Ce fut un dimanche électoral chaud, ayant motivé et mobilisé les électeurs des circonscriptions électorales du Mont-Liban à se rendre, massivement, aux urnes enregistrant un taux de participation dans l’ensemble de 54%, avec une pointe à Kesrouan-Jbeil de 62%. Deux éléments positifs majeurs sont à retenir de ce troisième round des législatives: il s’est déroulé sans incidents, dans un climat démocratique auquel aspire le Libanais depuis si longtemps. Contrairement aux deux premières phases: à Beyrouth, où Saad Hariri et ses listes ont totalement contrôlé le scrutin et au Liban-Sud avec le rouleau-compresseur Amal-Hezbollah, dans le cas présent, dans chaque circonscription, deux listes de poids se sont confrontées sans compter les indépendants. Les listes en lice ont été, surtout celles du Parti socialiste progressiste ou de Kornet Chehwane face à celles du Courant patriotique libre. Le phénomène le plus remarquable a été le raz-de-marée au Metn-Nord et, surtout, à Kesrouan-Jbeil en faveur des listes aounistes. Le pourquoi, le comment et les implications futures des choix au Mont-Liban font couler beaucoup d’encre, les analyses, attaques et appréhensions allant perdurer. L’essentiel est de voir comment vont se traduire les promesses des uns et des autres dans l’hémicycle à partir du 20 juin. Comment vont se nouer et se dénouer certaines alliances électorales face à des échéances cruciales, dont la présidence de la République, le désarmement du “Hezbollah”, l’implantation des Palestiniens (ils sont un demi-million au Liban), les nouveaux rapports avec la Syrie, la lutte contre la corruption et l’audit concernant 44 milliards de dollars de dette contractée depuis 1992. En ce dimanche 12 juin, la prédiction de Joumblatt s’est réalisée: un “tsunami aouniste” a changé l’équation. La masse chrétienne a formé un bloc compact derrière Michel Aoun qui a remporté une victoire fulgurante dans deux des quatre circonscriptions du Mont-Liban. Il est regrettable que cette marée ait écarté des ténors de la Chambre, tels Nassib Lahoud au Metn-Nord; Farès Souhaid à Jbeil et Mansour el-Bone au Kesrouan.
Il faut déplorer, aussi, la première réaction joumblattiste trop impulsive. Face au “tsunami” aouniste, il a brandi le spectre de la guerre civile, comparant ces élections à celles de 1968, sous la houlette de l’alliance tripartite (le Helf). Il en a été de même de la réaction trop vive de Farès Souhaid. Par contre, Carlos Eddé, leader du Bloc national et Nassib Lahoud, président du “Renouveau démocratique” ont accepté leur défaite, en relevant le côté démocratique du scrutin. Dans cette bataille acharnée, le Parti national libéral, de Dory Chamoun, a été sacrifié, ainsi qu’un parfait législateur Salah Honein.

Le chef de l’Etat, le général Emile Lahoud a voté à Baabdate.
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Baabda-Aley: une circonscription
multicommunautaire
Le vote PSP et du “Hezb” déterminant
En vertu de la loi 2000 (largement contestée), les cazas de Baabda et d’Aley formaient une même circonscription électorale comptant onze députés. Six pour Baabda, dont trois maronites, deux chiites, un druze et cinq pour Aley, dont 2 maronites, un grec-orthodoxe et deux druzes. Le nombre des inscrits était de 251.764, dont 137.915 ont voté, soit un taux de participation de 54,43%.
L’intérêt de cette circonscription est qu’elle représente l’éventail communautaire du pays, car parmi les électeurs il y a aussi des sunnites.
Michel Murr à Bteghrine.
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Le général Michel Aoun à Haret Hreik, dont il est originaire.
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Deux listes de poids se sont affrontées. L’une complète, la liste de “l’Unité de la Montagne”, formée de l’alliance entre le PSP, le “Hezbollah”, les Forces Libanaises (FL), le courant réformiste Kataëb, le “Courant du Futur” et des candidats indépendants. En face, la liste aouniste de dix membres (un siège chiite était vacant pour amadouer, sans doute, le “parti de Dieu”), ou “liste de la Réforme et du Changement” groupait le leader yazbaki, l’émir Talal Arslan; un ancien de Kornet Chehwan, des aounistes purs et durs et des indépendants.
