Fateh el-Islam neutralisé, Nahr el-Bared de nouveau
dans le giron de la légalité libanaise
Le retour des héros

Dans une atmos-phère de liesse générale, des milliers de Libanais, toutes appartenances partisanes confondues, ont investi les rues dans différentes régions libanaises, acclamant le retour vers Beyrouth des commandos et des corps d’élite de l’Armée. Depuis la caserne de Araman, transformée durant les hostilités en Q.G. des militaires libanais, en passant par Bohsas à Tripoli, Qalamoun, Anfeh, Hiri, Chekka, Batroun, Amchit, Jbeil, Maameltein, Nahr el-Kalb, Dbayé, Dora, Nabatiyé et Marjeyoun, des centaines de milliers de citoyens, joyeux et fiers de l’issue du combat, ont dans un élan spontané intercepté le convoi des blindés, chars et véhicules de transport et coupé la route devant leurs héros saluant leur bravoure dans la pure tradition libanaise.

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Mardi 4 septembre, aux alentours de 13h15, les corps d’élite de l’Armée libanaise (environ 50 véhicules transportant chacun 30 soldats entre autres des Maghawir, Moujaouqal et Maghawir al-Bahr), ont quitté le Nord en direction de la capitale. Bouclé, interdit aux journalistes tout comme aux déplacés palestiniens, le camp de Nahr el-Bared est laissé aux soins de la Vème Légion qui continue à le ratis-ser avec ses abords, à la recherche des extrémistes fugitifs, au moment où les unités d’ingénierie poursuivent le nettoyage du terrain des mines et des pièges. L’ONG MAG pour le déminage devrait les relayer ultérieurement.

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Ereintés par les combats, les soldats gardent le sourire.

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Parti dans l’après-midi, le convoi n’est arrivé à destination que tard la nuit.

A l’heure même où les dinghys et autres bâtiments rentrent en direction de Mastita-Jbeil, les commandos prennent la tête du convoi. Les photos des 163 soldats-martyrs collées sur leurs véhicules, les militaires lavés de la poussière des combats, encadrés par six hélicoptères, les véhicules de la Croix-Rouge et de la Défense civile, avancent lentement aux rythmes de chansons patriotiques et de rondes de dabké. Assis ou debout, ils brandissent le drapeau libanais, lèvent les doigts en V, signe de la victoire. Après 106 jours de combats meurtriers, ils sont chaleureusement accueillis par les habitants. A Araman et Bohsas, leur convoi est pris d’assaut par la population. Des jeunes gens s’agrippent aux soldats, les portent à bout de bras. Les moins jeunes prennent des photos-souvenirs avec leurs héros. Des salves de feu sont tirées en l’air. La troupe défile sous une pluie de riz et de pétales de roses. Des douceurs orientales sont offertes. Une dizaine de moutons sont égorgés devant les blindés.

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En signe de gratitude, des roses rouges et blanches ont été distribuées aux militaires.

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Les généraux Hajj, Masri et Khoury au cours de la conférence de presse.

A Qalamoun, ville où environ 30 soldats hors service ont été lâchement assassinés aux premiers jours du conflit, les habitants sont descendus dans la rue pour saluer l’Armée, en signe de gratitude pour les sacrifices consentis. Même scène à Batroun où la circulation sur l’autoroute a été complètement bloquée. Des bouchons se forment. Malgré les appels répétitifs lancés pour ouvrir la route, les gens n’obtempèrent pas. Ils semblent déterminés à camper sur place jusqu’à ce que le convoi arrive.
A Amchit et Jbeil, le rassemblement, côte à côte, des partisans du CPL, des FL, des Kataëb et des habitants des villages environnants rappelle étrangement le jour du 14 mars. A Amchit, village natal du commandant en chef de l’Armée, c’est un véritable festival. Ignorant les orga-nisateurs, la foule prend d’assaut le véhicule du colonel Saleh Kays, commandant de la Légion des Maghawirs et le porte à bout de bras. Des roses rouges et blanches sont distribuées aux soldats et le champagne coule à flot. Une “Zaffé” est chargée de saluer les guerriers victorieux et des rondes de dabké sont organisées. Deux heures durant, le convoi défile sans que la ferveur des habitants diminue. Le général Georges Chreim, commandant des Maghawirs al-Bahr; le colonel Chamel Roukoz, le colonel Sami Howayek et le fils de Amchit, le général Antoine Bano sont portés à bout de bras.

