Christian Chesnot, 38 ans, journaliste de Radio France Internationale et Radio France, est un spécialiste du Proche-Orient. Avec un autre journaliste, Georges Malbrunot, il a été détenu en otage en Irak pendant 124 jours, avant d’être libéré le 21 décembre 2004. Ils publient un ouvrage dans lequel ils racontent leur histoire, livrent le secret des négociations souterraines qui ont abouti à leur libération et nous invitent à réfléchir sur quelques questions fondamentales, telles que la condition de journaliste en temps de guerre, les limites de la liberté d’informer ou encore la condition d’otage. Christian Chesnot a bien voulu répondre en exclusivité aux questions de “La Revue du Liban”.
Vous publiez cette semaine, avec Georges Malbrunot, un ouvrage intitulé “Mémoires d’otages, notre contre-enquête” (éd. Calmann-Lévy). Pourquoi ce livre?
A vrai dire, au début, Georges Malbrunot et moi-même n’étions pas très tentés pour écrire un livre relatant cette triste expérience. Nous craignions un peu certaines réactions négatives. D’autant plus que, jusqu’à présent, j’avais tendance à critiquer les stars ou les personnalités qui, à mon sens, “vendent” leur expérience. J’avais le sentiment que c’était presque indécent et je voulais, surtout, éviter la réaction de “voyeurisme” que le livre pouvait provoquer.
Finalement, lorsque, depuis notre retour en France, j’ai découvert la mobilisation que notre enlèvement avait suscitée et je sais combien cette mobilisation a contribué à nous protéger, j’ai mesuré l’importance de cette union nationale qui s’était créée pour réclamer notre libération. J’ai, alors, senti comme un devoir moral vis-à-vis de ces personnes qui nous ont manifesté, à Georges et moi, tant de sympathie. C’est notre manière de remercier tous ceux qui nous ont soutenus, en apportant un témoignage sur cette expérience.
Dans le prologue, nous remercions, d’ailleurs, non seulement les Français mais, aussi, tous les Arabes et les musulmans qui ont déployé des efforts pour notre libération et tous ceux qui ont été à nos côtés pendant cette période de captivité.
Par ailleurs, lorsqu’on a vécu une telle expérience, on a envie de mettre un point final à cette affaire. C’est la seconde raison qui m’a encouragé à accepter de raconter et de dégager mes sentiments dans un livre. Après tout, je suis journaliste et ma façon de m’exprimer consiste à raconter et tenter d’expliquer. Maintenant tout est noir sur blanc, nous allons pouvoir tourner la page et passer à autre chose.

Notre collaboratrice Zeina el-Tibi et M. Christian Chesnot.
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Un double récit
Votre livre se présente-t-il comme un témoignage de ce que vous avez vécu ou comme une réflexion?
En réalité, nous faisons deux récits. Le premier relate notre captivité au jour le jour; nous racontons tout ce qui s’est passé pendant ces quatre mois. La deuxième partie elle-même divisée en deux: d’une part, une sous partie que nous avons intitulée: “Vue de France”: c’est-à-dire nos familles et toute la mobilisation que notre captivité avait suscitée. La deuxième partie est consacrée à une contre-enquête. Nous avons revu toutes les personnes qui ont participé à notre libération: les agents de la DGSE, le ministère des Affaires étrangères, les diplomates, les divers acteurs de l’ombre, etc. Nous avons regroupé les témoignages des personnes qui avaient été actives à cette période. Nous sommes, également, retournés en Jordanie où nous avons revus des diplomates et des responsables jordaniens et irakiens. J’ai été à Qatar, où j’ai rencontré des journalistes d’al Jaziera qui travaillaient en Irak. En fait, j’ai repris mon rôle de journaliste et d’investigateur mais dans une enquête peu banale, puisqu’elle me concernait. En réalité, cette recherche est véritablement déroutante, dans la mesure où j’ai eu le sentiment de m’observer à travers toutes les personnes qui ont directement ou indirectement été citées dans notre dossier.