La bataille a été serrée, mais contrairement à de nombreuses prévisions, il y a eu peu de panachage, chacune des deux formations ayant appelé à voter la liste complète. D’ailleurs, le slogan lancé par Saad Hariri: “zey ma hyié” (telle qu’elle est) a circulé partout. Les druzes joumblattis, les hezbollahis, les FL, les Kataeb-réformistes se sont conformés à la consigne. Il en fut de même pour les aounistes qui ont misé, essentiellement, sur une affluence massive de l’électorat chrétien pour se partager les sièges avec la liste adverse. On relève, également, dans cette bataille que, pour la première fois depuis longtemps, les deux clans druzes (yazbaki et joumblatti) se sont confrontés, alors qu’habituellement ils s’arrangeaient pour se ménager, respectivement, des sièges.
Walid Joumblatt à Moukhtara.
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L’émir Talal Arslan n’a pas récupéré son siège.
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Cette élection a consacré des réconciliations notables. A Aley, une image était frappante: celle des fanions FL et du PSP flottant sur une même jeep qui diffusait des chansons patriotiques de Zaki Nassif.
Au centre même de Baabda, une autre image en trois dimensions s’est affichée: devant un regroupement massif des CPL, un convoi des FL a passé au même moment qu’un transport de troupes de l’armée libanaise chargée de la sécurité.
Du côté de Furn el-Chebbak et Aïn el-Remmaneh, on pouvait voir des fanions du “Hezb” et à la rue Assad el-Assad des portraits de Samir Geagea. D’ailleurs, le SG du “Hezbollah”, sayyed Hassan Nasrallah, avait fait une déclaration magistrale la veille du scrutin en reprenant à son actif le slogan de Bachir Gemayel des “10.452 km2” en y incluant les fermes de Chébaa et les sept villages sudistes frontaliers d’Israël. De même, le leader de Amal, Nabih Berri, a appelé le parti à voter en faveur de la liste joumblattiste.
Vote massif, des électrices à Bickfaya.
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Une votante chiite déposant son bulletin à Baabda.
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Dans l’ensemble des localités chrétiennes de cette circonscription, la couleur orange des aounistes était dominante et leur présence massive donnait l’allure d’une fête, surtout que dans leur grande majorité, il s’agit de jeunes qui n’ont pas encore l’âge de voter. A l’entrée du bureau de vote de Baabda, plein d’en-thousiasme, ils distribuaient des roses oranges aux électrices, dont Marianne Hélou, épouse du candidat de la liste adverse, venue voter tôt le matin et qui a relevé le côté fair- play de la bataille.
En dépit du vote massif, ce fut la liste de “l’unité de la Montagne” parrainée par Joumblatt, qui a gagné tous les sièges.
Concertation entre curé et religieuse.
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Mobilisation des druzes.
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Les élus pour Baabda sont:
maronites: Edmond Naïm (FL), 71.453; Antoine Ghanem (Kataëb Réforme), 70.946; Abdallah Farhat, 69.440 voix. Chiites: Ali Ammar (Hezb), 74.892; Bassem Sabeh (Courant du Futur), 71.531. Druze: Ayman Choucair (PSP), 68.968.
Parmi les battus, le Dr Pierre Daccache (maronite), 64.916 et Ghaleb Aawar (druze), 62.581. Il y a donc 5.000 voix de différence entre le dernier des maronites élus et le premier des perdants.
Les élus pour Aley:
druzes: Akram Chéhayeb (PSP), 70.085; Fayçal Sayegh, 69.103; maronites: Henri Hélou 69637; Fouad Saad, 69.567; grec-orthodoxe: Antoine Andraos, 69.748. Les premiers perdants étant l’émir Talal Arslan (druze), 65.392 et Hikmat Dib (maronite), 62.944 voix. Metn-Nord: le jeu déterminant
des alliances
Les opposants l’ont qualifiée de contre-nature, mais les “pro” ont trouvé tous les arguments pour la justifier. Il s’agit de l’alliance contractée, officiellement, à quarante huit heures du scrutin entre les “deux Michel”: le général Michel Aoun et le vice-président de la Chambre, Michel Murr. Cette entente qui incluait, aussi, le parti Tachnag (arménien) a permis la victoire de leur liste commune qui incluait 7 candidats sur les 8 sièges consacrés à cette circonscription.Le huitième siège est revenu de justesse à Pierre Amine Gemayel, candidat de la réforme Kataëb.
