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Zao Wou-Ki à la galerie du Jeu de Paume à Paris
Du signe au fracas…
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Festival du Bustan:
Onze ans au service de la culture musicale
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Zao Wou-Ki à la galerie du Jeu de Paume à Paris
Du signe au fracas…

Au début était le signe, mais le peintre Zao Wou-Ki, objet d’une belle rétrospective à la Galerie du Jeu de Paume à Paris, en a brisé le carcan pour se projeter dans l’espace, en masses et constellations colorées.

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L’orchestre symphonique de la radio de Budapest.

A cette exposition, on peut voir une centaine de toiles, dont de grands triptyques mais, aussi, des aquarelles et encres de Chine, provenant surtout de collections privées, retraçant le cheminement de cet artiste français né à Pékin.
Zao Wou-Ki, membre de l’Académie française des Beaux-Arts (AFBA), a été élu il y a quelques temps au fauteuil précédemment occupé par Jean Carzou.
Il a été, également, reçu sous la Coupole de l’Institut de France.
On découvre dans la palette de ce grand artiste de la joie, de la tristesse et de la mélancolie, les étroites relations des couleurs qu’il laisse s’épanouir avec une transparence personnelle dont la conquête lui appartient.
Le créateur qui a, depuis toujours, pointé un doigt accusateur sur Cézanne et Picasso, les rendant directement responsables d’une libération de la peinture qu’il considère trop grande, est devenu ce plasticien nourri de peinture occidentale et orientale.

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Le quartette viennois.

UN ACCROCHAGE IMPECCABLE
Au bonheur de découvrir des œuvres éblouissantes, jamais vues ou présentées pour la première fois depuis plus de vingt ans, s’ajoute aujourd’hui celui d’un accrochage impeccable que l’on doit à Daniel Abadie, commissaire de l’exposition.
Il signe là l’une de ses dernières mises en scène.
Et au visiteur de découvrir, en plein jour, une œuvre de lumière née près de Shanghai: d’abord, dans la contrainte des exercices imposés par un grand-père féru de calligraphie; puis, mûrie à l’école des Beaux-Arts de Hangzhou.
Zao Wou-Ki n’a, alors, que 14 ans et déjà, pour avoir vu les reproductions d’œuvres impressionnistes, il sait qu’il doit briser le carcan de l’encre de Chine et s’ouvrir à la peinture à l’huile.
Il s’installe à Paris en 1948, pétrifié à l’idée de verser dans les “chinoiseries”.
Et comble d’ironie, il est nommé professeur de dessin à l’école des Beaux-Arts, en raison de sa maîtrise des techniques traditionnelles chinoises.

UNE ŒUVRE TELLURIQUE
Ses premières toiles en France, telles “Paysage avec des oiseaux”, “Femme dans la forêt”, “Paysage ou femme endormie”, sont faites de tracés délicats cohabitant avec des halos de lumière, évocateurs des paysages de rouleaux chinois.
C’est lors d’un voyage en Suisse qu’il découvrira Paul Klee, influencé par l’art chinois, ce qui l’aide à concilier sa peinture des origines, tout en entrant dans l’univers de la peinture occidentale.
“Il neige”, “Corrida”, “Golden city”, “La Terre rouge et la Mer jaune” sont des merveilles de délicatesse qui n’échappent pas à Henri Michaux.
Mais bientôt, l’artiste se libère de l’influence de Klee, de la figuration et plonge dans l’abstraction.
Une dynamique inouïe envahit son œuvre: les rouges et les noirs dégagent des impressions telluriques, les verts et bleus des coulées abyssales, les noirs et les blancs des glaciers craquants.
On y pressent des orages, des aurores boréales, des éruptions volcaniques.
“Le feu se fait les dents avant de bondir sur sa proie rugueuse”, écrit René Char.
Monter en dissimulant, briser et faire trembler la ligne directe, tracer en musant les détours de la promenade et les pattes de mouche de l’esprit rêveur, voilà ce qu’aime Zao Wou-Ki.

Par Sonia NIGOLIAN

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Festival du Bustan:
Onze ans au service de la culture musicale

Du 18 février au 21 mars 2004, l’événement culturel de la saison d’hiver sera au rendez-vous pour plus de 32 spectacles différents, avec un spécial clin d’œil aux jeunes.

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Les couleurs se fondent dans des coulées abyssales.

