’écrivain, son esprit critique et la tendance humaniste dans ses écrits”.
Enfin, M. Georges al-Achkar a loué son rôle dans la renaissance de la langue arabe et de la structure linguistique.

MELHEM KARAM: MERCI À TOUS
M. Melhem Karam, président de l’Ordre des journalistes, a, au nom de sa famille, remercié tous ceux qui ont participé à la rencontre: le Collège Antonin qui rend hommage à l’un de ses élèves; le président de la République pour avoir patronné l’événement; le ministre Michel Samaha, ainsi que toutes les personnes présentes ou représentées.
Il saisit l’occasion pour souligner que le récit ou le roman a, jusqu’à nos jours, focalisé sur l’homme errant entre le bien et le mal, se demandant quand verra-t-on le roman de l’homme de la troisième dimension!
Il a, par ailleurs, suggéré qu’il y ait une académie littéraire, dont le rôle consisterait à poursuivre l’œuvre linguistique entamée par Abou Faraj Al-Asbahani au Xème siècle et ce, jusqu’à la première renaissance qui a eu lieu aux XIXème et XXème siècles, et la deuxième renaissance commencée au début du siècle dernier jusqu’à nos jours.

M.A.-K.
Article paru dans "La Revue du Liban" N° 3904 - Du 5 12 Juillet 2003
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