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Les soldats avancent sous une pluie de riz.

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Parfaite communion entre la population et la troupe.

Parvenu au rond-point de Jbeil, le convoi est de nouveau envahi par la population. Répondant à l’appel du CPL, des centaines de supporters avec à leur tête, les députés Abbas Hachem et Chamel Mozaya, se rassemblent pour accueillir les guerriers. Les “zagharids”, les feux d’artifice, la pluie de riz et de roses sont au rendez-vous.
Entourant les soldats de toutes parts, les habitants leur offrent des roses, ainsi qu’un drapeau frappé des photos des 22 martyrs des Maghawirs al-Bahr. Avant de regagner leur destination finale, à savoir la caserne de Milad An-Nadaf (NDR: officier assassiné lors des événements de Dinniyé en 2000) à Mastita-Jbeil, ces derniers font un petit détour du côté du Sérail où leurs pieds foulent les tapis rouges et où les moutons sont égorgés en leur honneur.
Ce n’est qu’en début de soirée que le convoi atteint le Kesrouan. De Akaibé, en passant par Tabarja jusqu’à Jounieh, la même scène se répète. Des banderoles et des pancartes d’appui à l’Armée sont accrochées un peu partout. A Nahr el-Kalb, une foule massée de part et d’autre, acclame les militaires. MM. Camille Khoury et Nabil Nicolas, députés du CPL, sont entre autres présents. Six chevaux ouvrent la voie devant le convoi, alors que des couronnes de lauriers et des baklavas sont distribués aux soldats.
A Dbayé, les ferrys mouillant dans le port dessinent le drapeau libanais. Vers 20 heures, les soldats arrivent à Zalka-Amara. Un bain de foule leur est réservé. MM. Michel Murr et Elias Murr, ministre de la Défense, sont de la partie. Celui-ci échange accolades et félicitations avec les soldats. Vers 22 heures, le convoi parvient au centre-ville; puis, à Aïn Mreissé avant d’accéder enfin au bain militaire.

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Chaker Absi vivant ou mort?

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Les soldats ont tiré des salves de feu en signe de la victoire.

A Nabatiyé, les habitants descendent dans les rues pour célébrer la victoire de l’Armée et offrent des roses et des douceurs aux passants et aux patrouilles de l’Armée.

Murr: non à un second gouvernement,
oui à un président dans les délais

Peu avant le retour de la troupe, M. Elias Murr, ministre de la Défense, a, au cours d’une conférence de presse tenue à Yarzé, dressé un bilan des pertes humaines à Nahr el-Bared, laissant aux officiers du haut commandement, les généraux Chawki Masri, chef d’état-major; François Hajj, directeur des opérations de l’Armée et Georges Khoury, directeur des Renseignements; le soin de donner un exposé détaillé des opérations et de répondre aux questions des journalistes.

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Le repos du guerrier.

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Les secouristes de la Croix-Rouge transportant la dépouille d’un islamiste.

Il révèle qu’outre le nombre indéterminé des combattants de Fateh el-Islam enterrés dans des fosses communes, 222 terroristes ont été tués et 202 autres arrêtés depuis le début des combats. L’Armée, elle, a perdu 163 militaires, dont 13 officiers et 32 sous-officiers. Invitant les Libanais à être fiers des exploits de l’Armée, en dépit de tout ce qui a été avancé au cours des 106 jours de combat, le vice-président du Conseil appelle à la modernisation de la troupe. Martelant qu’après la victoire de Nahr el-Bared, il n’y a pas un retour en arrière, que le crime ne restera plus impuni au Liban et qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter sur le sort des civils palestiniens ou même d’avoir peur des Palestiniens, M. Murr assure que la protection de Nahr el-Bared relève, désormais, uniquement de l’autorité libanaise.

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L’Armée traque toujours les fugitifs.

