Les Arabes entre l’impasse
de Bush et les impasses d’Olmert
Le temps a dépassé les climats de Madrid,
le “fait accompli” étant l’unique solution possible
Par Melhem KARAM

La sécurité saoudite a réussi à démanteler des cellules terroristes qui s’apprêtaient à entreprendre des opérations de sabotage dans le royaume. Des observateurs internationaux considèrent que le système sécuritaire saoudite s’est transposé, avec compétence, du style de l’intégration au procédé préventif. Aussi, est-il devenu capable de surprendre les partisans d’al-Qaëda avant de passer à l’attaque contre des objectifs déterminés à l’avance.
Le poids d’al-Qaëda s’est déplacé au Maghreb arabe où les services de sécurité sont mobilisés à leur tour pour mettre en échec les vagues terroristes.
De même, le Pakistan se trouve dans l’œil du cyclone, après l’horrible attentat contre la ville de Peshawar. Le mouvement des tali-bans n’est qu’un maillon du sursaut fondamentaliste du Chichane à Casablanca, en passant par l’Irak et la Somalie.

Dans ce contexte, ce n’est pas un secret que les courants d’At-Takfir se manifestent avec toutes leurs catégories locales et régionales, l’arc-en-ciel de leurs colorations doctrinales et idéologiques, le jeu de leurs miroirs tantôt rapprochés et tantôt antinomiques, eux qui disposent de leur projet politique cohérent. Ils n’estiment pas avoir perdu leur guerre jusqu’à présent, en dépit des défaites qu’ils ont subies en Egypte, en Algérie, en Afghanistan, au Yémen, dans le jurd de Denniyeh au Liban-Nord et jusqu’au Soudan.
Peu nous importe, ici, ce que font les néo-conservateurs à Washington, ni comment ils se comportent dans la guerre contre al-Qaëda, les talibans et leurs acolytes. Ce qui nous concerne en premier lieu et nous fait peur dans ce marécage sanglant dans lequel l’Irak s’est glissé, Kerbala ayant été la dernière image de cette série noire où Gaza pourrait plonger à son tour. Le Liban tente d’éviter ce scénario après la double liquidation des deux Ziad (Kabalan et Ghandour), comme si la grande sédition nous menaçait!
Mais revenons au début de l’instauration de l’Etat irakien dans les années 20 du siècle dernier, à partir de la révolution, en passant par le coup d’Etat de Bakr Siddik en 1936, pour finir avec le mouvement de Rachid Kilani en 1941 et les transformations qui les ont suivis. Personne ne parlait, alors des sunnites et des chiites, ni des Arabes, des Kurdes, Assyriens et Chaldéens.
D’aucuns estiment que le pourrissement politique en Palestine, joint à l’occupation et à la guerre quotidienne, constitue le premier foyer des problèmes au niveau de la région. A cela se joint la partialité américaine aveugle en faveur de la vanité israé-lienne, laquelle a alimenté les sentiments de haine auprès des Arabes et des musulmans. Toutes les tentatives visant à rectifier la situation se sont avérées vaines. Des dirigeants arabes ont déployé de grands efforts pour persuader l’Administration Bush de renoncer à cette option. Il est résulté de tout cela une “sorte de choléra politique” fort contagieux, pour reprendre les termes du penseur suisse, Jean Ziegler.
Les sentiments de haine ne semblent pas influer sur les options américaines. L’Administration avec ses colombes et ses faucons, va au bout de ses plans, bien qu’elle paraît trébucher parfois en cours de route. Elle a appréhendé Saddam huit mois après une chasse serrée et l’a montré au monde sous une forme humiliante et hideuse. Les Américains ne connaissent pas d’habitude les solutions de moyen terme. Ce sont des extrémistes excellant dans la manière d’écra-ser leur ennemi et de le transformer en une dépouille politique, s’ils décident de le maintenir en vie. Ils ont achevé Hitler et n’ont pas hésité un instant à utiliser la bombe atomique pour anéantir le Japon en profitant de la leçon vietnamienne; puis, de la leçon de Beyrouth en 1983. Dans leur doctrine militaire, on relève des indices de la doctrine des collecti-vités sionistes de 1948, à l’instar du Palmakh et de la Haganah: frapper l’ennemi au point qu’il ne puisse pas se relever.
Nous sommes, aussi, parmi les victimes du “tsunami” américain et des catastrophes naturelles, tels les séismes qui ne sont pas tous l’œuvre de la folie de la nature, tout au moins au niveau des dégâts et des conséquences.
Qui a perdu et qui a gagné dans cette partie de bras de fer historique depuis six ans? Des Palestiniens “pragmatiques” s’arment du fil de l’espoir et disent: “Nos pertes ne se comptent pas à l’ombre de l’inégalité des forces et de la complicité américano- israélienne, mais nous ne capitulerons pas. Nous ne hisserons pas le drapeau blanc. Nous continuons à résister et à infliger des pertes aux Israéliens après avoir transposé la terreur au cœur de leur citadelle inexpugnable”.
La guerre de l’été contre le “Hezbollah” a été une preuve de l’affaiblissement du militarisme israélien. Le temps a-t-il dépassé les climats de Madrid en 1991, le fait accompli étant devenu la solution? Cette recette est, probablement, l’ultime émanant du génie du médecin américain, les ultras israéliens persistant à insister sur le facteur qualitatif dans le conflit. Leurs théoriciens pensent que dans la prochaine guerre de cent ans, au Moyen-Orient, le facteur quantitatif restera marginal dans la confrontation. Ainsi, le professeur Tamar Herman (“Haretz” - 18/4/2007) observe que la population des USA excède un quart de milliard d’âmes, l’Amérique étant plus puissante que la Chine, laquelle la dépasse démographiquement du quintuple et est plus forte que l’Inde dont le nombre d’habitants est plus élevé. Mais Herman ignore que la situation de l’Etat hébreu est totalement différente, parce qu’il baigne dans un océan de haine. Puis, sa situation géographique est sensible et délicate, en ce sens que près d’un million de Palestiniens y vivent et évoluent qualitativement d’une manière très importante. Israël découvre la profondeur de la brèche existant entre l’équation métaphysique sur laquelle il est fondé et sa force physiologique. C’est l’impasse qui pourrait coûter sa position à Ehud Olmert.

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