Les voisins du Liban seront toujours les Syriens
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Didier Julia a été manipulé
Avez-vous discuté avec le député Didier Julia, dont le rôle dans cette affaire a été contesté et critiqué?
L’affaire Julia était l’affaire dans l’affaire. Nous avons voulu le rencontrer par honnêteté intellectuelle. En effet, nous allions forcément parler de lui dans le livre; il fallait donc mettre au clair cette affaire et, surtout, nous l’avons interrogé pour avoir des explications. Mais en vérité, ses explications ne nous ont pas convaincus. Il est évident que Didier Julia ne cherchait pas à nous nuire mais le reproche qu’on peut lui faire, c’est que s’il voulait intervenir pour nous aider, il aurait fallu le faire en secret sans médiatisation. Ce genre d’opération pour être efficace ne se fait pas tambour battant. On ne fait pas des pourparlers avec des ravisseurs en donnant des déclarations tonitruantes à Orly, encore moins en vo-yageant avec cinquante journalistes dans le même avion! Nous avons eu l’impression qu’il voulait couvrir ses deux acolytes, Philippe Brett et Philippe Evanno. Ils l’ont manipulé et eux-mêmes, ont été manipulés par leurs sources irakiennes. Une sorte de fuite en avant médiatique s’est installée, on a, alors, dit tout et n’importe quoi. Puis, il y a eu les fausses informations communiquées par le biais de Didier Julia concernant la présence de son collaborateur sur place, alors que nous n’avons vu aucun médiateur français, pas plus que notre convoi n’a jamais été attaqué, Julia, mal informé ou manipulé, était peut-être de bonne foi, mais il n’y a aucune preuve sur tout ce qu’il avait avancé comme argument.
Vous en voulez à Julia?
Lorsqu’on sort vivant d’une telle expérience, on finit par chercher à tourner la page. Mais son comportement a été nul, car il a mis notre vie en danger.
La filière électronique
On a beaucoup dit que les pourparlers entre les services français et les ravisseurs s’étaient établis par plusieurs moyens, notamment par Internet…
En effet, c’est pendant le mois de septembre que ce que nous avons appelé la “filière électronique” s’est mise en place. C’est une première dans l’histoire des prises d’otages. A savoir, que nos ravisseurs vont dialoguer et échanger des messages avec les autorités françaises sur Internet. L’usage d’Internet présente beaucoup d’avantages, en particulier pour ce qui concerne la sécurité des divers interlocuteurs. Nous savons maintenant que, suite aux négociations conduites par la voie électronique, le gouvernement français pensait à ce moment que nous allions être rapidement libérés. C’est, d’ailleurs, à cette époque que vont intervenir, Brett et Evanno, faisant des déclarations selon lesquelles notre libération était imminente. Ils sont venus tout polluer et nos ravisseurs, troublés par cette situation, firent passer aux responsables français un message dans lequel ils qualifiaient les déclarations d’intempestives et irresponsables. Le fil a été rompu et il a fallu attendre un mois afin de renouer les contacts et reprendre les pourparlers.
Le rôle de la Syrie n’a pas été négatif
Quel a été le rôle de la Syrie à cette époque?
Nous avons eu de preuves assez fiables montrant que la Syrie a voulu utiliser l’affaire. Le gouvernement syrien aurait bien aimé tirer les marrons du feu. Il faut se rappeler du contexte: c’était au moment de la résolution 1559 et si nous avions réapparu à Damas –et grâce aux Syriens- les relations entre les deux pays se seraient détendues. Les Syriens ont essayé d’envoyer des agents du renseignement à Falloujah pour prendre des contacts. Ils auraient bien aimé jouer un petit rôle. Mais l’action de la Syrie n’a jamais perturbé notre libération et n’a pas été négative. Au contraire, lorsque le général Philippe Rondot s’est rendu à Damas, les moukhabarats syriens l’ont aidé et le gouvernement syrien a mis à sa disposition toutes les aides nécessaires pour faciliter sa mission. Cela dit, certaines lignes rouges ne devaient pas être dépassées et Michel Barnier, ministre des Affaires étrangères, avait envoyé des messages à Farouk el-Chareh pour lui demander de ne pas s’en mêler.