S’interrogeant sur l’après-Nahr el-Bared et sur le devenir de l’Armée, le ministre de la Défense se demande: “Quelle Armée voulons-nous? Est-ce une Armée qu’on oublie en temps de calme et de prospérité et dont on se souvient en temps difficile?”
Soulignant, à cet égard, que l’armement et la modernisation de l’Armée doivent être, désormais, une priorité nationale et un devoir interna-tional. “Il n’est plus permis que la troupe souffre d’un déficit en termes d’équipements”, a-t-il dit.
Le ministre de la Défense saisit l’occasion, pour réitérer l’engagement de l’Armée “à protéger le Sud, à appliquer la résolution 1701, à surveiller les frontières libano-syriennes et les eaux territoriales, à défendre Taëf, à assurer la sécurité et la stabilité”. Il en profite pour lancer un message politique au nom des martyrs de la troupe. Il avertit “qu’il n’est pas permis de mener le pays vers l’effritement ou de gaspiller les sacrifices des héros, en formant deux gouvernements, voire deux Liban(s) ou en ratant l’échéance présidentielle sans élire un président de la République”.

Saluant le commandant en chef de l’Armée qu’il a qualifié de “père de tous les martyrs”, ainsi que les soldats, les FSI, la Croix-Rouge et la Défense civile pour leur action, M. Murr remercie tous les pays qui ont apporté leur soutien au Liban durant la crise, notamment l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, l’Egypte, la Jordanie, l’Union européenne et les Etats-Unis.
Après la diffusion d’une vidéo sur les combats de Nahr el-Bared, le général François Hajj expose en détail les combats. De son côté, le général Georges Khoury assure de nouveau que Fateh el-Islam est affilié à al-Qaëda, “comme l’ont démontré les révélations des terroristes arrêtés et les contacts interceptés”.
Pour ce qui est d’un rôle éventuel des Renseignements syriens, le directeur des Renseignements de l’Armée affirme: “Rien ne permet pour le moment d’établir un lien entre le groupuscule terroriste et les SR syriens mais l’enquête est loin d’être achevée”.
Le général Khoury insiste sur l’implication du groupuscule dans le double attentat de Aïn Alak, en soulignant “qu’une éventuelle responsabilité dans d’autres attentats reste encore à prouver”.
Le général Chawki Masri, chef d’état-major, souligne que “l’aide fournie par la Syrie s’inscrit dans le cadre de l’accord conclu entre les armées des deux pays avant le retrait syrien” (…)

