Dix ans après la “Déclaration de Barcelone”
Colloque euroméditerranéen sur le rôle des médias à Marseille

Dix ans après la “Déclaration de Barcelone” qui a mis en place le “Processus euroméditerranéen”, la Commission européenne, la ville de Marseille et leurs partenaires ont invité les professionnels de l’information des pays des deux rives de la Méditerranée, à s’exprimer sur le rôle des médias dans le dialogue euroméditerranéen.

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Ce colloque qui a eu lieu les 17 et 18 octobre, s’inscrit dans le cadre d’une série de trois événements consacrés à ce sujet en Jordanie, à Marseille et à Barcelone, dont les conclusions seront soumises aux chefs d’Etat et de gouvernement dans la capitale de la Catalogne, les 27 et 28 novembre. Le sommet aura pour but de fixer, pour les cinq prochaines années, le programme du partenariat euroméditerranéen, en conformité avec les objectifs de la “Déclaration de Barcelone” qui vise à faire de la Méditerranée un espace commun de paix, de stabilité et de prospérité.
Après le mot d’ouverture de M. Jean-Claude Gaudin, vice-président du Sénat, maire de Marseille et président de la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole, un grand nombre d’intervenants ont pris la parole, durant les deux jours du colloque. “La réalité du partenariat euroméditerranéen et de la politique de voisinage dans les médias”, est le premier thème abordé. En réponse à une question sur la responsabilité de l’échec d’Euromed, M. François Gouyette, ambassadeur de France chargé du processus de Barcelone, estime que “la responsabilité est partagée. Celle des Etats est établie. Quant aux médias, ils ont leur part du chemin qu’ils choisissent de faire”.

photo M. Jean-Claude Gaudin.

photo M. François Gouyette.

Cependant, Mme Laura Baeza, chef d’unité à la direction générale des relations extérieures de la Commission européenne a, pour sa part, considéré que l’action du processus euroméditerranéen est à moyen et long termes. “Nous ne pouvons pas parler aussi facilement d’inertie ou d’échec”, dit-elle, en affirmant que “le taux de décaissement de l’Union européenne en Méditerranée est un taux record”.
M. Gouyette a relevé “le paradoxe” entre le fait de vouloir tis-ser des liens entre trente-cinq partenaires des deux rives de la Méditerranée et les montants considérables qui ont été mobi-lisés pour la réalisation de divers projets. Tout en considérant que le fait d’aborder des sujets tabous, comme les droits de l’homme ou le terrorisme, est un pas significatif vers la création d’une grande zone de libre-échange, il a avoué que “ce qui a manqué au partenariat euroméditerranéen, est un visage humain” en rappelant le drame des Africains à Ceuta et Melilla. Pour M. Pascal Boniface, directeur de l’Institut des Relations internationales et stratégiques, “la diversité des idées et des acteurs rend difficile le fait de trouver celui qui symbolise le tout”.
Aussi, propose-t-il, de créer une avant-garde de journalistes spécialistes d’Euromed. M. Driss Khrouz, secrétaire général du groupe d’études et de recherches sur la Méditerranée, estime que, non seulement “les politiques n’ont pas su communiquer” mais, aussi, que “le processus n’est pas le quotidien des populations du Nord et du Sud”. A ce propos, M. Yves Gazzo, chef de la représentation de la Commission européenne en France, a fait part d’un nouveau plan de communication: Débat, Dialogue, Démocratie. Pour sa part, M. Renaud Muselier, premier adjoint au maire de Marseille, ancien secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, est convaincu qu’on ne peut initier des politiques sans l’assentiment des peuples. A une remarque sur le fait que “ce sont uniquement les Européens qui décident, élaborent et donnent la signature aux pays de la rive sud”, M. Juan Prat, ambassadeur en mission spéciale pour les Affaires de la Méditerranée, coordonnateur espagnol pour le Processus de Barcelone, a répondu: “Bien que je n’arrête pas de me déplacer dans tous les pays de la rive sud, je n’ai jamais pu avoir des propositions concrètes”.
Abordant le thème: “La liberté d’expression dans les médias euro-méditerranéens”, plusieurs intervenants ont pris la parole, entre autres M. Denis Bauchard, ambassadeur, conseiller à l’Institut français des Relations internationales pour parler de son expérience dans l’organisation de débats sur des questions interdites, partant de son désir de connaître davantage la réalité arabe. La question de la censure dans la presse a été évoquée, surtout en ce qui concerne la différence entre le Nord et le Sud.
Pour la deuxième journée du colloque, le premier sujet abordé: “Regards croisés sur le traitement des problèmes sociétaux dans les médias euroméditerranéens” a été débattu par cinq participants. Parlant de l’Algérie, M. Thierry Fabre, rédacteur en chef de “La Pensée de Midi”, Maison méditerranéenne des sciences de l’homme, dit: “La réconciliation au Maroc est un moment extrêmement important pour la mémoire et l’Histoire; c’est une initiative qui doit être encouragée, le processus référendaire fait en Algérie n’ayant rien à voir avec la démarche du Maroc”. Dernier thème du colloque: “Rôle des écoles de journa-lisme pour une formation spécifique relative au partenariat euroméditerranéen”. M. Abdelkader Chabani, professeur à la Faculté des sciences politiques et de l’information d’Alger, a souligné l’importance de la conceptualisation du processus euroméditerranéen, afin de pouvoir atteindre les objectifs. A propos du rôle du journalisme dans le partenariat euroméditerranéen, M. Patrick Allemand, 1er vice-président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, a souligné l’importance de toute initiative en faveur d’un espace audiovisuel méditerranéen.

Article paru dans "La Revue du Liban" N° 4025 Du 29 Octobre Au 5 Novembre 2005
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