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En mémoire de l’artiste-peintre Omar Onsi (1901-1969)
Sa statue se dresse au centre-ville
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À la fondation Maeght en France
“La Russie et les avant-gardes”
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En mémoire de l’artiste-peintre Omar Onsi (1901-1969)
Sa statue se dresse au centre-ville

Sous le patronage de Mme Nazek Hariri, à l’initiative de la famille Onsi et du comité culturel “Omar Onsi” a eu lieu au centre-ville de Beyrouth, l’inauguration de la statue de l’artiste-peintre, trente-quatre années après sa mort. La statue a été réalisée par le jeune sculpteur Nabil Hélou, dont le talent s’est déjà imposé.

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Paysage à Meyrouba.

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“Gazelles” offertes à Zoubaïda.

UN ART FAIT DE SÉDUCTION
L’art de Onsi est attentif au détail, ferme, discret et confidentiel. Cet artiste de grand talent qui fait partie de la première génération de peintres au XXème siècle, a marqué par sa production l’art libanais contemporain.
Personnages, paysages, nature morte, etc... il dessine le modèle; puis, l’épure avant de le livrer à la peinture. La dialectique du trait et de la forme, du dessin et de la couleur, l’ont amené très vite à entrevoir les possibilités d’une expression figurative, à travers laquelle il est parvenu à exprimer le meilleur de son talent. Dans toutes ses œuvres, huiles ou aquarelles, chaque couleur a une position qui lui est propre dans l’espace émotionnel et possède un caractère bien défini. Il conçoit l’espace comme doué d’une signification plastique s’exprimant par le graphisme et la couleur.

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La statue du peintre réalisée par Nabil Hélou.
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Portrait de Mansour Onsi, neveu du peintre.
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Nature morte.

RIGUEUR ET SENSIBILITÉ
Le dessin de Onsi est la clarté même. Il ne constitue pas seulement pour lui un stimulant, mais un champ d’expérimentation totale où l’artiste, en laissant transparaître le tumulte de ses intentions, révèle, néanmoins, l’élan primordial de son inspiration.
Aussi, son dessin transcrira-t-il autant que sa peinture la nature profonde de son expression. Précis, essentiel, sans nulle sécheresse, il respire aussi bien que ses peintures et réalise une difficile synthèse entre la rigueur et la sensibilité.
Un tableau de Omar Onsi est tout le contraire d’une image. Il a poussé si loin son langage plastique, qu’il lui a permis d’exprimer le mystère, la séduction et la plasticité des choses avec une autorité et une profondeur qui suscitent notre admiration.

LA STATUE DE ONSI EXPRIME SON ÂME
Les mains de Nabil Hélou ont su donner vie à la matière. Il a étudié avec minutie plusieurs photos représentant le peintre, utilisé son métier et son talent pour la mise en valeur de l’expression d’un réalisme nouveau. Une connaissance intime et profonde de l’anatomie autorise l’équilibre entre l’analyse et la synthèse.
L’art de Hélou, rigoureux et subtil dans son expression, est bien servi par la maîtrise de la technique. Le métier se trouve chez lui inséparable de la création et de la conception. L’œuvre du sculpteur est beaucoup plus dominée par un instinct artistique, que par un raisonnement, instinct qui éprouve une joie sensuelle à faire surgir une forme de la matière brute. Il excelle aussi bien dans le langage figuratif, que dans l’abstrait et le conceptuel.
Toutes ses réalisations sont d’une grande pénétration. Intuitif, penché sur sa sensibilité qu’il traduit en formes, volumes et confère à ses œuvres le charme très particulier d’une intense relation entre un idéal d’artiste et une recherche permanente de la créativité.
Dans la statue de Onsi exposée au centre-ville, la forme a été interprétée avec une précision presque mathématique. Cependant, il ne s’agit pas pour Nabil Hélou de transcrire, à travers son art “le réel”, mais d’aboutir à une équivalence où n’entrent plus en jeu que l’esprit et l’âme de la sculpture, qui lient l’observateur à une situation poétique.

Par Nicole MALHAMÉ HARFOUCHE

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À la fondation Maeght en France
“La Russie et les avant-gardes”

Cent cinquante œuvres majeures en provenance des musées russes et internationaux, racontent l’histoire de la peinture du début du XXème siècle. Des toiles, des dessins et des sculptures témoignent du bouillonnement artistique des années 1908 à 1930 en Russie.

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“Fenêtre dans la datcha”, huile et gouache sur toile de Chagall.

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“Composition”, de Pougny.