Par contre, Nassib Lahoud, un des ténors de la Chambre, a été battu, ce qui est autant regrettable qu’incompréhensible. Les débats télévisés et les accusations réciproques qui ont précédé le scrutin annonçaient, d’ailleurs, que la bataille serait très serrée, son objectif prioritaire étant de faire chuter Nassib Lahoud, dont le nom figurait en tête des présidentiables. La réaction de Michel Murr à l’issue des résultats était significative: “Je ne crois pas, a-t-il lancé, que celui qui échoue aux législatives peut devenir président de la République”.
Acceptant sa défaite, Nassib Lahoud a qualifié les élections de “libres et transparentes”, affirmant: “Je respecte la décision des habitants du Metn et remercie les électeurs qui ont voté pour la liste de l’opposition”.
Ce scrutin a été marqué par la lutte entre les deux frères Murr.
Les élus au Metn-Nord sont:
maronites (quatre sièges): Ibrahim Kanaan, 56.840; Salim Salhab 54.776; Nabil Nicolas 48.872; Pierre Gémayel, 29.421. Grec-orthodoxes (deux sièges): Ghassan Moukheiber, 56.906, tête de liste et Michel Murr 48.662. Grec-catholique (un siège): Edgar Maalouf, 55017. Arménien-orthodoxe (un siège): Hagop Pakradounian, 53.272.
Les premiers battus: Gabriel Murr (gr.o) 28.973 et Nassib Lahoud (mar.), 27.565. La circonscription compte 163.069 inscrits, les votants ont été 83.502, d’où un taux de participation de 50,90%.
Kesrouan-Jbeil: Ras-de-marée orange
Les deux cazas de Kesrouan et Jbeil formaient une même circonscription électorale à dominante maronite. Elle est représentée par huit sièges: cinq maronites, pour le Kesrouan; trois pour Jbeil, dont deux maronites et un chiite. Le nombre des inscrits était de 157.100 et les votants de 98.665, d’où un taux de participation de 62,55%.
Deux listes se sont affrontées. L’une présidée par le général Michel Aoun et l’autre groupant les principaux membres de Kornet Chehwane et de l’opposition. Une troisième liste incomplète s’était jetée aussi dans l’arène, alors que d’autres candidats, dont le député sortant Farès Bouez avaient préféré se retirer.
Ce fut le véritable “tsunami” en faveur de Aoun et de sa liste en bloc. Point de panachage mais partout un incroyable déferlement de la couleur orange, les femmes étant les plus acharnées. Il y a maintes explications à ce phénomène, dont la principale serait le besoin de la communauté chrétienne, maronite en particulier, de manifester sa présence et sa libre décision face aux poids lourds de Saad Hariri, côté sunnite; de Joumblatt, chez les druzes et du “Hezbollah” et “Amal”, côté chiite.
Le discours électoral du Général a eu son impact concernant la lutte contre la corruption, tant et si bien que les électeurs ont voté liste sans aucun sursaut critique… ou de choix rationnel des candidats. Preuve en est, d’ailleurs, la différence énorme de voix entre le dernier gagnant de la liste aouniste et le premier perdant en face, autour de 20.000 voix.
Trois figures importantes de l’opposition et de Kornet Chehwane ont perdu: le Dr Farès Souhaid et M. Carlos Eddé pour Jbeil; Mansour el-Bone pour le Kesrouan. La réaction du Dr Souhaid a été virulente, qualifiant le résultat du vote “de choix suicidaire”.
Par contre, Carlos Eddé a réagi de façon rationnelle félicitant le peuple libanais et les élus affirmant: “Je suis satisfait de cette expérience démocratique et ne regrette pas d’avoir participé à la bataille”.
Les élus sont pour le Kesrouan, tous maronites:
Michel Aoun, 67.433; Youssef Khalil, 61.740; Neemtallah Abi-Nasr, 59.738; Farid Elias el-Khazen, 56.719; Gilberte Zouein, 52.376.
Le premier des perdants, Mansour el-Bone, 34.138.
Pour Jbeil: deux maronites, Walid Khoury 56.840, Chamel Mouzaya 51.678 et un chiite, Abbas Hachem 62.294.