Sans équivoque, le comité du Festival musical du Bustan réitère et affine son engagement: rendre accessible la musique occidentale de qualité au public libanais, introduire de jeunes talents de renommée mondiale et offrir une activité culturelle intensive durant 40 jours. Un défi à la mesure de la passion de ses organisateurs qui n’ont eu de cesse, dès le lendemain de la guerre libanaise, de promouvoir l’image du pays et de diversifier les occasions, pour initier la génération de la relève à connaître et apprécier la musique internationale contemporaine.

Tous les soirs, une scène différente
Toujours sur sa lancée d’offrir pratiquement tous les soirs un spectacle différent, le Festival du Bustan, persiste et signe sa onzième édition, malgré toutes les difficultés qu’engendre un événement de cette envergure. Il n’est pas inutile de rappeler que ce festival, le premier à ouvrir la voie à tous les autres qui lui ont succédé, alors que le festival de Baalbeck n’était plus qu’un lointain souvenir, est le seul qui se déroule en hiver. Il ne peut donc profiter de l’afflux des touristes et des émigrés qui visitent le pays en été. Sans aide des autorités officielles, le ministère du Tourisme ignorant, royalement, l’événement, il doit organiser en un mois la venue de centaines d’artistes et monter, tous les soirs, une scène différente qui joue, sans pouvoir attendre une quelconque critique encourageante.
Il est heureux de constater que les adeptes du Festival du Bustan se font de plus en plus nombreux, surtout parmi les jeunes. Cette fidélisation accrue est due à l’engouement des Libanais pour la musique (le Conservatoire libanais reçoit plus de 13.000 demandes par an d’après son directeur, M. Walid Gholmieh), mais probablement, aussi, à la qualité des concerts qui s’y donnent, à leur diffusion à travers le pays, répandant la culture souvent dans des régions inédites et indiscutablement au choix de très jeunes talents qui suscitent l’intérêt, justement, par la brillance exceptionnelle de leur prestation.

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De son œuvre se dégage des impressions telluriques.

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Un artiste nourri de peinture occidentale et orientale.

Conditions spéciales pour étudiants et élèves
Conscient de son rôle dans la promotion de la culture, le comité organisateur et ses sponsors, facilitent l’accès des jeunes Libanais à cette grande fête de la musique classique: des prix de groupe ou de série (comme, par exemple, pour les cinq concerts de piano ou les cinq concerts de musique de chambre), des escomptes de 50% pour les étudiants, des places offertes pour les élèves les plus intéressés, des ateliers de théâtre et de chant, un choix de très jeunes artistes auxquels ils peuvent s’identifier, de quoi donner le goût aux mélomanes libanais de la nouvelle génération, de vivre ces grands moments culturels.
Ce souci constant de répandre la culture est, cette année, encore présent dans le choix des spectacles. A titre d’exemple, deux messes solennelles sont proposées, une petite, celle de Rossini et la grande de Beethoven, de quoi permettre de comparer et comprendre pour apprécier.

Un programme varié avec plus de 300 artistes
Comme à l’accoutumé, un patrimoine européen musical précis a été choisi, dans le but de mieux le faire connaître. Cette année, le sort tomba sur la Hongrie, autour de Liszt et de son orchestre de chambre. A mi-chemin entre l’Orient et l’Occident, ayant vécu le joug ottoman, la musique hongroise qu’il ne faut pas confondre avec la musique tzigane, présente un curieux mélange que les Libanais sont invités à découvrir sur place: une troupe de chanteurs populaires, un spectacle avec la vedette Marta Sebestyen (qui a interprété la chanson du film “The English Patient”), des chorales, un ballet hongrois, l’orchestre symphonique de la radio de Budapest.
Le Festival du Bustan présentera, en outre, l’opéra de chambre de Varsovie, un spectacle de percussions (xylophones) proposé à l’école Notre-Dame de Jamhour, l’opéra italien dans un concert, avec deux pianos pour quatre mains, le Liebeslieder, de Brahms, l’opéra Helikon, une sexte de l’orchestre philharmonique de Berlin, un quartette viennois, un concert de neuf solistes français, une soirée orientale avec la chanteuse Ghada Shbeir et la participation, bien entendu, de l’orchestre symphonique libanais.
Le programme détaillé est distribué dans plusieurs points de vente, toutes les librairies, l’Agenda culturel, dans différentes publications locales et sur le site du
festival@al-bustan-lb.com
Pour tout renseignement, contacter le 04-972980.

Par Nicole MALHAMÉ HARFOUCHE

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