Dans Cette Rubrique
Si les Libanais étaient laissés à eux-mêmes!
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Le discours d’Emié à Moukhtara
affectera-t-il St-Cloud?
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En optant pour la confrontation
l’Armée a fait avorter le complot
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Beyrouth attire et séduit...
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Par Edouard BASSIL
Si les Libanais étaient laissés à eux-mêmes!

Photo“Si les Libanais étaient laissés à eux-mêmes, ils règleraient leur crise en moins de 24 heures”. Cette assertion est démentie par la presse damascène. En effet, le quotidien (étatisé) “As-Saoura” titrait mardi, au lendemain des entetiens de M. Amr Moussa avec les responsables syriens: “La solution au Liban passe par Damas”. Pourtant, le secrétaire général de la Ligue arabe a fait état d’une “entente saoudo-syrienne” pour résoudre notre crise politique...

“La solution de la crise libanaise n’est pas à Damas mais à Beyrouth”, soutient, innocemment, le chef de la diplomatie syrienne, réflexion que son collègue de l’Information a reprise avec des trémolos dans la voix, traduisant une forte émotion, naturellement feinte, comme on s’en doute.
Si la capitale syrienne n’a rien à voir dans notre crise et, surtout, dans sa perpétuation, qu’est donc allé faire M. Amr Moussa sur les bords du Barada, au terme de son escale saoudite?
Et pourquoi le prince Saoud el-Fayçal a-t-il repris le contact avec son homologue iranien, lequel a réaffirmé pour la centième fois: “L’Iran souhaite voir les parties libanaises antagonistes se retrouver autour d’une même table pour débattre de leurs dossiers conflictuels, dont la persistance empêche leurs retrouvailles?”
Ainsi que le soutiennent les analystes de tous bords, “si le secrétaire général de la Ligue arabe revenait à Beyrouth après ses entretiens de Djeddah et de Damas, cela prouverait un accord saoudo-syrien sur base duquel notre crise serait résolue, ce qui permettrait de transcender les échéances libanaises, dont celle de la présidence de la République, dans un climat consensuel”.
D’ailleurs, selon une source proche du palais de Baabda, jugeant la situation délicate et grave au point de nécessiter une solution rapide, le chef de l’Etat s’abstient de prendre quelque initiative, pour laisser les médiations saoudo-arabes aboutir.
On estime, dans le même temps, que la réunion informelle de la Celle Saint-Cloud qui se tiendra dans les trois prochains jours, n’est nullement dissociée de l’action arabo-régionale.
L’important, pour le moment, est que les parties locales mettent de l’eau dans leur vin et assouplissent leur position pour favoriser un règlement tant souhaité de nos démêlés politiques qui ont des attaches au-delà de nos frontières.
Dans ce contexte, peut-on fonder tant soit peu d’espoir à la rencontre entre le général Michel Aoun et M. Saad Hariri, les deux hommes s’étant promis de s’aboucher prochainement, afin de tenter de rapprocher leurs points de vue à propos des questions litigieuses?
Au préalable, M. Hariri avait tenté, vainement, de renouer avec sayyed Hassan Nasrallah. Malheureusement, le secrétaire général du Hezbollah avait rejeté la main qui lui tendait, sincèrement, le maître de Koraytem.
Puisse le tête-à-tête Aoun-Hariri ouvrir la voie à d’autres rapprochements susceptibles de paver la voie aux retrouvailles nationales. Car s’ils étaient laissés à eux-mêmes, les Libanais sauraient vider leurs querelles sans ingérences extérieures.

Le discours d’Emié à Moukhtara
affectera-t-il St-Cloud?

PhotoLe discours que M. Bernard Emié, ambassadeur de France, a prononcé dimanche à Moukhtara, a suscité une vague de critiques de la part de l’opposition, le chef du Législatif l’ayant taxé de “partialité” en faveur de la majorité. Tout en lui reprochant “de planifier la politique française dont l’Elysée a indirectement rappelé mardi les contours.