L’Armée contrôle le camp proclamé zone militaire
Le 2 septembre, après des combats meurtriers qui ont duré plus de trois mois, l’Armée a mis fin au cauchemar de Fateh el-Islam. La fin de la bataille a été annoncée après que les soldats aient réussi à faire échec à une tentative de fuite désespérée orchestrée par les islamistes. En effet, dimanche à l’aube, aux alentours de 4 heures, une quarantaine de terroristes ont essayé de s’évader du camp après une diversion. 32 d’entre eux ont été abattus lors des accrochages déclenchés suite à leur tentative. Quatre ont été blessés et 34 autres capturés, dont 23 à l’intérieur du camp. L’Armée a perdu cinq soldats durant l’opération.
Juste après cette dernière et violente confrontation, le commandement de l’Armée annonce la fin des combats et le contrôle total du camp des réfugiés palestiniens. Il demande, également, aux déplacés de Nahr el-Bared de ne pas rentrer chez eux jusqu’à ce que le camp soit complètement nettoyé.
Selon les informations, les intégristes acculés au pied du mur, se sont répartis en plusieurs groupes et ont avancé, simultanément, sur trois axes: du centre du camp en direction de l’autoroute de Abdeh-Minié juste à l’entrée de Mhamarra; de l’intérieur du camp en direction de la plage et, en nageant, vers le nord ainsi qu’en direction de l’entrée sud, le long du lit du fleuve pour remonter dans les villages environnants jusqu’à Ouyoun as-Samak. Il convient, aussi, de noter que des miliciens qui ont réussi à fuir hors du camp, montés à bord d’une Mercedes de couleur blanche appartenant à un Libanais, un chauffeur de taxi de la famille al-Rifai, ont attaqué un poste de contrôle de l’Armée pour faire diversion. Ils ont réussi à tuer un soldat avant que la garnison ouvre le feu, tuant trois d’entre eux et capturant le conducteur.
Notant une activité suspecte, les forces régulières qui ont multiplié les embuscades dans plusieurs endroits du camp, ont tôt fait d’attaquer les fondamentalistes salafistes désormais sous leur feu. De violents accrochages s’en sont suivis jusqu’à 6 heures du matin. Auparavant, vers 5 heures, la troupe avait pris des dispositifs sécuritaires drastiques le long de l’autoroute de Abdeh à l’entrée nord du camp de Nahr el-Bared, allant jusqu’à l’entrée de Tripoli. Elle a, également, coupé la route de Abdeh-Minié dans les deux sens transformant la région en une zone militaire. L’Armée a organisé des patrouilles et effectué des perquisitions à la recherche de combattants qui ont réussi à fuir en direction des villages avoisinants. Les unités de l’Armée et les “Fouhoud” des FSI, appuyés par les hélicoptères ont conjointement ratissé les abords de Ouyoun as-Samak, le long du fleuve de Nahr el-Bared entre le Akkar et Dinniyé, ainsi que les abords de Bebnine, Mhamarra, Wadi el-Jammous, Beit el-Haouch, Karkaf, Berkayel et Ouyoun el-Nahr. Quatre de ceux qui ont réussi à s’enfuir, ont été retrouvés cachés dans les buissons aux alentours de Bebnine. Deux autres ont été capturés à Wadi el-Jammous. Les recherches ont, également, englobé Hay el-Bahr. Les vedettes qui patrouillaient face au camp ont, de leur côté, appelé les habitants à prendre garde et à alerter l’Armée de la présence et des caches des éléments suspects. Les forces de la marine ont capturé un intégriste et tué quatre autres.
Dès l’annonce de la fin des combats, les soldats ont tiré en l’air pour célébrer leur victoire sur les terroristes Les habitants des villages nordistes, eux, ont investi les rues acclamant l’Armée et distribuant aux passants des douceurs orientales.

Où est Chaker Absi?
Environ une semaine après l’arrêt des hostilités et au moment où la vie reprend petit à petit son cours normal, les opérations de ratissage du camp se poursuivent. Ce faisant, les militaires ont extirpé parmi les décombres une cinquantaine de cadavres que les secouristes de la Croix-Rouge et de la Défense civile ont transportés jusqu’à la morgue de l’hôpital gouvernemental de Kobbé à Tripoli, où les médecins légistes procèdent aux tests ADN.
Jusqu’aux dernières nouvelles, 54 cadavres se trouvent à la morgue. Les épouses et les filles des extrémistes de Fateh el-Islam présentes à la mosquée al-Arkam à Saïda, devaient s’y rendre pour les identifier. Par ailleurs, les résultats des tests ADN effectués sur le cadavre présumé de Chaker Absi, n’ont pas été concluants. Le corps identifié par l’épouse et la fille du leader de Fateh el-Islam, ainsi que trois religieux du Rassemblement des ulémas palestiniens, n’est pas semble-t-il celui du chef du groupuscule salafiste. De nouveaux tests ADN devront être effectués dans les prochains jours. Des prélèvements sanguins seront probablement exigés de son frère résidant en Jordanie. Ces nouvelles donnes soulèvent plusieurs interrogations quant au sort de Chaker Absi. Est-ce qu’il a réussi à s’évader? Sa dépouille se trouve-t-elle toujours sous les décombres? Cela dit, la famille du chef intégriste et les religieux devront, d’ici peu, répondre aux questions des enquêteurs de l’Armée. Soulignons que, selon la dernière version avancée, Chaker Absi et cinq autres extrémistes ont été tués le dernier jour des combats, dans le tir d’un canon de char qui a visé la mosquée Khaled Ibn al-Walid, où les terroristes étaient retranchés. En Jordanie, le frère de Chaker Absi, estimant que son frère est tombé martyr, exige que sa dépouille soit extradée en Jordanie.
Le sort d’Abou Salim Taha, porte-parole du groupuscule, demeure aussi inconnu. Notons dans ce cadre que, transférée sous haute protection de l’hôpital gouvernemental de Baabda, la dépouille mortelle de Chéhab Kaddour, alias Abou Horeyra, a été enterrée un mois après son décès dans le “cimetière des étrangers” à Tripoli. Rappelons que les habitants de Mechmech, village natal du numéro deux de Fateh el-Islam et de Bab Tebbané, ont refusé d’inhumer le corps de l’islamiste dans leur localité.
Sur un autre plan, à l’instant où des voix s’élèvent, notamment du côté du Bloc de la réforme et du changement, exigeant une enquête indépendante pour établir la vérité sur le martyre de 163 soldats à Nahr el-Bared et sur les véritables objectifs de Fateh el-Islam, ceux qui sont derrière, ceux qui ont financé, aidé et facilité leur entrée au Liban, les déplacés de Beddaoui multiplient les sit-in et réclament le retour au camp de Nahr el-Bared dans les plus brefs délais.