Il faut dire que, dans le contexte particulier de chaos et d’intrigues qui règnent aujourd’hui en Irak, il fallait être très prudents, éviter toute manipulation ou toute interférence. La DGSE (services secrets français) a eu beaucoup de difficultés pour trouver des contacts fiables, pour baliser les pistes et trier les interlocuteurs, car des dizaines de personnes se présentaient à l’ambassade pour dire qu’ils nous avaient vus à tel ou tel endroit ou vendre des renseignements. C’était un travail de vérification très méticuleux et dangereux, compte tenu de la situation anarchique dans laquelle Bagdad se trouve. Heureusement, les agents de la DGSE sont des professionnels remarquables.
Les responsables français ont-ils demandé de lire votre livre avant sa publication?
Naturellement, il fallait éviter de commettre des imprudences, d’autant que, hélas! il y a encore d’autres otages en Irak, notamment Florence Aubenas. La DGSE a donc relu notre livre. Il n’y a eu aucune modification et ils nous ont donné le blanc-seing. Bien sûr, nous avions pris des précautions pendant l’écriture. Nous avons, par exemple, maquillé les noms des personnes disons “sensibles” et certaines situations. Non pas pour cacher la vérité et les faits, mais nous ne voulions pas nuire à Florence Aubenas, qui est toujours en captivité et à d’autres otages.
Nous avions une sorte de responsabilité et un devoir de réserve. Nous avons dit le maximum afin que le lecteur trouve réponses à toutes questions qu’il pourrait se poser, mais sans compromettre qui que ce soit. Parfois, les événements sont codés, mais les explications se lisent entre les lignes.
Vous venez de parler de Florence Aubenas; qu’avez-vous à dire sur son cas?
Tout d’abord, que je pense tous les jours à elle et à son traducteur Hussein Hannoun al-Saadi. Ensuite, je suis conscient que Christian et moi étions deux et nous parlions arabe, ce n’est pas le cas de Florence et sa situation doit être moralement plus difficile. Durant notre captivité, nous n’avons jamais été maltraités; je prie pour qu’il en soit ainsi pour Florence. Régulièrement, nous faisons passer, à travers Radio France Internationale et RMC-Moyen-Orient des messages de soutien. Pour le reste, vous comprendrez que je ne puis faire aucun commentaire…
Les erreurs des Etats-Unis
Analysez-vous la situation en Irak dans votre ouvrage?
Nous racontons, évidemment, notre expérience irakienne, avant notre prise en otage. Nos ravisseurs sont pour la plupart des personnes de l’ancien régime, notamment ceux qui faisaient partie de la garde républicaine, des officiers de l’armée, etc. En gros, tous ceux qui ont été licenciés par les Américains au printemps 2003 et se trouvent aujourd’hui dans la Résistance. Nous évoquons donc les nombreuses erreurs commises par les Américains qui n’ont vraiment pas su gérer la si-tuation. Ils ont laissé se disperser dans la nature des gens armés qui, de surcroît, avaient des moyens financiers. Ces gens ont organisé la Résistance; d’autres les ont rejoints par la suite. Les Etats-Unis ont créé une situation ingérable dans laquelle ils sont maintenant embourbés.
Ne pensez-vous pas que des groupes avaient reçu la mission de préparer la Résistance bien avant l’entrée des troupes américaines à Bagdad? D’autre part, est-ce que la présence de M. Al-Joundi (votre guide en Irak) qui connaissait bien les proches du pouvoir du président Saddam Hussein, a aidé à vous ménager lors de votre capture?