Deux faits doivent être signalés la veille de l’ouverture de la réunion informelle à Saint-Cloud, des représentants libanais de différends bords.
Toutes les parties ont accueilli, favorablement, l’initiative française et facilité la tâche de M. Jean-Claude Cousseran, émissaire du chef du Quai d’Orsay, promoteur de ces assises.
Cependant, durant le dernier week-end et 24 heures plus tard, le discours d’un ambassadeur et une prise de position ferme du chef de l’Elysée, ont fait craindre un éventuel torpillage de la réunion mentionnée.
En effet, le président Sarkozy a émis le souhait, en recevant les familles des trois soldats israéliens pris en otage au Liban, par le Hezbollah et, en Palestine par le mouvement Hamas, “de voir le Hezb renoncer à son action terroriste, pour s’adonner au jeu politique parlementaire dans un esprit démocratique”.
A Moukhtara, M. Bernard Emié, ambassadeur de France a, au cours d’une cérémonie d’adieux organisée en son honneur par M. Walid Joumblatt et en réponse au mot prononcé par le leader du PSP, proclamé, vigoureusement, “l’engagement de son pays en faveur du Liban”, tout en saluant “le gouvernement libanais plus que jamais le seul légitime et une majorité courageuse qui ne cède pas à l’intimidation”.
Et d’ajouter: “Cette liberté, cette indépendance ne seront jamais remises en question. Nous lutterons à vos côtés et nous gagnerons pour le Liban et la France”.
Puis, M. Emié a fait cette révélation: “La réunion de Saint-Cloud est une initiative du président Nicolas Sarkozy dont je souhaite dire qu’il a inscrit sa politique dans la continuité totale de celle de Jacques Chirac”.
Le président Nabih Berri a été le premier à réagir aux paroles de l’ambassadeur de France, en recevant le président de l’Ordre des journalistes qui a rapporté ses réflexions autant désabusées que critiques. On peut les lire ailleurs dans cette livraison.
Le chef du Législatif a qualifié de “partiale” la position de M. Emié envers les parties libanaises antagonistes. Tout en disant sur un ton sarcastique, “avoir connaissance du fait que le peuple français a élu un nouveau président pour l’Hexagone, mais il ignore la désignation d’un autre chef de l’Etat français dans les pays d’outre-mer...”
La déclaration du président Sarkozy et le discours de M. Emié peuvent-ils avoir un impact négatif sur la réunion de la Celle St-Cloud et la torpiller avant qu’elle se tienne?.
Or, le président Berri a ajouté à sa déclaration cette petite phrase, pour le moins rassu-rante: “Le discours de l’ambassadeur de France ne nous incitera pas à boycotter les assises de St-Cloud. Nos représentants y prendront part, tout en étant mus par des dispositions favorables vis-à-vis des dossiers qui feront l’objet des débats”...

En optant pour la confrontation
l’Armée a fait avorter le complot

PhotoEn déclenchant la bataille de Nahr el-Bared, cette dernière devait, dans l’esprit de ses fomentateurs, provoquer le chaos au Liban et favoriser l’instauration d’un “émirat islamique” au Liban-Nord. Or, le complot de Fateh el-Islam a eu pour conséquence de cimenter davantage la cohésion nationale et d’unifier les Libanais, lesquels ont tracé la “ligne rouge” qu’ils ne permettront à personne de franchir, surtout quant il s’agit de combattre le terrorisme.