Le camp de Bared zone militaire
Décrété zone militaire, le camp restera pourtant aux mains de l’Armée. Cette dernière ne le remettra au gouvernement libanais qu’une fois les opérations de déminage et de sécurisation de la zone achevées. Pour le moment, la troupe traque toujours les fugitifs. Les vedettes, les soldats et les hélicoptères ratissent le camp et ses abords à la recherche d’éventuels islamistes en fuite. Un élément salafiste caché dans les roseaux aux abords du camp, a été tué lundi. Un autre a été capturé mercredi à Tripoli à proximité du camp. Le combattant, de type asiatique mais sans papiers, a été arrêté à un barrage de l’Armée, alors qu’il se trouvait à bord d’un taxi. La troupe passe au peigne fin les vallées, les collines, les bois et les lits des fleuves, notamment dans les régions de Melloula et de Dinniyé. Elle incendie, aussi, au mazout les champs de roseaux et les buissons, dans l’espoir d’y trouver des fuyards. Les soldats ont méthodiquement fouillé le lit du fleuve Abou Ali à la recherche du dénommé Ahamad al-Jazaïri, un Algérien qui a pris la clef des champs dimanche dernier, accompagné de Bachir Mohamed Armani, un Tunisien, également membre du groupe terroriste. Ce dernier, légèrement blessé, s’est réfugié dans un bâtiment désaffecté de Kobbé. Il a été arrêté par l’Armée mardi.
De leur côté, les unités de l’ingénierie continuent à faire sauter les bâtiments et abris souterrains; les soldats se sont redéployés aux abords du camp et le long de l’autoroute de Abdeh-Minié, à raison d’un soldat tous les dix mètres, les opérations de ratissage devant se poursuivre jusqu’à la fin des recherches.

Le sergent Samir Tannous,164ème martyr de l’Armée

Le sergent “inconnu”, dont la photo publiée à la Une du quotidien libanais an-Nahar est mort. Le 164ème martyr de l’Armée a été identifié; il s’appelle Samir Tannous. Il a été tué mardi, accidentellement écrasé par le véhicule blindé sur lequel il était juché lors du retour de la troupe après la chute de Nahr el-Bared. Le sergent qui a vécu les combats depuis leur début le 20 mai, rentrait avec ses compagnons d’armes dans sa caserne d’origine à proximité de Beyrouth, lorsqu’il est tombé du haut du blindé.

