“Les divergences d’opinion n’empêchent pas le dialogue”, soutient M. Salim Aoun, député de Zahlé, membre du bloc aouniste. Aussi, n’écarte-t-il pas l’amorce d’un dialogue avec le “Hezbollah”, ni la possibilité que ce dernier débouche sur une entente autour des constantes nationales.
De la majorité parlementaire issue des dernières élections législatives, le parlementaire zahliote dit “qu’elle est frelatée” et en cela, il rejoint le général Michel Aoun qui ne cesse de répéter: “Au Liban, il n’y a ni majorité ni minorité, toutes deux devant s’allier pour pouvoir imposer leurs options et points de vue”.
“L’absence d’accord entre le “Hezbollah” et le Courant patriotique libre, ajoute-t-il, a eu pour conséquence de provoquer un déséquilibre au sein du Législatif”.
M. Aoun observe que ceux qui prétendent “avoir fait le 14 mars”, ont tout simplement rejoint le général Aoun quatorze ans plus tard, en lui déniant tout mérite dans la progression de la situation interne vers le changement.
“Il faut signaler, poursuit-il, un fait étrange, à savoir que l’édification de l’Etat s’est arrêtée après le retrait de l’armée syrienne, alors que le contraire aurait dû se produire”.
Comment expliquez-vous la rétractation de Walid Joumblatt qui ne réclame plus ou avec moins d’insistance la destitution du président de la République?
Cette volte-face de sa part pourrait avoir pour motivation un objectif médiatique ou, aussi, le souci de barrer la voie de la présidence au général Aoun, d’autant que le chef du CPL dispose des meilleurs atouts et des spécificités requises pour la magistrature suprême.
UNE PHASE DES PLUS
DANGEREUSES
Les développements de la conjoncture locale, laissent-ils craindre une phase dangereuse pour le Liban ou le contraire?
La phase actuelle est la plus dangereuse parmi celles que le Liban a vécues au cours des dernières années. Mais ce danger se dissipera dans un délai que nul ne peut fixer à l’heure actuelle.
De toute manière, il ne faut pas en déduire qu’il faille tout para-lyser en attendant la présentation par M. Detlev Mehlis, de son rapport final sur l’assassinat du président Hariri. Au contraire, nous avons le devoir de réactiver l’économie nationale et tous les secteurs productifs, pour sortir le pays de l’immobilisme.
Puis, nous espérions qu’après le retrait syrien, la reconstruction du Liban reprendrait avec vigueur. Or, c’est le contraire qui s’est produit et, naturellement, ce fait est la conséquence naturelle de l’attentat du 14 février. Nous devons réagir à cette situation et agir sans retard pour la réactiver.
Après la clôture de l’enquête internationale, les auteurs de l’assassinat du président Hariri seront-ils déférés devant une juridiction libanaise ou internationale?
Cela dépendra des chefs d’accusation retenus contre les prévenus. S’il s’agit d’éléments locaux, qu’ils soient déférés devant un tribunal local et, dans le cas contraire, une Cour internationale devrait être chargée de juger les assassins.
D’aucuns appréhendent la politisation de l’enquête en cours; ceci n’affecterait-il pas la crédibilité des enquêteurs?
Tous nous réclamons la vérité. Malheureusement, certains milieux recherchent autre chose, en ce sens qu’ils veulent exploiter cette affaire criminelle à des fins déterminées.
Le Courant patriotique libre est, sans nul doute, l’une des parties locales qui ne redoutent pas la vérité, parce que notre passé est sans tache. Nous avons lutté durant quinze ans en faveur de la souveraineté nationale. De plus, la révélation de la vérité mettra en échec les plans de groupuscules qui projettent encore d’attenter à la vie de personnalités politiques ou de simples citoyens.
POURQUOI LA CABALE
CONTRE AOUN?
Comment expliquer cette campagne menée contre le général Aoun, dont certains doutent maintenant de son patriotisme, surtout les alliés du 14 mars?
Le courant ayant émergé le 14 mars dernier a versé dans la ligne du général Aoun après quatorze années d’exil et ses promoteurs cherchent à s’attribuer les résultats de sa longue lutte en faveur de l’indépendance et de la souveraineté nationale.
Le CPL a fait l’objet de bien des attaques depuis le fameux 7 août. Ils ont tenté de lui voler les réalisations du Général et lui ont collé l’appellation de “tsunami”. Tout cela, parce qu’ils ne peuvent rallier ses rangs et veulent lui prendre ce qui lui appartient.
Peut-on oublier les personnes qui ont tout accaparé durant quinze ans sous la tutelle syrienne et partagé les butins, au point que la dette publique a atteint 44 milliards de dollars?
En définitive, après le départ des Syriens, ceux qui les avaient soutenus se sont retournés contre eux et veulent, à présent, être les hommes de la nouvelle étape, à l’effet de profiter une fois de plus de la situation et servir leurs propres intérêts.
Pourquoi a-t-on écarté le CPL du meeting de Notre-Dame de la Montagne en vue de la relance du courant du 14 mars?
En toute modestie, nous sommes les promoteurs de ce courant, dont ils ont dévié. Le 14 mars, un accord a été réalisé autour de questions fondamentales, à savoir: obtenir le retrait syrien, mettre fin aux services sécuritaires, exiger la destitution des responsables de ces services et leur restructuration, exiger la vérité sur l’assassinat du président Rafic Hariri et réclamer, à cet effet, une commission internationale d’enquête.
Qu’en est-il des rapports du CPL avec le “Hezbollah”?
Nos relations avec le “Hezbollah” sont appelées à se perpétuer, spécialement dans le cadre des syndicats où nous avons coopéré, dernièrement, à l’occasion d’élections en vue du renouvellement des comités exécutifs.
Quant au point litigieux entre nous, il a trait aux armes de la Résistance. Nous avons adopté une position évolutive en ce qui concerne la résolution 1559: nous avons approuvé le paragraphe relatif au retrait des forces syriennes du Liban, tout en exposant notre point de vue au sujet des armes de la Résistance, en spécifiant que cette question peut et doit être tranchée par la voie du dialogue, parce qu’elle concerne tous les Libanais et non une fraction déterminée de notre peuple. Si le “Hezbollah” désire coopérer pour régler ce point précis, nous sommes disposés à le faire d’une manière directe et non par la voie médiatique.
Je tiens à préciser que le fait pour le “Hezb” de n’avoir pas voulu s’allier au CPL aux élections dans la circonscription d’Aley-Baabda, a eu pour conséquence de provoquer un déséquilibre au niveau du Législatif. |