Les monts blancs du Liban, une splendeur... du tonnerre!

C’est à la blancheur de ses cimes que le Liban doit son nom, dérivé de “Laban” (lait). Et s’il est réputé pour être la Suisse de l’Orient c’est, entre autres, pour ses monts enneigés rares, sinon uniques dans ce Proche-Orient désertique et brûlant à plus d’un titre.

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Fidèle à sa géographie millénaire et à son climat varié depuis toujours, le pays connaît, actuellement, une tempête violente qui a fait chuter les températures au-dessous de zéro, atteignant -7Þ dans certaines régions, recouvrant ses montagnes, ses villes et ses villages d’un splendide manteau blanc. Il ne manque au paysage que le Père Noël pour que la féerie soit complète. Mais si nos enfants sont heureux à la perspective des week-ends neigeux qui les attendent, la tempête n’a hélas! pas eu que du bon!

ORAGES, NEIGE ET VENTS
Février qui, dit-on chez nous, fleure bon l’été en dépit de sa folie, n’a pas tardé, après quelques jours de soleil éclatant, à faire des siennes!
La vague de froid qui a submergé le pays, a provoqué de nombreux dégâts et causé nombre de dommages aux hommes, aux habitations, aux vergers et au bétail. Sans compter les pannes d’électricité et les chutes de neige qui ont isolé de nombreux villages, atteignant 2 m à Rachaya et 1 m à Jezzine. Sur la côte, les vagues ont littéralement explosé à une hauteur de plusieurs mètres balayant le rivage et les pluies abondantes ont noyé la capitale dans l’eau et les embouteillages inextricables.
Les vents fous ont soufflé à une vitesse folle (90 km/h) et la visibilité, mauvaise en montagne, était parfois voilée même en ville.

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“LES INCREVABLES” ... DONT VINCENT BATTLE
Des dizaines d’opérations de sauvetage ont mobilisé les militaires, les FSI et les secouristes, des citoyens inconscients se croyant increvables, ayant emprunté les routes des Cèdres et de Dahr el-Baïdar, en dépit des multiples mises en garde de M. Najib Mikati, ministre des Travaux publics, de la Défense civile et de l’armée. Bloqués dans la neige, ils ont attendu la délivrance qui a nécessité l’activation incessante des organismes de secours pendant tout le week-end.
Même M. Battle, ambassadeur des Etats-Unis, a été bloqué sur la route des Cèdres et sauvé par les équipes de secours. Le caporal de l’Armée libanaise Nayef Radi Abou-Zeid (35 ans), a trouvé la mort par électrocution samedi, suite à la chute d’une ligne de haute tension qui a cédé sous le poids de la neige.
A Dahr el-Baïdar, la route était ensevelie sous un mètre et demi de neige et les chasse-neige sont parvenus, difficilement, à la déblayer pour l’ouvrir à la circulation. Une fine couche blanchâtre avait même couvert le littoral dans la nuit de samedi à dimanche.
Ainsi et malgré les appels à la prudence, de nombreux Libanais ont trouvé moyen de les ignorer. L’Armée libanaise a publié, dimanche, un communiqué mentionnant qu’elle avait dégagé de la neige 120 personnes et 73 voitures au Mont-Liban; 63 personnes et quatre automobiles au Liban-Nord; 392 personnes et 122 véhicules dans la Békaa, samedi 130 automobiles avaient été bloquées sur la route de Bécharré-les Cèdres et 300 personnes dégagées de leurs voitures.
D’autre part, de vieilles personnes et des malades isolés dans leurs villages enneigés, ont été soignés par les secouristes qui n’ont lésiné sur aucun effort ni moyen.
Si, dès 700 mètres les routes étaient déclarées fermées à la circulation des véhicules non munis de chaînes, le trafic maritime dans les ports de Tyr et Saïda a été interrompu, en raison des vents violents qui ont dépassé 70 km/h!

LA MONTAGNE EN NOIR ET BLANC
Blanche et plongée dans le noir, ainsi est apparue la montagne libanaise après la tempête de neige qui s’est abattue sur le Liban, isolant les villages reculés et provoquant de graves dommages aux réseaux électriques.
Eboulement de terrains et déracinement d’arbres ont rompu de nombreux câbles électriques, notamment dans la région de Bécharré. Egalement dans le noir, les localités montagneuses qui s’approvisionnent en courant des stations situées à plus de 700 mètres d’altitude, comme Mayrouba, Faraya, Ouyoun al-Simâne, Baakline, Deir el-Kamar, Kobeyate, Akkar al-Atika, Sfiré, le “jurd” du Hermel, Kfar-Zabad, Chébaa, Ammik et Rachaya.
Les éclaircies annoncées ont, en effet, permis de réparer nombre de réseaux électriques quand cela a été possible et d’évaluer les nombreux autres dégâts survenus: glissements de terrain, affaissement de routes, ruptures des câbles électriques de haute tension.
Le ministre des T.P. a encore annoncé que son département avait acheté de nouveaux chasse-neige qui ont été distribués aux régions qui en ont le plus besoin, assurant qu’il poursuivra d’arrache-pied la réouverture des voies publiques.
Au Liban, c’est pourtant, presque la fin de l’hiver qui tire, tonitruant, sa révérence!

N.EL-K.N.
Article paru dans "La Revue du Liban" N° 3937 - Du 21 Au 28 Février 2004
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