Le célèbre chirurgien Michael DeBakey (Dabaghi), dont les transplantations cardiaques et les pontages coronariens l’ont placé en tête de liste des grands noms de la chirurgie cardio-vasculaire moderne, est mort à l’âge de 99 ans, à Houston au Texas. Le chirurgien s’est éteint, vendredi dernier, de causes naturelles, selon l’hôpital méthodiste de Houston, là même où il exerçait.
Durant une carrière qui s’est étalée sur plus de sept décennies, DeBakey, qualifié par certains de “père de la chirurgie cardio-vasculaire moderne”, a mis au point un certain nombre de procédures chirurgicales novatrices qui sont, désormais, courantes pour traiter différents problèmes cardiaques. Cela dit, son innovation la plus connue reste le pontage coronarien qu’il a réalisé pour la première fois en 1964.
Fils d’immigrants libanais, Chaker Maurice Dabaghi et Raheehja Zorba, Michael DeBakey est né le 7 septembre 1908 à Lake Charles, en Louisiane. Il poursuit des études en médecine à la faculté de médecine de l’Université de Tulane à La Nouvelle-Orléans, avant de mener des études spécialisées à l’hôpital de Strasbourg en France; puis, à l’Université de Heidelberg, en Allemagne. Durant ses années d’études, DeBakey voue une attention toute particulière aux études et à la recherche. C’est ainsi qu’il a conçu, en 1931, le système de pompe, utilisé plus tard dans les opérations à cœur ouvert. Il avait, également, développé les cœurs artificiels et mis au point plusieurs techniques actuellement communes dans le monde de la chirurgie, comme la dissection aortique, une procédure qu’il avait lui-même subie en 2006.
Polyglotte, remarquablement intelligent, il avait créé plus de 70 outils chirurgicaux. Selon Ron Girotto, président de l’hôpital méthodiste de Houston, DeBakey “a amélioré la condition humaine et touché la vie des générations à venir”. En effet, au fil des ans, DeBakey a acquis une solide réputation dans le domaine de la chirurgie cardio-vasculaire. Une célébrité qui lui a permis de devenir consultant médical des présidents américains durant les cinq dernières décennies. Notons que durant sa carrière, le chirurgien a réalisé plus de 60.000 opérations. Il a eu comme patients, de nombreuses célébrités au nombre desquelles figurent les anciens présidents américains John Kennedy, Lyndon Johnson et Richard Nixon, le shah d’Iran, le roi Hussein de Jordanie, Aristote Onassis, Marlène Dietrich et Jerry Lewis.
Le 23 avril 2008, le président américain George W. Bush rend un dernier hommage à Michael DeBakey.
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La maison paternelle du chirurgien à Jdeidet Marjeyoun.
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ULTIME HOMMAGE EN AVRIL 2008
En 1996, il avait servi comme consultant pour un quintuple pontage coronarien qu’avait subi le président russe d’alors, Boris Eltsine. Le 23 avril 2008, un dernier hommage a été rendu à DeBakey aux Etats-Unis, au cours d’une cérémonie tenue au Congrès, durant laquelle le président George W. Bush a décerné au chirurgien la médaille d’or du Congrès. Cette décoration est venue s’ajouter à une longue liste de décorations dont, entre autres, la médaille de la liberté du Congrès qu’il a reçue 40 ans auparavant. Comparant DeBakey à Thomas Edisson, Walter Reed et Jonas Salk, le président américain a estimé que le legs du chirurgien réside dans les grands-parents qui ont vécu pour voir leurs petits-enfants grandir, dans le fait d’avoir placé entre ses mains le don de vie sacrée et fragile à la fois.
Sam Zakhem, médecin et ami du chirurgien défunt, dit “DeBakey parle très peu mais il est remarquablement intelligent, toujours présent et très humble. Il voyage beaucoup et cherche à traiter les pauvres avant les riches (…)”.
Honoré à maintes reprises, le Pr DeBakey a reçu, en 1969, la plus haute distinction à laquelle pourrait prétendre un citoyen américain, à savoir: la Médaille présidentielle pour la liberté. En 1987, le président Ronald Reagan lui a remis la Médaille nationale pour les Sciences.

