Mondial 2006:: Triomphe de l’Italie et sortie manquée de Zidane

Le verdict de la 18ème Coupe du monde de football est tombé, au terme de tout un mois de suspense et d’émotions: les Italiens sont parvenus à conquérir leur quatrième étoile face à des Français privés - par un petit but d’écart - du bonheur de remporter leur deuxième trophée planétaire. Le choc des géants, dimanche soir, à Berlin a produit des étincelles. Et l’on se souviendra encore longtemps de cette interminable et éprouvante finale à l’Olympiastadion berlinois, théâtre de la victoire d’une “Squadra Azzurra” survoltée et revancharde, ainsi que du départ prématuré de Zinedine Zidane, tête baissée, exclu par un carton rouge à la suite d’un coup de tête vengeur dans la poitrine du défenseur italien Marco Materazzi. Geste anti-sportif s’il en est condamnable et sanctionné, d’un géant surdoué n’ayant pu contrôler ses nerfs et qui, de ce fait, a complètement raté sa sortie. Triste et ultime prestation pour le dernier acte d’une fabuleuse carrière.

photo
Le capitaine italien Fabio Cannavaro
brandissant le célèbre trophée entouré de son équipe.

“L’homme le plus cool de la planète”, selon le New York Times, Zinedine Zidane a perdu son sang-froid au sortir d’un accrochage avec l’Italien Materazzi. Ce dernier l’aurait qualifié de “terroriste”. Zizou est alors revenu sur ses pas et, à la stupeur générale, lui a asséné un coup de tête dans le thorax. Ce geste de folie du capitaine tricolore a provoqué son 110ème expulsion à la 100ème minute par l’arbitre argentin Elizondo. De ce fait, l’équipe de France a poursuivi les prolongations avec seulement dix joueurs. Le match ayant pris fin sur un score nul (1-1), une séance de tirs au but a été nécessaire pour départager les deux équipes. Et c’est finalement l’Italie qui l’emporte sur le score de 1-1 après prolongation et 5-3 aux tirs au but. Ironie du sort, c’est le Français David Trezeguet - l’homme au but en or de la finale de l’Euro 2000 - qui a raté sa tentative. Ainsi, Trezeguet et Zidane ont été les héros malheureux de cette finale.

photo L’apothéose pour la Squadra Azzurra posant avec la Coupe du monde et en compagnie du sélectionneur Marcello Lippi.

photo Pour exprimer toute son admiration et sa confiance à la sélection française, le couple présidentiel français a reçu les 23 “Bleus de légende” au palais de l’Elysée.

Des erreurs pouvant mener très loin. Si Trezeguet n’a pu exprimer son talent étant resté la plupart du temps sur le banc des remplaçants, de son côté Zidane n’a pu toujours contrôler ses nerfs lors de cette Coupe du monde: il a été privé de France-Togo pour avoir reçu deux avertissements. Un remake de 1998 où il avait été suspendu deux matches après avoir été expulsé lors de France-Arabie saoudite. Il y a dix jours, contre l’Espagne, il a été encore “averti”. Mais ce concentré d’orgueil et de rage de vaincre, c’est certainement le cocktail qui lui a permis de réaliser son incroyable pari: finir sa carrière à Berlin sur un Mondial en grande partie réussi pour la France que le magicien des Bleus a conduit jusqu’en finale. Sans toutefois devenir champion du monde pour la deuxième fois.

photo L’équipe d’Allemagne, pays hôte, s’est classée 3ème du Mondial.

photo Le “10 de cœur des Français”, ZZ acclamé avec ses coéquipiers au balcon de l’Hôtel de Crillon.

UN QUATRIEME TITRE, REDEMPTEUR POUR L’ITALIE
Quant à l’Italie, grâce à cette belle finale, elle a redoré son blason, tout en se réhabilitant après le scandale de corruption d’arbitres organisé dans le Calcio. Il s’agit du procès en cours sur la “magouille des arbitres achetés” par la Juventus, Lazio, Fiorentina et Milan. Pour l’honneur bafoué mais, aussi, pour son prestige sportif et pour retrouver son rang et sa dignité, Squadra Azzurra a mis toutes ses potentialités en jeu pour décrocher un quatrième titre après ceux conquis en 1934, 1938 et 1982. Sous la conduite d’un technicien au faux air de Paul Newman, le Toscan Marcello Lippi, orfèvre dans l’art de dérouter ses adversaires par des paris tactiques, la Squadra Azzurra est demeurée une forte-resse imprenable ne concédant qu’un seul but depuis le début du tournoi. Elle s’est assurée une qualification ascendante en affrontant, successivement, en phase préliminaire: le Ghana (2-0), les Etats-Unis (1-1), la République tchèque (2-0); en huitième: l’Australie (1-0); en quart de finale: l’Ukraine (3-0) et en demi-finale: l’Allemagne (2-0). Et cela, grâce à une formidable performance défensive incarnée par le gardien de but Buffon et le capitaine Fabio Cannavaro, intraitable dans les duels.

photo Zidane le meneur de jeu des Bleus a été farouchement contré par le défenseur italien Fabio Cannavaro.

photo Le penalty vainqueur marqué par l’Italien Fabio Grosso lors de la séance de tirs au but.

LES EPINES DU BOUQUET FRANCAIS
De son côté, l’équipe de France disposant d’éléments chevronnés sûrs de leur force, de leur volonté, de leur solidarité et d’un système classique mis en place par le sélectionneur Raymond Domenech assurant une des meilleures défenses du Mondial, s’est bonifiée en gravissant les étapes face à la Suisse (0-0), la Corée du Sud (1-1), le Togo (2-0); en 8ème, l’Espagne (3-1); en quart de finale, le Brésil (1-0) et en demi-finale, le Portugal (1-0). Riche pépinière de vedettes du foot, l’équipe de France conduite avec panache par Zinedine Zidane qui a reçu un hommage appuyé du président Chirac lors de la réception des Bleus à l’Elysée. “Cher Zinedine Zidane, ce que je veux dire, au moment le plus intense peut-être, à un moment dur de votre carrière, c’est l’admiration, c’est l’affection de la nation, son respect aussi”, a déclaré le chef de l’Etat français saluant un “vir-tuose”, un “génie du football mondial” doublé d’un “homme de cœur, d’engagement, de conviction”. Et comme pour couronner malgré tout, le cruel destin du meneur de jeu des Bleus qui a fini sa carrière sur une expulsion, la FIFA l’a désigné “meilleur joueur du Mondial 2006”.

photo L’arbitre argentin Horacio Elizondo brandit le carton rouge excluant Zidane à la 110ème minute de jeu.

photo Le vilain coup de tête de Zidane sur Materazzi a terni la sortie du capitaine des Bleus.

Si la France bousculée par l’agressivité de la sélection ita-lienne a vu son rêve brisé dimanche à Berlin, le triomphe italien a un parfum de rédemption dans un pays miné par les scandales du Calcio mais où le football, comme au Brésil, est une véritable religion. Un culte que nourriront les générations montantes pour prendre la relève dès le Mondial 2010, prochain rendez-vous de la planète foot, en Afrique du Sud.

Par Jean DIAB
Article paru dans "La Revue du Liban" N° 4062 Du 15 Au 22 Juillet 2006
Editions Speciales Numéros Précédents Contacts Recherche