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“50 ans d’affiches françaises” au Musée Nicolas Sursock
Témoignage de l’évolution de l’art de l’affiche au XXème siècle
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À l’université Haigazian…
André Kalfayan ou les rêveries d’un promeneur solitaire
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“50 ans d’affiches françaises” au Musée Nicolas Sursock
Témoignage de l’évolution de l’art de l’affiche au XXème siècle

La Mission culturelle française au Liban organise, sous le patronage de M. Bernard Emié, ambassadeur de France, une exposition: “50 ans d’affiches françaises” au Musée Nicolas Ibrahim Sursock.

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Évolution de l’art de l’affiche au XXème siècle
L’exposition groupe cent affiches œuvres de plasticiens: peintres, affichistes, graphistes, décorateurs... qui ont marqué par leur production l’art de l’affiche au XXème siècle: Raymond Savignac, 1907-2002; Bernard Willemot, 1911-1989; Jean Carlu, 1900-1997; Paul Colin, 1892-1985; Hervé Morvan, 1917-1980; André François, 1915; Jacques Nathan-Garamond, 1910-2002; Jacques Auriac, 1922; Roger Excoffon, 1910-1983; Georges Mathieu, 1921; Charles Kiffer, 1902-1992; Jean-Denis Malclès, 1912-2002; René Gruau, 1910; Pierre-Laurent Brenot, 1913-1997; Marcel Jacno, 1904-1989; Jean Widmer, 1929; Jean Jacquelin, 1905-1989; René Ferracci, 1930-1982; William Klein, 1928; Bob Sine, 1928; Jean-Marc Reiser, 1941-1983; Georges Wolinski, 1934; Roland Topor, 1938-1997; Tomi Ungerer, 1931; Jean-Michel Folon, 1934; Christian Chapiron, 1956; Michel Quarez, 1938; Alain Le Quernec, 1944; Michel Bouvet, 1955; Pierre Peyrolle, 1945; Philippe Morillon, 1950; Cesare Andreini, 1947; Alex Jordan, 1947; Michel Batory, 1959; Ronald Curchod, 1954; Pascal Cohrat, 1966; Catherine Zask, 1961; Philippe Apeloig, 1962; Michaël Amsalag, 1968; Mathias Augustyniac, 1967.
Les affiches exposées fournissent l’évident témoignage de l’évolution de cet art à travers le XXème siècle. A partir des années 1930, l’affiche commence à faire partie intégrante de la civilisation de l’image, anime notre paysage familier et constitue l’un des facteurs déterminants sur le marché de la consommation.
Elle devient, aussi, un objet de collection recherché et prisé, surtout, par les amateurs d’art qui n’ont pas les moyens d’acheter des tableaux dont les prix sont hors de leur budget.
Bien sûr, l’affiche s’adresse à tous les publics. C’est un appel, un clin d’œil, un message; elle parle autant à l’esprit qu’au sens de l’esthétique.
Le langage de l’affiche simplifie lignes et couleurs et leur demande avant tout de faire “coup de poing” sur l’attention, afin que requise, elle soit contrainte de saisir le signe sommaire qu’on lui adresse et son sens.
Ainsi, on peut constater à travers l’ensemble des affiches exposées, que le dessin n’hésite pas à rejoindre le schéma, le concentré sténographique. Parfois, certaines affiches ont évolué passant, progressivement, d’un réalisme attentif à une transposition presque abstraite. Il nous paraît fructueux et instructif d’observer le parallélisme de cette évolution et de celle que trace l’art contemporain: peinture, sculpture, techniques d’impression... etc.