Les perdants: Farès Souhaid (mar.), 30.624; Carlos Eddé (mar.), 28.125 et Mahmoud Awad (chi.), 28.215.
au chouf, Les résultats connus d’avance
Le Chouf est représenté par huit sièges dont 3 maronites, 2 druzes, 2 sunnites et un grec-catholique. Le nombre des inscrits était de 165.803 et celui des votants de 82.164, d’où un taux de participation de 48,41%.
La bataille a été la moins passionnée du scrutin au Mont-Liban, car les résultats étaient connus d’avance. Les deux candidats druzes, Walid Joumblatt et Marwan Hamadé avaient été élus d’office et la liste patronnée par Joumblatt groupait un FL et le Courant du Futur. N’empêche que les aounistes et le PNL se sont mobilisés pour tenter de faire passer leurs candidats respectifs. Le raz-de-marée joumblatti était trop fort...
Les élus sont: grec-catholique, Nehmé Tohmé 57.104; maronites, Nabil Boustani, 53.543; Elie Aoun, 52.075 et Georges Adouane, 51.701; sunnites, Mohammed Hajjar, 57.104 et Alaeddine Terro, 54.861.
Les premiers perdants: Mario Aoun (CPL), 21.990 et Camille Chamoun (PNL), 17.074. |
Élections 2005 dans la Békaa
Victoire éclatante du CPL à Zahlé et bataille timide à Baalbeck Hermel |
M. Walid Joumblatt, chef du PSP, ne croyait pas si bien dire en qualifiant le général Michel Aoun de tsunami, la veille de son retour au pays, car c’est bien ce qui est arrivé, le CPL provoquant un véritable raz-de-marée orange (sa couleur-fétiche) qui a fait tomber bon nombre de têtes qu’on croyait bien installées en politique (voir, par ailleurs, l’article sur les élections du Metn et de Kesrouan-Jbeil).
Les députés Elias Skaf...
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Des partisans du CPL à Zahlé.
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La ville de Zahlé n’a pas fait exception à cette vague, seule circonscription békaaiote qui connaissait une bataille à l’issue incertaine et enregistrait un taux de participation de 42%. Alors que dans les deux autres circonscriptions: Baalbeck-Hermel (52%) et Békaa-Ouest-Rachaya 44%, les rouleaux compresseurs fonctionnaient à plein moteur laissant clairement entrevoir les favoris du jour. A Baalbeck-Hermel, la liste de l’alliance Hezbollah-Amal-Husseini-PSNS-Kataëb, l’a emporté sur deux listes adverses, notamment celle présidée par Yéhia Chamas. Dans la Békaa-Ouest-Rachaya, même situation avec d’autres acteurs: le “Courant du Futur” allié au PSP, Amal et au député Robert Ghanem a gagné.

... Robert Ghanem.
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... Elie Ferzli.
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... Sami el-Khatib.
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... Henri Chédid. |
À ZAHLÉ
A Zahlé, caza composé de 60% de chrétiens et de 40% de musulmans, le taux de participation a atteint 48%, alors que dans la ville même, il culminait à 55%. Une véritable bataille électorale était engagée entre deux listes qui se disputaient sept sièges: un sunnite, un chiite, un maronite, deux grecs-catholiques, un grec-orthodoxe et un arménien-orthodoxe. La liste du Bloc populaire, conduite par Elie Joseph Skaff et alliée au CPL (aouniste) et comptant les candidats Salim Aoun, Assem Araji, Camille Maalouf, Hassan Yaacoub, Georges Kassarji et l’ancien ambassadeur Fouad Turk, (seul candidat malheureux de la liste au profit de Nicolas Fattouche) a réussi. Un échec contesté par M. Turk et attribué par lui à “l’argent politique”, “car à 1 heure du matin, les derniers résultats assuraient mon succès” a-t-il affirmé dans une déclaration télévisée.
Quelques heures plus tard, on annonçait la percée de Nicolas Fattouche qui présidait la liste concurrente de la “Dignité et de l’Entente”, alliée du “Courant du Futur”, des FL, du mouvement réformiste Kataëb et formée de Mohsen Dalloul, Youssef Maalouf, Khaled Sarout, Elie Mourani et Antoine Nachanakian. Entre les deux, balançaient quelques candidats indépendants et à leur tête, Khalil Hraoui.