Hommage unanime à l’Armée
Quelques heures après la chute de Nahr el-Bared, les félicitations en série à l’Armée, locales et étrangères, ont afflué de toutes parts. Toutes les parties et personnalités politiques, qu’elles soient de l’opposition ou de la majorité, ont rendu hommage à l’Armée. Le président Emile Lahoud et M. Nabih Berri, président de la Chambre, ont contacté le général Michel Sleimane pour le féliciter.
Le président de la République a souligné que “l’Armée a réalisé de nombreuses victoires au cours des 106 jours de combat, des victoires qui ont suscité l’admiration de tous, aussi bien ici qu’à l’étranger. Cette victoire est celle du Liban et de tous les Libanais. De grandes responsabilités se dressent devant l’Etat qui doit découvrir les vrais objectifs des terroristes, ainsi que ceux qui se cachent derrière eux, qui les ont financés et aidés à pénétrer à Nahr el-Bared”, a -t-il affirmé.
Dimanche en début de soirée, M. Fouad Sanioura, Premier ministre, a rendu hommage à l’Armée et salué la bravoure des soldats. Dans une adresse à la nation, il a réaffirmé l’engagement du gouvernement libanais à reconstruire le camp, invitant les pays donateurs à se réunir le 10 spetembre pour discuter de leurs contributions à ce projet.
“Nous sommes déterminés à ce que l’Etat et ses forces légales soient les protecteurs et les garants de la sécurité des citoyens. Nous sommes déterminés à ce que l’Etat établisse son autorité sur l’ensemble du territoire national. Nous sommes, enfin, déterminés à ce que le Liban ne soit plus une arène de conflits régionaux et internationaux, ce dont nous avons tellement souffert” (…) a-t-il affirmé.
L’ancien président de la Chambre, Hussein Husseini; M. Farid Makari, vice-président de la Chambre; Salim Hoss, Najib Mikati, anciens Premiers ministres; le Bloc parlementaire populaire présidé par le député Elias Skaff; le Bloc tripolitain, le parti Tachnag, la Ligue maronite, MM. Saad Hariri, Marwan Hamadé, Faouzi Salloukh, Robert Ghanem, Samir Geagea, Wadih el-Khazen ont tous fait l’éloge de l’Armée.

La victoire appartient au peuple libanais

Le général Michel Sleimane, commandant en chef de l’Armée, qui s’est rendu au chevet des blessés et les a félicités de leur victoire sur les terroristes, avait auparavant, dédié la victoire de Nahr el-Bared “aux martyrs de l’Armée et de la Résistance qui ont sacrifié leurs vies au service de la nation”.
Il a aussi dédié ce triomphe “aux familles des soldats martyrs, ou blessés, au peuple libanais, ainsi qu’aux frères palestiniens qui ont rejeté le terrorisme et se sont rangés aux côtés de l’Armée durant toute la période des affrontements”.
Le commandant en chef de l’Armée a, par ailleurs, précisé que “la victoire appartient au peuple libanais qui s’est rassemblé autour de l’Armée et a salué son courage, sa bravoure et son héroïsme contre le terrorisme”.
Il a, dans ce cadre, appelé “à entamer le processus de reconstruction, à renforcer l’union nationale, à préserver la sécurité et la stabilité afin que le Liban soit triomphant”.
S’adressant à la troupe, le général Michel Sleimane a salué sa victoire contre le terrorisme au nom de l’union nationale, “une victoire réalisée en mémoire des compagnons d’armes tombés au combat et du sang versé, tout en épargnant les civils libanais et palestiniens”.
Il a, enfin, invité les soldats libanais au nom du sang versé par les martyrs tombés pendant l’agression israélienne de juillet 2006 et de la lutte contre le terrorisme à Nahr el-Bared “à se conformer aux constantes nationales, à faire preuve de discipline à garder leurs armes pointées dans la bonne direction contre l’ennemi israélien et contre le terrorisme.”

De leur côté, les Etats-Unis ont également félicité le Liban pour sa victoire sur les terroristes. “Nous félicitons le Premier ministre Fouad Sanioura et le gouvernement libanais pour leur victoire sur l’organisation terroriste Fateh el-Islam dans la bataille du camp de Nahr el-Bared”, a déclaré Dana Perino, porte-parole de la Maison-Blanche. “Nous saluons particulièrement la bravoure des forces armées libanaises qui ont combattu, courageusement, durant plus de trois mois pour vaincre cet ennemi dangereux”, a-t-elle ajouté, soulignant que Washington est “satisfait” d’avoir apporté son aide en formation et en assistance à l’Armée libanaise. L’Arabie saoudite a, aussi, salué la victoire de la troupe contre “un foyer d’extrémisme et de terrorisme”.
Le gouvernement saoudien a, en effet, espéré que “le triomphe de l’Armée raffermira l’indépendance du Liban et la renforcera contre toute ingérence extérieure”.

Par Micheline ABI-KHALIL
Article paru dans "La Revue du Liban" N° 4122 Du 8 Au 15 Septembre 2007
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