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Le choc psychique se substitue à la réflexion
Le règne de l’affiche connaît, aujourd’hui, sa plus belle période. Au même titre que les œuvres d’art: peinture, sculpture, sérigraphies... l’affiche concrétise une technique nouvelle du choc psychique se substituant à la réflexion.
En effet, elle peut ancrer dans la mémoire visuelle une image qui s’y imprime par sa force de suggestion. Cette image ne réclame pas qu’on réfléchisse; elle impose une notion simple par un choc optique. Par l’entremise des yeux, elle procède à une sorte d’effraction de l’esprit et y établit, comme un fait, un lien indestructible entre le message délivré, le désir et les besoins auxquels il prétend répondre.
Chacune des affiches exposées au Musée Sursock attire le regard et s’impose à l’attention des visiteurs, par l’originalité de la mise en page et par le choc juxtaposé des silhouettes représentées, des formes, des caractères, des signes et des couleurs.
Ici, la barrière historique entre arts publicitaires et arts plastiques est totalement éliminée.

Par Nicole MALHAMÉ HARFOUCHE

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À l’université Haigazian…
André Kalfayan ou les rêveries d’un promeneur solitaire

A l’occasion du cinquantième anniversaire de la fondation de l’Université Haigazian, une exposition de peintures, placée sous le patronage du président de l’Union des Eglises évangéliques du Moyen-Orient, le Révérend Megrdich Karagoeuzian a eu lieu à la salle Arthur Matossian de cette institution.

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Le pinceau de l’artiste a saisi des lieux ignorés par le béton.
photo Une porte s’est refermée sur le temps
qui passe.
photo Une approche presque architecturale
des façades.

André Kalfayan proposait ses récentes créations dont une large partie était réservée à l’architecture libanaise avec ses détails si ty-piques et une petite série de portraits et de compositions abstraites qui peut-être marqueront un tournant dans la création de l’artiste.
Mais inutile de dire que nous lui préférons le regard qu’il porte à sa terre et à son patrimoine, regard non dénué de nostalgie qui l’emmène sur le chemin des écoliers à la découverte de sites perdus qu’un bulldozer a ignorés et qu’il saisit au moyen de volumes glissant des ocres des façades de maison, au vert profond des feuillages masquant une partie de sa vision.
Kalfayan, en utilisant exclusivement la représentation d’un sujet précis, en l’occurrence, des pans de l’architecture libanaise avec ses portes de bois rongés par l’usure du temps, ses façades travaillées souvent en trompe-l’œil, avec ces fenêtres aux persiennes mi-closes, ces portes entrebâillées, exprime sa sensibilité à un passé pétri de symboles.
On est en présence d’œuvres conçues pour suggérer le silence, la sérénité.
Sa maîtrise technique lui permet de traduire en beauté des “visions” les plus pures et à les traduire sans jamais les trahir.
Il y a indéniablement dans ses toiles une recherche poussée de l’esthétique.
Tout évoque la vision idyllique des ruelles perdues de la capitale ou de la montagne, de cette partie du Liban où le béton n’a pas enseveli les rêves où, même si les personnages ne sont pas visibles, on devine le bonheur de vivre, on imagine des vies derrière ces volets filtrant la chaleur des jours.
Son sens du dessin lui permet également cette approche d’une réalité en passant par une “copie du réel”.
En effet, toutes ses compositions se réfèrent à un réel.
Un art stable qui se crée un langage propre, sans affectation. Chaque forme, chaque plage de couleur, chaque tonalité occupe une position qui lui est propre.
Que dire aussi de la lumière, de cette lumière qui pétrit ses surfaces picturales, ses couleurs nerveuses, multiples qui, sous la pression de son pinceau, se fondent au gré des passages aux jeux et nuances de valeurs chromatiques subtilement déclinées.
Incontestablement chez Kalfayan, la couleur première reste la lumière. Avec elle, l’artiste nous entraîne au cœur du sensible.
Voilà des toiles qui vont au-delà de l’apparence et qui demeurent une expression personnelle où se devine une jouissance de peindre.
Quelques autres toiles mettent en scène des portraits d’une facture différente, ailleurs des compositions abstraites qui semblent inachevées…
Inutile de préciser une fois de plus, que nous lui avons préféré ce monde en demi-teintes et ces non-dit, tout en amour et émotions qui puisent sa source au cœur même de notre patrimoine.


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