Si la bataille électorale se faisait à coup de voix exprimées massivement dans les bureaux de vote, une autre guerre, celle des rumeurs, faisait rage. Les têtes de listes se lançaient les accusations d’achats de voix, de pots-de-vin, de bus pleins d’électeurs venant de Syrie... mais, encore, de voitures, aux coffres remplis de dollars pour graisser la patte des plus récalcitrants. Une question revenait chez plus d’un partisan du député Elie Skaff. “Que vient faire Saad Hariri à Zahlé?”. Question très significative pour qui sait que nul ne peut s’approprier le Liban tout entier et que chaque région du pays a ses hommes et ses “familles” auxquels il faudrait éviter de toucher.
À Baalbeck-Hermel
La machine ultra performante du “Hezbollah-Amal”, n’aura guère laissé de place aux listes concurrentes qui ne se faisaient pas d’illusions et se savaient battues d’avance. Mais le défi, si l’on peut dire, fut cette tentative de “démocratiser” le scrutin en se présentant, ailleurs que sur les “listes-bulldozers”, dans une région considérée, jusque-là, comme sérieusement soumise à l’influence syrienne. A Baalbeck, le “tsunami” était jaune et c’est sans difficulté qu’a été élue la liste de Hussein Husseini et de ses compagnons: Hussein Hajj, Jamal Takch, Ali Mokdad, Ghazi Zéaïter, Ismaïl Succarié, Kamel Rifaï, Nader Succar et Marwan Farès, soutenus par le “Hezbollah”. Si la liste opposée ambitionnait seulement d’obtenir un score moins minable que celui obtenu par les adversaires du “Hezbollah-Amal” au Sud, l’un des candidats accusait des agents syriens de demander aux citoyens “de voter pour certains des candidats qu’ils appuyaient”.
A Deir el-Ahmar, fief des F.L.; les chrétiens ont voté pour la liste Chamas et son candidat maronite, Tarek Habchi refusant Nader Succar, candidat “imposé” par le “Hezbollah”. M. Habchi a, par ailleurs, dénoncé “l’ingérence syrienne qui continue à s’exercer en dépit de la disparition de la pression directe”.
Dans la Békaa-Ouest
Place à une “démocratie” encore incomplète mais concrétisée par plusieurs listes en lice, notamment celle parrainée par le “Courant du Futur”et regroupant Waël Abou-Faour, Nasser Nasrallah, Robert Ghanem, Jamal Jarrah, Ahmed Fattouh et Antoine Saad, face à une liste incomplète formée de Sami el-Khatib, Elie Ferzli et Mahmoud Abou-Hamdane, alors que d’autres listes mêlaient, anarchiquement, indépendants et colistiers, tels Abdel-Rahim Mrad, Fayçal el-Daoud, Henri Chédid, Farouk Dahrouj, Abdallah Wahhab et Sami Abboud. Les candidats se disputaient six sièges: 2 sunnites, un chiite, un druze, un maronite et un grec-orthodoxe. En début d’après-midi, près de 6.000 chrétiens s’étaient déjà rendus aux urnes: 6.500 druzes, 7.000 chiites et 20.000 sunnites.
A Jeb-Jennine, fief de Sami el-Khatib et de Elie Ferzli, les habitants, à majorité sunnite (avec une minorité chrétienne), ont voté pour la liste Hariri. Des achats de voix sont dénoncés dans divers villages et imputés, notamment, au “Courant du Futur”; des armes sont interceptées à Rachaya qui a voté en masse pour Waël Bou-Faour (PSP). On parle de “fantômes” soutenant leurs favoris de toujours, dans certaines régions. M. Ferzli déplore le fait d’avoir dû “batailler” pour obtenir les cartes de délégués de la liste, s’en prenant au ministre de l’Intérieur “qui a décidé, à la dernière minute, que nos permis devaient être délivrés par l’administrateur et non par le caïmacam, comme cela était de mise”.
Mais le député Robert Ghanem dément l’achat des voix. Selon lui, l’électeur choisit entre deux conceptions différentes de ce que sera la prochaine république, pour répondre à la logique du changement. Vous dites changement? Au prochain et dernier round, le Nord devant faire la balance. |
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