Clôture du Festival de Beiteddine
Feyrouz: immortelle Diva

Deux soirées, plus de 5000 personnes à chacune, un public tous âges de Libanais, de ressortissants arabes et d’étrangers, se pressant dans la grande cour du palais des émirs, pour exprimer sa ferveur, son éternelle admiration à Feyrouz, la grande dame de la chanson libanaise: le Festival de Beiteddine clôturait en beauté sa saison 2003.

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Dès qu’elle apparaît, avançant sur le tapis rouge déroulé pour la circonstance, droite, fière, digne, dans une belle robe marron scintillante signée Elie Saab, l’auditoire l’ovationne debout. Elle entame son récital avec “Idaïch Kane fi nass” (combien de gens) et c’est déjà le délire qui se maintiendra tout au long du récital d’une heure trente non seulement dans la cour mais, aussi, aux abords directs du palais où des centaines de “fans” de la “diva” se sont rassemblés pour vivre en communion avec elle. Sa voix, un peu plus grave que par le passé, envoûte son auditoire dès les premières notes. Elle interprète trois chansons, se retire pour céder la place à l’orchestre et il en sera ainsi tout au long de la soirée.

ELLE ENFLAMME SON AUDITOIRE
Feyrouz se fait désirer et c’est l’ovation avec chaque retour sur scène. Accompagnée au piano par son fils Ziad Rahbani, elle chante des classiques signés Assi Rahbani qui ont fait sa gloire et sa renommée au fil du temps et que le public aime tellement entendre. L’enthousiasme des jeunes générations qui, pourtant, n’ont pas connu la Feyrouz des années soixante et soixante-dix est impressionnant. Pour eux, comme pour nous tous, elle incarne avec sa voix exceptionnelle, tant de symboles, une véritable légende nationale.
Elle interprète des ballades composées pour elle par Ziad Rahbani, enrichissant son répertoire d’une musique “inn”. Tout au long de la soirée, elle chante, tour à tour, l’amour, la nostalgie, le Liban, la liberté, enflammant sans répit le parterre. Après l’entracte, elle revient dans une nouvelle robe scintillante de couleur crème et l’osmose entre la diva et son public est parfaite.

UN ORCHESTRE EXCEPTIONNEL
Le succès de ces deux soirées est dû aussi à l’orchestre exceptionnel d’Arménie, avec la participation de musiciens libanais, syriens, français et hollandais, sous la direction magistrale du chef d’orchestre Karen Durgaryan d’une grande vivacité sur scène. L’orchestre interprète plusieurs morceaux de Ziad et le chœur des chanteurs, impeccable, reprend des refrains du répertoire classique de Feyrouz sur une nouvelle distribution musicale signée Ziad Rahbani.
Longuement ovationnée debout, acclamée, bissée, on lui lance des fleurs, la diva revient à deux reprises, chante avec le public “Bayi rah mael askar” (mon père est parti avec la troupe), remercie l’auditoire par un large geste des bras et se retire, digne et fière. On n’est jamais rassasié d’écouter cette voix devenue mythique.

Article paru dans "La Revue du Liban" N° 3912 - 30 Août Au 6 Septembre 2003
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