DeBakey, lors de sa dernière visite
à son village natal.
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Le chirurgien recevant un doctorat honorifique.
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Retour aux sources
Rappelons que le 7 septembre 2005, DeBakey a effectué une visite au Liban. Sa première visite remontant à 1919, alors qu’il avait 11 ans. Accompagné de son épouse Catherine et de sa fille Olga, il se rend pour cinq heures dans sa ville natale de Jdeidet Marjeyoun où un accueil populaire et chaleureux lui a été réservé.
Entouré des notables de la ville, des dignitaires religieux et de ses proches, il célèbre son 97ème anniveraire avant de se rendre au quartier al-Ouyoun, là où se dresse la maison paternelle et où Debakey a passé six mois de son enfance. Profitant de son bref passage dans la ville sudiste, le Pr DeBakey a, également, inspecté l’hôpital gouvernemental de Marjeyoun. Il convient, aussi, de souligner que le chirurgien a clôturé son séjour par une visite à l’Université de Balamand, où il a inauguré la “chaire Michael DeBakey pour les maladies cardio-vasculaires”.
Lors de son séjour, le célèbre chirurgien qui s’est déclaré heureux de renouer avec ses racines, a confié au cours d’un entretien: “Lorsque j’ai commencé à pratiquer la médecine et à effectuer des opérations cardio-vasculaires, j’ai visité bon nombre des pays du Moyen-Orient pour animer des conférences et des tables rondes sur les activités médicales dans ce domaine. Je me suis, alors, rendu en Syrie, en Jordanie, en Irak et dans mon pays le Liban où j’ai pris part à un congrès médical qui a été organisé à l’époque (1965) à l’hôtel al-Bustan à Beit-Méry. J’ai été, également, invité en tant que consultant de plusieurs établissements académiques dont la LAU et actuellement l’Université de Balamand, pour appuyer certaines activités médicales, ce qui m’a permis de revisiter mon pays natal avec ma petite famille, mon épouse et ma fille. Je suis heureux de retrouver mes racines”.
Et de se souvenir: “La première fois où j’ai pu visiter la région, c’était juste après avoir décroché mon diplôme, après la fin de la Seconde Guerre mondiale, lorsqu’on m’a demandé de joindre une mission chargée d’évaluer les mécanismes nécessaires pour apporter de l’aide médicale américaine aux pays du Moyen-Orient et d’y développer les pratiques médicales. Et comme prévu, les Etats-Unis ont avancé des aides importantes aux pays parmi lesquels le Liban et l’Arabie saoudite”.
Précisant qu’il continue à pratiquer sa profession malgré son âge avancé, DeBakey a affirmé que les médecins libanais jouissent d’une très bonne réputation aux Etats-Unis et comptent parmi les plus réputés. Bien qu’il ne connaisse pas le régime libanais, il a avoué qu’il suit de près les nouvelles concernant le Liban.
Auteur de douze ouvrages, le Pr Michael DeBakey a, également, à son actif plusieurs exploits médicaux dont voici quelques-uns:
1931- Il développe le système pompe qui permettra la mise au point des machines cœur-poumon et les premières opérations à cœur ouvert.
1949- Le chirurgien mène une campagne réclamant la fondation de la Bibliothèque nationale de Médecine.
1950-1953- Il développe un outil chirurgical destiné à être utilisé dans les chirurgies cardio-vasculaires.
1953- Il opère la première angioplastie.
1956- Il effectue la première réparation d’une communication congénitale interventriculaire.
1960- Entame ses recherches pour développer un cœur artificiel.
1963- DeBakey est le premier à réaliser une chirurgie cardiaque par vidéo.
1964- Premier pontage coronarien et nomination de DeBakey comme doyen du Commissariat présidentiel pour les maladies du cœur, du cancer et du cerveau.
1977- Parution de son livre Cœur vivant.
1978- Fondation du Centre Michael DeBakey pour les études et les recherches dans le domaine de la “médecine biologique”.
1985- Fondation du Centre DeBakey pour les maladies cardiaques.
1996- Son nom est inscrit sur la liste des grandes célébrités de la médecine. |
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