“EXPOSITION JOYEUSE”
Une “exposition joyeuse”. Cela pourrait sembler curieux de qualifier cette importante période de l’histoire de l’art. Pourtant, c’est bien l’impression de vitalité, de jubilation et d’expérimentation en tous sens qui égaye la visite.
Altman, Chagall, Chevtchenko, Exter, Kandinsky, Pougny, Larionov, Mansourov, Tatline, Malevitch et bien d’autres, sont présents dans cette manifestation thématique qui raconte ces années de recherches fructueuses, conjointes ou parfois opposées, réalisées par ces créateurs. Ils disent les liens qui les unissent ou leurs oppositions, ainsi que les passerelles jetées entre les différents mouvements auxquels ils ont participé: néo-primitivisme, cubo-futurisme, suprématisme, rayonnisme et constructivisme.
L’exposition démarre avec “L’Anneau”, tableau de Chagall. Une œuvre sombre à souhait...
Mais dès la première salle, c’est reparti! Au point qu’on se demande si le Chagall n’a pas été accroché là pour créer, au départ, un effet de contraste et ce qui suit. En l’occurrence, une vivacité créatrice et une palette très variée, aussi bien sur le plan chromatique que stylistique.

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“Composition suprématiste”, de Kazimir Malevitch.

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“Suprématisme”, de Tchachnik.

PEINTURE PUISSANTE
Il y a là un “Portrait de Varvara Petrovna Vinogradova”, d’Ilia Machkov qui disait: “Avec notre art, nous avons voulu détruire le monde peint des choses mortes, nous avons voulu que la peinture devienne puissante, saturée de coloris abondants...”
Dans cette œuvre, on retrouve les valeurs chromatiques chaudes, le travail des surfaces en motifs complexes et l’extrême simplification des formes qui devinrent pour l’artiste les principales constantes de son œuvre.
Avec Michael Larionov et “Les danseurs”, on est face à une composition prouvant l’attention particulière que porte le plasticien-décorateur des célèbres “Saisons russes”, de Diaghilev, auteur d’un ouvrage fondamental sur le ballet à la nature rythmique du mouvement, qui deviendra l’une des principales matières enseignées à l’Académie nationale des sciences artistiques.
Pavliev Filonov qui aimait à dire: “Je suis le peintre de l’épanouissement mondial et, par conséquent, un prolétaire”, donne à voir “Les Vachères” qui font partie de son cycle célèbre “Introduction à l’épanouissement mondial”, composé de 22 tableaux. Le peintre essaie de matérialiser des réflexions sur l’harmonie perdue de l’existence. Cette œuvre représente une scène quotidienne de la vie paysanne, en harmonie avec la nature dont le naturel et l’immuabilité sont comparables à l’éternité.
“Les Vachères” est une allégorie. Le profane et le sacré, les sujets éternels et ordinaires s’entremêlent dans la structure symbolique de cette composition.
On regarde, aussi, avec intérêt la “Cathédrale Saint Basile” très kaléidoscopique de Lentoulov. Au fil du parcours, celle-ci va s’affirmer de plus en plus et donner lieu à quelques sommets.

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“Nu”, de Tatline.

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“La Cathédrale Saint Basile”, de Lentoulov.

EXEMPLE DU CUBO-FUTURISME
Aussi, dès la deuxième salle, trouve-t-on trois Malevitch “Moissonneuse II”, dont le format carré permet à l’artiste de trouver d’étonnantes solutions plastiques pour caser sa figure féminine, “Le Faucheur” qui reprend un sujet populaire, le “Portrait perfectionné d’Ivan Kilonna”, l’exemple le plus caractéristique du cubo-futurisme. L’artiste y reprend des structures géométriques du “Faucheur”, mais pour les amener vers une composition plus abstraite, taillée à la serpe et d’une rigueur magnifique.
On retrouve, ensuite, trois toiles: “Le carré noir”, “La croix noire” et “Le cercle noir” qui témoignent de l’incroyable vitesse de renouvellements et ponctuent, de façon sublime, la fin de la première partie de l’exposition.
On remarque, également, dans cette manifestation la présence très importante de femmes artistes, telles Xenia Ender, Alexandra Exter, Natalia Gontcharova... La visite révèle des chefs-d’œuvre comme “Homme + Air + Espace”, de Popova; “Le Vélocipède”, de Gontcharova pour ne citer que quelques exemples...
Il est impossible de commenter dans ces colonnes chacune des œuvres exposées et de parler de ce véritable musée dans la nature. La Fondation Maeght draine plus de 25.000 visiteurs chaque année et renferme dans ses murs des œuvres de Braque, Calder, Miro, Giacometti, Léger, Tal-Coat...

Par Sonia NIGOLIAN

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