Il est vrai qu’il y avait un noyau dur qui avait reçu la mission de préparer la résistance, avec des armes, du matériel et des moyens financiers. Notamment des cellules du Baas et des milieux militaires ou paramilitaires. Quant à Mohamed al-Joundi, il est resté avec nous pendant deux semaines du côté de Lattifiyé, avant que nous soyons déplacés vers Bagdad. Il était, en effet, très proche du système et a pu plaider notre cause, mais à un moment, il a failli être exécuté à cause d’une photo de son fils avec un général américain. Nos ravisseurs ont, alors, pensé qu’il était un espion. Cette photo restera un mystère; on ne sait toujours pas d’où elle venait.
Quel a été le rôle des Américains?
Les Américains savaient beaucoup de choses, puisqu’ils surveillaient tout, y compris l’ambassade de France qui était certainement sous écoutes. Apparemment, ils n’ont pas cherché à nuire, mais ils n’ont rien fait pour aider. On a dit qu’ils avaient bombardé l’endroit où on était capturé, mais nous n’avons aucune preuve. Il reste bien des zones d’ombre. D’ailleurs, c’est une des raisons qui nous a poussés à reprendre tout le dossier de presse nous concernant. D’abord, nous voulions voir un peu plus clair dans ce qui s’est réellement passé et nous voulions corriger ce qui a été déclaré sur nous. Nous n’avons, par exemple, jamais été échangés…
Les captures de journalistes font
le jeu des Américains
Retournerez-vous en Irak?
Plus personne ne va en Irak aujourd’hui. Peut-être dans cinq ou dix ans, quand les choses se seront calmées et que la démocratie sera bien établie. Même si je n’y retourne pas et je dois préciser que je n’ai rien contre le peuple irakien. J’en veux un peu à mes geôliers, mais pas au peuple. Je pense que prendre des journalistes en otages, c’est contre-productif pour la Résistance. Par ce comportement, ils servent les intérêts des Américains. Ces derniers n’attendent qu’une chose, c’est que personne ne puisse témoigner sur ce qui se passe réellement là-bas. Nous journalistes, nous observons une certaine neutralité, nous rendons compte et nous racontions les souffrances des Irakiens et des Irakiennes depuis l’occupation. Si personne ne peut témoigner, qui pourra alors dénoncer les crimes et les sévices de l’occupation?
En fait, ceux qui prennent les journalistes en otages et les exécutent, passent ainsi pour des terroristes et non pour des résistants. Malgré tout, je reste convaincu que, tant que l’Irak est occupé, il est tout à fait normal qu’une résistance s’amplifie face à cette occupation. Ces quatre mois de captivité ne m’ont pas fait changer d’avis par rapport à la situation politique que vit l’Irak, ni par rapport au peuple irakien. De même, ma sympathie pour les peuples libanais, syrien et palestinien est toujours la même. Je suis à Radio France en charge du Proche-Orient et j’aurai certainement l’occasion de retourner dans la région dans le cadre de mon activité professionnelle.
Risque de “libanisation”
Comment voyez-vous l’avenir de l’Irak?
On peut noter qu’il y a eu des élections pour aboutir à une sorte de gouvernement. A mon avis, les élections peuvent être une étape positive, même si je suis contre le fait qu’elles se soient déroulées sous occupation américaine. Par ailleurs, les chiffres de la participation aux élections ont été surévalués. En outre, on peut se demander si ces élections ne sont pas une bombe à retardement. En effet, il est clair que les chiites ont voté pour les chiites, les kurdes pour les kurdes, alors que les sunnites se sont abstenus.
On n’a pas voté pour un gouvernement, pour un parti ou pour des hommes qui pourraient représenter un idéal, mais selon des critères religieux ou ethniques. Par conséquent, il existe un risque de libanisation. Ce glissement ethnique et confessionnel me rend inquiet pour l’avenir de l’Irak. C’est l’essence même du pays qui est en question aujourd’hui, car les bases ne sont pas saines; on a le sentiment que c’est la violence interethnique et le repli sur soi même qui vont prendre le dessus.
Ce que je crains, aussi, c’est l’effet de contagion. Toute la région du Golfe et du Proche Orient, risque d’en pâtir, car tout est imbriqué. Ce ne sera certainement pas une expérience neutre; elle aura ses conséquences à court, moyen et long termes. Il y a un potentiel de déstabilisation énorme: c’est le Liban puissance 100!
