William Sawaya met le Liban à l’honneur au Salon du meuble de Paris

Né à Beyrouth en 1948, diplômé de l’Académie libanaise des beaux-arts, William Sawaya s’est installé en Italie en 1984, date à laquelle il a fondé la société “Sawaya & Moroni Contemporary Furniture”. Après une trentaine d’années de “cheminement épineux” et d’expérience, il s’est fait un nom sur la scène internationale du design. Mariant l’esthétique et le confort à partir d’une matière froide pour créer des objets sensuels et agréables au regard, il crée des meubles dont les lignes courbes et harmonieuses rendent la substance aérienne et ne ternissent en rien le confort.

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A l’occasion du Salon international du meuble à Paris, Sawaya a lancé l’idée de faire connaître le design libanais en lui consacrant une exposition spéciale dans le cadre du salon. Ainsi, le “switch on Lebanese design” qui a permis à de jeunes créateurs libanais d’exposer leurs dernières inventions, a été inauguré le jeudi 13 janvier dernier, en présence de M. Renaud Donnedieu de Vabres, ministre français de la Culture et Mme Sylvie Fadlallah, ambassadeur du Liban en France.

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Exposition consacrée aux jeunes créateurs libanais
Pourquoi avez-vous organisé une exposition réservée aux créateurs libanais lors du Salon du meuble de Paris?
L’idée m’est venue de profiter du Salon international du meuble à Paris pour présenter les jeunes créateurs libanais. En effet, il est difficile pour les designers libanais de se faire connaître à un niveau mondial et dans un milieu professionnel assez fermé. Prendre sa place dans le monde du design n’est pas évident. Les jeunes créateurs libanais réalisent des modèles et des dessins d’une grande qualité, mais d’une façon artisanale et il faut les aider à percer. Nayla Romanos s’est chargée du suivi au Liban et d’une présélection; ensuite, nous avons dû faire un choix parmi une soixantaine de modèles, pour n’en garder que 26. Un comité d’honneur dirigé par M. Patrick Renaud, président général du Salon et Mme Marie Laure Jousset, directrice de la section design au centre Pompidou, s’est déplacé au Liban pour procéder sur place à un premier choix parmi les modèles présentés. Plusieurs personnalités font partie de ce comité de parrainage, notamment, MM. Henri Griffon, président des Industries françaises de l’ameublement; François Barré, ancien président du Centre Georges Pompidou; Michel Roset du Groupe Roset et Mme Christiane Tawil, directrice de la revue Déco…

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Critères de sélection
Quels ont été les critères de sélection?
L’exposition étant consacrée aux professionnels, nous avons recherché les créateurs qui corres-pondaient aux besoins de la profession et s’adaptaient le mieux à cette exposition. Lorsqu’on pense design, on doit tenir compte de la possibi-lité de reproduction industrielle, de la simplicité de production et de ligne pure de l’objet qui attire le regard. Nous sommes obligés de respecter plusieurs facteurs pour fixer notre choix. Beaucoup de créateurs peuvent faire des modèles qui resteront dans le domaine de l’artisanat sans rejoindre, nécessairement, le domaine du design.
Pour pouvoir trouver les modèles que nous recherchions, nous avons effectué des recherches à travers des associations ou des galeries qui commençaient à promouvoir des designers. Nous avons, également, demandé aux universités de nous faire connaître leurs anciens élèves. Par ailleurs, Christiane Tawil, rédactrice en chef du magazine Déco, nous a aidés en consacrant des numéros de sa revue à ce thème. Ainsi, des créations libanaises de très haut niveau ont pu être présentées aux professionnels du monde entier.
Avez-vous bénéficié d’aides pour mener à bien ce projet?
Nous avons obtenu quelques sponsors locaux, mais l’aide la plus importante a été fournie par les responsables de la Foire de Paris. Une compagnie autrichienne Zumtobel Staff a offert la mise en place d’un éclairage très professionnel et la compagnie nationale MEA a pris en charge le déplacement des jeunes Libanais à Paris. Eddé Sands a, également, bien voulu imprimer le catalogue. Au niveau gouvernemental, l’exposition a reçu le soutien des ministères français et libanais de la Culture, ainsi que de l’ambassade du Liban en France.
Que représente pour vous la réussite de cette exposition?
Mon associé Paolo Moroni et moi-même, avons pris l’initiative de cette exposition pour promouvoir de jeunes designers libanais et donner une visibilité internationale à leur art. Les créations exposées prouvent à quel point ils méritent d’être encouragés. Je dois constater que cette exposition a connu un grand succès parmi les professionnels et la presse spécialisée. C’est donc un premier succès, mais cela à mon avis ne suffit pas; il faudrait que les responsables libanais tiennent compte de ces capacités créatrices en encourageant le secteur artistique et industriel libanais. Sinon la conception de ces prototypes restera “lettre morte”. Ce serait navrant, car la création libanaise est de grande qualité et fait honneur à notre pays.

Zeina EL-TIBI Paris
Article paru dans "La Revue du Liban" N° 3985 Du 22 Au 29 Janvier 2005
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