Farid Aouad, après des études artistiques à l’Académie Libanaise des Beaux-Arts, s’installe à Paris où, au fur et à mesure son art s’impose. A noter qu’il fait partie de la première génération de plasticiens diplômés de l’ALBA, entre autres: Chafic Abboud, Nicolas Nammar, Mounir Eido, Hélène El Khaal, Saïd Akl, Yvette Achkar qui ont marqué, par leurs productions, l’art libanais au XXème siècle.

A travers l’ensemble des dessins exposés, tout particulièrement les portraits et dessins de personnages, on remarque que l’art de cet artiste est de tendance académique, minutieux et précis.
Mais, si par académisme on entend un art fait, surtout, de mesure et soumis à une fidèle reproduction du modèle et, par romantisme, un art inspiré par les sentiments, on s’aperçoit qu’il est aussi romantique qu’académique, cette dernière épithète ne s’appliquant qu’avec réserve à son œuvre.

Technique maîtrisée et sensibilité exceptionnelle
Lors de la visite de l’exposition, on a tôt fait de constater la qualité de la technique, parfaitement bien maîtrisée, qui permet à Farid Aouad de voir, d’analyser les formes et les proportions; de tracer le profil d’une forme humaine et de peindre un portrait. La sincérité de son réalisme s’adapte sans effort à une recherche constante de la beauté et met instinctivement de l’harmonie dans toutes ses réalisations.

On sent, par ailleurs, que le jeu linéaire des contours compte pour lui avant tout, les volumes, le galbe et le relief lui étant subordonnés, qu’ils s’y casent aisément et à peu de frais.
Si son répertoire se limite, presque, aux personnages, aux portraits et à des scènes d’intérieur, il refuse de céder au pittoresque, à l’anecdote et au détail ornemental. Les sujets sont peints d’après modèle, dessinés avec rigueur et précision, tendant à acquérir une évidence plastique. Le crayon, la plume, le fusain… évitent les flatteries faciles d’effets gratuits.. Les dessins se caractérisent par la recherche d’une intégrité d’expression qui souligne le trait dominant de son langage. Les éléments constitutifs de cette rigueur de style, consistent en une disposition précise des formes et volumes dans l’espace, dans un accord de tons, d’ombres et lumières très calculés.
Il y a deux hommes dans cet artiste: le réaliste qui tient à se soumettre à une discipline sévère, fonction du réel et le romantique qui exprime ses sentiments. Aussi, en dépit de son réalisme, n’hésite-t-il pas à interpréter la forme quand le sujet de son œuvre l’exige. Volontairement, il allonge une silhouette avec l’intention d’en faire une figure plus élégante. Toutes les déformations sont voulues, faites avec mesure et dosées avec un tact parfait. Ceci lui permet de donner aux êtres et aux éléments des proportions conformes au degré de plasticité où il souhaite les amener.
A travers son œuvre, Farid Aouad conserve une étonnante unité. De tels dessins conservent une valeur exemplaire, tant le sentiment de vie qui s’en dégage témoigne de leur authenticité.