Thierry Meyssan s’est rendu au Liban avec une délégation du Réseau Voltaire venue rencontrer les grands acteurs de la résistance libanaise. Malgré la destruction systématique par Tsahal des voies de communications, plusieurs personnalités françaises, dont le candidat à l’élection présidentielle Dieudonné Mbala Mbala, ont fait le voyage pour marquer leur soutien à un pays dévasté par 34 jours d’agression étrangère.

Le président Lahoud entouré de MM. Thierry Meyssan, Dieudonné, Ahmed Moualek et d’autres membres de la délégation, ainsi que M. Abdel-Hadi Mahfouz.
|
Alors qu’il se trouvait dans la banlieue-sud de Beyrouth, devant les ruines du quartier général du Hezbollah, Thierry Meyssan a donné ses premières impressions. “Tout est dévasté, c’est un immense champ de ruines”. Durant sept jours, ce quartier populaire de la région de Beyrouth a subi, à huit reprises, des bombardements massifs qui ont rasé de nombreux immeubles d’habitation. “Comme il ne s’agissait pas de missiles mais de bombardements aériens, les destructions sont énormes et les morts et les blessés sont très nombreux, a-t-il dit avec émotion. Les télévisions françaises n’ont pas diffusé les images de ce qui s’est passé dans Beyrouth. Les médias n’ont pas montré les banlieues bombardées. En voyant cette banlieue dévastée, je comprends pourquoi: si la presse avait montré des quartiers HLM bombardés, cela aurait provoqué un effet particulier sur beaucoup de gens”, a expliqué le président du Réseau Voltaire.
M. Meyssan constatait les dégâts causés par la guerre dans les quartiers populaires de Beyrouth en compagnie du pasteur Jesse Jackson . Ancien leader du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis, Jesse Jackson.
“La volonté et la détermination des Libanais suscitent l’admiration, a poursuivi l’écrivain français. Déjà, les bulldozers dégagent les gravois et chacun se prépare pour la suite”.
Au cours de son voyage au pays du Cèdre, la délégation française a rencontré de nombreuses personnalités libanaises. Elle avait rencontré les responsables du PNSS, un parti laïque et s’était entretenue avec le général Michel Aoun. Celui-ci représente politiquement une part importante des chrétiens et a fait alliance avec le Hezbollah chiite dès 2005. Michel Aoun, qui a vécu en exil en France de 1991 à 2005, a longuement expliqué que la presse française déformait la réalité et donnait à ses lecteurs une image mensongère de son pays.
La délégation d’intellectuels
français rencontre
le président Lahoud
La délégation d’intellectuels français formée notamment de Thierry Meyssan, président du Réseau Voltaire, Dieudonné Mbala Mbala, candidat à l’élection présidentielle française, a rencontré le président de la République libanaise Emile Lahoud, à Beyrouth.
“Nous sommes particulièrement choqués de ce que la France et l’ONU boycottent le président Lahoud et manifestent ainsi leur mépris pour la souveraineté nationale du Liban”, a déclaré Thierry Meyssan à l’issue de l’entretien. En début de semaine, le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, en visite au Liban, avait en effet refusé de rencontrer le président du pays et lui avait préféré le Premier ministre Fouad Sanioura. La France s’était aussi distinguée en invitant le Premier ministre au sommet de la francophonie et en refusant la présence du président de la République.
“Le respect de la souveraineté nationale ne se comprend que dans le respect des institutions et d’un dialogue avec le président de la République, a rappelé Thierry Meyssan. De cet échange avec le président libanais, il ressort la nécessité d’une solution globale au conflit israélo-arabe. Pour reprendre les mots du président Jacques Chirac: “Une paix juste dans la région”. Cela signifie le retrait des troupes israéliennes - du territoire qu’elles ont récemment envahi mais aussi des fermes de Chebaa qu’elles occupent depuis 1978 - la libération mutuelle des prisonniers et l’application des résolutions 242 et 338 de l’ONU. Il est temps que la France, qui a des liens avec le Liban depuis le XIIème siècle, respecte son engagement historique. Le moment est venu de prendre position: il n’est pas question d’équilibre - qui est le respect d’un statu quo imposé par la violence - mais de résoudre un pro-blème”, a déclaré le journaliste et écrivain français. “Ce règlement global ne peut se faire sans une conférence régionale, c’est-à-dire sans la reprise du processus de Madrid. Il faut prendre acte de la nouvelle situation et passer au-delà des relations personnelles des uns et des autres. Il est vital de reprendre le dialogue avec le président du Liban et avec toutes les forces politiques, sans exclusive aucune”.
Voir aussi l’interview exclusive avec Dieudonné Mbala Mbala et Thierry Meyssan