La bataille de Nahr el-Bared pose plus d’un point d’interrogation auteur de son timing et du fait, pour Fateh el-Islam, d’avoir pris pour cible l’armée libanaise.
Cela s’explique par les objectifs que la “bande de Absi” voulait atteindre: isoler le Liban-Nord pour en faire un émirat. La troupe étant l’unique force capable de tenir tête aux terroristes et de les empêcher d’exécuter leur complot, ces derniers ont attaqué des militaires en congé et ont assassiné, sauvagement, plusieurs d’entre eux - certains au cours de leur sommeil - partant de leur conviction qu’en prenant la troupe par surprise, elle se trouverait dans l’impossibilité de riposter. Dans le même temps, les fractions sunnites nordistes auraient, à leur avis, une réaction négative et les laisseraient exécuter leur plan subversif.
Il est apparu, par la suite, que leurs calculs et leurs prévisions se sont avérés faux. De fait, l’Armée entièrement soutenue par l’autorité, a résolu d’opter pour la confrontation, forte de la précédente expérience de Sir Dennieh qui avait causé plusieurs martyrs dans ses rangs.
De son côté, la communauté sunnite a pris carrément le parti de l’institution militaire et l’a soutenue sans réserve.
En revanche, certaines parties ont, tout d’abord, adopté une position quelque peu ambiguë, allant jusqu’à proclamer le camp de Nahr el-Bared comme une “ligne rouge” à ne pas franchir.
En passant à l’action, nos forces régulières ont coupé court à une éventuelle tentative des détracteurs du gouvernement, d’exploiter la bataille en cours. A cet effet, ces derniers ont poussé les réfugiés de Bared ayant fui à Beddaoui, de manifester pour soi-disant réclamer leur réintégration au camp où les combats faisaient rage. Ils ont même poussé l’outrecui-dance jusqu’à lancer des cailloux sur les soldats, tout en scandant des slogans hostiles et aux militaires et aux Libanais...
Ce mouvement protestataire a tourné court, grâce à la ferme riposte de la troupe, laquelle a tiré des coups dans le vide pour disperser les manifestants qui avaient failli déborder les barrages dressés sur leur chemin.
L’attitude adoptée, à cette occasion, par le commandement de Yarzé, tout en bénéficiant du soutien et de la couverture du pouvoir politique, a ranimé l’es-poir des citoyens et leur a donné confiance quant à la possibilité d’édifier un Etat digne de ce nom. Contrairement à ce qui s’était passé au cours des douloureux événements de 75-90, où le gouvernement de l’époque avait refusé de donner son feu vert, ce qui avait provoqué la scission de l’Armée et les dramatiques développements de triste mémoire...

Beyrouth attire et séduit...

Alors que le pays est en plein désarroi, qu’on nous prédit un été chaud, voire sanglant et pendant qu’on enregistre une “émigration exceptionnelle” de nos jeunes qui partent pour des cieux plus cléments, l’Unesco proclame Beyrouth “capitale mondiale du livre pour 2009” (World book capital city 2009).
Ce titre lui a été attribué par un jury formé de représentants d’associations et de fédérations internationales d’éditeurs, de libraires et de bibliothécaires. Partant du fait que l’ancienne Béryte “lieu privilégié de diversité culturelle, de dialogue et de tolérance”, réplique par la culture aux agressions de toutes natures dont elle est la cible depuis des décennies!
Ainsi, elle a donné la preuve de son rôle régional au triple plan culturel, artistique et de la pensée. En effet, malgré les attentats, les menaces et les perspectives de chaos et de partition, inhérents aux velléités de certains groupes terroristes, les organisateurs des festivals annuels n’y ont renoncé qu’in extremis, faute de pouvoir assurer un climat de sécurité, les festivaliers autant que les vacanciers et les touristes étant froussards, comme l’argent est poltron.
Ils ne sont pas enclins à affluer dans une zone, dont l’instabilité est provoquée par ceux, combien nombreux, qui lorgnent le pays du Cèdre.
La décision de l’Unesco peut être interprétée comme une marque de confiance dans “ce coin du paradis” et cette “terre du lait et du miel” tant chantée par la Bible!
Oui, le Liban surmontera ses épreuves, si dures soient-elles et renaîtra de ses cendres comme le phénix, “symbole de l’immorta-lité”.

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