Une grande polémique a secoué récemment les milieux de la cardiologie mondiale et elle a été très médiatisée aux Etats-Unis. Elle concerne le problème des nouveaux stents. Avant de rentrer dans les détails, commençons par quelques explications. Avec l’âge, le tabac, le diabète, l’excès de cholestérol et en cas d’hérédité familiale, les artères nourricières du cœur qu’on appelle les coronaires peuvent être le siège de dépôts qui risquent de les boucher. Afin d’éviter cela, on répare ces rétrécissements en dilatant les artères au ballon et en mettant un stent. C’est l’angioplastie coronaire. Le stent a révolutionné l’angioplastie, car il a donné une plus grande sécurité et de bons résultats. Mais dans un certain pourcentage de cas, les stents cicatrisent mal et il faut soit ré- intervenir, soit opérer. C’est ce qu’on appelle la resténose. Depuis 4 à 5 ans, de nouveaux stents ont été développés qui diminuent le risque de resténose de moitié, voire plus, on les appelle les stents actifs ou “drug-eluting stents”. Mais comme chaque progrès technologique a son talon d’Achille, il s’avère que ces stents risquent parfois de se boucher brutalement, ce qui met en danger direct la vie de leur porteur. Cette complication appelée thrombose tardive est plus rare que la resténose, mais beaucoup plus grave. Une grande étude comparant les effets des stents classiques et actifs vient juste de paraître. Elle concerne 6.675 patients suivis pendant près de 4 ans. Elle montre que les stents classiques ont un risque de thrombose tardive inférieur à 3 pour mille, alors que les “drug-eluting stents” ont presque le double (5 à 6 pour mille). Certains types de “drug-eluting stents” ont un risque plus élevé que les autres. Elle montre aussi que si avec les stents classiques cette thrombose apparaît au cours des 6 premiers mois, elle peut être retardée jusqu’à un an et demi après la mise en place d’un “drug-eluting stent”. Elle est alors 5 fois plus importante qu’avec un stent classique. Ce constat pousse à rester prudent et à continuer à surveiller de près et à améliorer ces nouveaux stents, mais aussi à bien poser les indications, c’est-à-dire à aller voir un spécialiste expérimenté et consciencieux qui pourra définir qui a vraiment besoin d’un “drug-eluting stent” et qui n’en a pas besoin. |