Miracle à Mtayleb:
Un bébé tombe du cinquième étage et...
s’en tire avec quelques égratignures

Les miracles ont des raisons que la raison ne connaît pas, est-on tenté de dire sur cette histoire vraie qui s’est passée non loin de chez nous, à Mtayleb, dans le Metn.

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Eddy... rien que des égratignues,
le bandage ne servant que pour retenir le sérum.

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Une fenêtre désormais condamnée.

A deux ans et demi, Eddy Manih n’oubliera pas de sitôt l’étrange vol qu’il a fait depuis la fenêtre de la cuisine de sa maison, pour se retrouver cinq étages plus bas, sain et sauf. Un arbre au feuillage dense et une treille de vigne ont amorti sa chute et sauvé mirculeusement le bébé. Le récit du jeune héros du jour se résume en quelques mots: “fenêtre, tombé, badaboum...” Celui de son père, par contre, est émouvant, ce père qui, pendant quelques mi-nutes effroyables, a cru son fils perdu à jamais, ou tout au moins, gravement blessé.
“C’était le mardi 20 avril à sept heures trente du soir. Nous étions dans la salle de séjour, raconte-t-il, avec ma mère, mon fils de trente mois, Eddy, ma fille de six mois, Lynn et mon cousin Maroun, mon épouse s’étant rendue chez le dentiste. Les enfants regardent des dessins animés sur une chaîne câblée; puis, à un moment donné, Maroun et Eddy se rendent dans la cuisine. Ce qui s’y est passé, c’est mon cousin qui me l’a raconté. Eddy jouait avec un pot de conserve vide posé sur la table. Maroun le lui enlève des mains et le met dans l’évier. Le bébé grimpe sur la table, proche de l’évier, pour le prendre et s’appuie sur la fenêtre qui les jouxte. Mais pour son malheur, la vitre est ouverte et... il se retrouve dans l’air. Maroun, affolé, se précipite dans le séjour pour nous prévenir à forces gestes; je saute dans la cuisine pour voir, par la fenêtre, ce qu’il en est advenu de mon fils, que je distingue cinq étages plus bas, habillé de son survêtement jaune.

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L’arbre et la treille vus du cinquième étage d’où l’enfant est tombé.

“Pour moi, la question fut de le rejoindre au plus vite, je fus même tenté de le faire par la fenêtre; n’est-ce pas le trajet le plus rapide? C’est fou ce que l’on peut penser dans des moments pareils. Je me précipite alors dans l’ascenseur - lequel heureusement se trouvait à notre niveau - et descend ainsi deux étages. Ensuite, il a fallu dégringoler le chemin qui entoure l’immeuble, trois étages plus bas. J’étais pieds nus et ne m’en étais même pas aperçu. Durant ces interminables moments, j’imagine mon fils mort, sinon grièvement blessé. Je ne suis même pas arrivé, que j’aperçois mes voisines accourir vers moi, l’une d’elles portant Eddy dans ses bras. Plus tard, on me dira que j’avais le visage blême et mes lèvres bleues tremblaient. Mais sur le coup, toutes mes pensées étaient penchées sur mon fils, que je pris dans mes bras; il me souriait et je le tapotais partout. Il n’avait rien. Juste quelques égratignures au ventre. Rien d’autres! Dieu soit loué! Mon autre cousin, qui est, également, notre voisin de palier, nous emmène avec sa jeep aux urgences de l’hôpital Abou-Jaoudé. Le résident qui l’examine, achève de me rassurer sur l’état du petit. J’appelle la maison pour informer ma mère de la situation. Ma femme qui est entre-temps rentrée à la maison, ignorait encore ce qui s’était passé. Ils ont craint de lui dire toute la vérité. Ils lui ont juste dit qu’Eddy avait fait une chute mineure dans l’escalier et que je l’avais pris à l’hôpital. Mais à leur mine, elle soupçonnait autre chose, surtout quand, au téléphone, je lui avais commandé de m’apporter quelques vêtements, car j’allais dormir à l’hôpital. Le petit devait subir quelques examens de plus le lendemain, pour que l’on soit plus sûr. Ma femme qui est venue nous rejoindre avec ses parents qui sont, en fait, mon oncle maternel et son épouse, n’a su la vérité que quand tout le monde s’est retiré. Elle a passé toute la nuit à pleurer. Le jour suivant, les médecins ont fait subir à Eddy toutes sortes d’examens et de radios. Il n’a rien. Il a juste le pied un peu endolori. Aujourd’hui, j’ai fait installer aux fenêtres un grillage protecteur. Quand Eddy voit le grillage sur la fenêtre de la cuisine, je sens son visage se détendre. Il a tout de suite senti que c’était pour le protéger. Nous construisons, aussi, une petit sanctuaire dédié à la Vierge à l’endroit où il est tombé. C’est sûrement une intervention divine qui a rendu possible ce miracle, car l’arbre qui a amorti la chute est loin de trois mètres de l’immeuble. Ceci n’a fait que renforcer notre foi en Dieu. Peut-être guérira-t-Il, un jour, notre fille qui souffre de mucoviscidose, maladie congénitale qui affecte le pancréas?”
Les accidents domestiques sont hélas! trop nombreux, les causes étant parfois la négligence des adultes qui en ont la charge ou leur ignorance des dangers qui entourent leurs petits. Heureusement que dans le cas de la famille Manih, le sort leur a été clément.

Propos recueillis par Hélène RECHMANY
Article paru dans "La Revue du Liban" N° 3947 - Du 1er Au 8 Mai 2004
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