Mais on peut se demander si cette partition ethnique n’est pas recherchée par les Américains et les Israéliens. A ce sujet, qu’en est-il de la présence du Mossad sur place?
Dix jours après la chute de Bagdad, nous avons été étonnés, Georges Malbrunot et moi, de la présence importante de “journalistes” israéliens à Bagdad. On a, par ailleurs, remarqué des plaques israé-liennes sur des véhicules qui circulaient sur la route de Bassora. On sait bien que les Israéliens ont, désormais, de multiples entrées en Irak. Beaucoup d’Israéliens juifs irakiens sont sur place à plusieurs niveaux…
Pour les Libanais, c’est le temps des défis
Vous êtes un spécialiste reconnu du Proche-Orient; quelle est votre analyse de la situation au Liban et que pensez-vous du retrait syrien?
Le retrait syrien est une excellente chose pour les Libanais mais, aussi, pour les Syriens. C’est même plus important à mon avis pour les Syriens eux-mêmes. Maintenant qu’ils se sont retirés, les Libanais se retrouvent face à eux-mêmes et à leurs responsabilités. Il leur sera difficile de mettre la faute sur la Syrie, chaque fois qu’un problème interne se posera. Pour les Libanais, c’est le temps de lever les défis. Cela ne sera pas une partie de plaisir; les connaissant bien, je les compare un peu aux Gaulois, qui ont toujours tendance à se chamailler.
En ce qui concerne les Syriens, aujourd’hui, ils peuvent retrouver une force au niveau du droit international. Puisque la communauté internationale, surtout les Etats-Unis et la France, leur demandaient de quitter le Liban pour appliquer les règles du droit international. Les Syriens sont en position de demander à la même communauté internationale de faire respecter les droits de la Syrie, en réclamant le retrait israélien du Golan occupé.
La Syrie peut exiger que la politique internationale ne soit pas appliquée selon deux poids deux mesures. Un autre point positif pour les Syriens, c’est que ce retrait va permettre au président Assad de se concentrer sur les problèmes internes et mettre toute son énergie sur les réformes. En outre, le retrait syrien devrait permettre de reconstruire un partenariat libano-syrien sur des bases saines. Comme le disait Napoléon, “on fait la politique de sa géographie” et quand on regarde la carte du Liban, il est évident que les voisins du Liban seront toujours les Syriens et non pas les Français ou les Américains. Il faudra donc trouver un accord ho-norable pour que les deux pays continuent à vivre en bon voisinage et je pense que les Libanais sont assez intelligents pour en comprendre l’importance.
Comment vivez-vous votre situation d’ex-otage?
Par rapport à mon équilibre moral, je pense que je m’en sors. Certes, il pourrait y avoir des conséquences psychologiques dans le futur. J’ai encaissé des chocs terribles et il n’est pas exclu que mon inconscient, qui les a gravés dans ma mémoire ne les ressorte pas à un moment ou à un autre. J’évite de dramatiser et j’ai confiance en l’avenir. Il est vrai que nous avons vécu des moments bouleversants et nous ne pouvons pas tourner la page avec un coup de baguette magique.
Il y a déjà des conséquences sur nous-mêmes: on voit la vie autrement et on a tendance à vouloir profiter de chaque moment que la vie nous offre. Nous prenons du recul par rapport à tout et avons le sentiment d’avoir changé. Nous ne sommes certainement plus les mêmes. Le plus important, à mon avis, est de ne pas focaliser sur cette épreuve pénible.
Ce qui m’agace, c’est ce qui intéresse les gens: ils veulent savoir si le gouvernement français a payé une rançon et si nous avons le syndrome de Stockholm. Certaines personnes ne comprennent pas pourquoi ma manière de juger nos ravisseurs est assez indulgente et se demandent même si je n’avais pas pris parti pour eux. Ils ne comprennent pas que nous sommes des journalistes et que notre métier consiste à savoir faire la part des choses. |