A l’occasion de la commémoration des martyrs de la presse, le 6 mai, les journées vécues actuellement par le Liban, sont dures pour tous les citoyens, spécialement pour les journalistes qui doivent contribuer à la bataille de l’entente et au retour à soi-même, en consolidant la liberté d’expression, de pensée et la démocratie sur les bases les plus saines.
A l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la Presse, le 3 mai et de la commémoration des martyrs de la Presse, le 6 mai, par décision des Ordres de la Presse et des journalistes, idée adoptée par la Fédération des journalistes arabes (FJA), en hommage aux martyrs du Liban, cette année davantage que les autres années, après l’agression israélienne contre le Liban et la Palestine et l’occupation américaine de l’Irak, nous comprenons mieux le sens du martyre et son lien avec la liberté. Le martyre du 6 mai 1916, avait été consenti en faveur de la liberté, comme pour le raffermissement de l’unité nationale, toutes deux ayant été confrontées avec un sultan oppresseur.
En cette journée mémorable, en transmettant aux journalistes du Liban et aux Libanais, les salutations de leurs confrères arabes, nous proclamons notre attachement à une société libre, spécialement dans les batailles en faveur des libertés.
La liberté comme le martyre, ne doivent pas être un sujet de conflit chez nous, mais une entité que nous connaissons tous et reconnaissons, tout en traitant avec elle sous une égide légale claire qui en accroît la pureté.
Ainsi nous comprenons la journée du 6 mai et c’est en ce sens que nous la voulons, sinon ce serait une journée en vue de la rectification et une occasion marquée par la complaisance.
La journée de nos martyrs, les martyrs de la patrie et de la Presse - le martyre, le message et la foi n’en formant qu’un - nous la voulons la journée de la grandeur. Le martyre étant aussi le summum du don. C’est pourquoi, les significations de la commémoration se raffermissent et s’approfondissent chaque jour, consacrées et arrosées par les martyres que la profession ne cesse d’offrir en faveur de la liberté, de la fierté et de la pureté professionnelle.
A l’aube de la 28ème journée de cette commémoration que nous avons adoptée aux Ordres de la Presse et des journalistes et à la FJA, nous considérons comme une victoire pour nous qu’une journée soit consacrée en mai à la Presse, par décision des Nations unies, en signe de solidarité avec les journalistes et leurs libertés. Qu’elle soit une journée de méditation et non de repos, confirmant que le luxe est exclu des concepts de la profession, de ses comptes et de ses échéances qui ne connaissent aucun instant de trêve ou une seconde de calme, mais un effort continu.
La Presse libanaise et avec elle, la Presse arabe, vivent durant la journée des martyrs du verbe, le caractère sacré du sens et de la chaleur du sang par lequel nos martyrs ont arrosé notre terre sacrée, engendrant davantage de lutte, de liberté et d’opiniâtreté dans le droit, ce droit qui demeure aussi blanc que la neige du Liban, éclatant comme sa pleine lune que rien n’éclipse, même si elle disparaît pour un temps. Cette journée est considérée comme une valorisation de ce qu’ont offert les hommes de la presse; ses symboles ont été de grands martyrs dont la valeur ne cesse de s’accroître avec le temps.
NOMS DES JOURNALISTES-MARTYRS
En cette journée, nous citons avec fierté et admiration nos chers martyrs: Fadel Saïd Akl, cheikh Ahmed Hassan Tabbara, Abdel-Ghani Arayssi, Gergi Haddad et leurs frères les martyrs du 8 mai: Philippe et Farid el-Khazen, les frères Toufic et Antoine Zreik, Mohamed Mahmassani, Abdel-Karim el-Khalil, Omar Hamad; Pétro Paoli; les martyrs Nassib Metni, Ghandour Karam, Fouad Haddad, Karim Mroué, Edouard Saab, Salim Laouzé, Wassim Takieddine, Massoud Yaacoub Hoyek, Mohamed Houmani, Elia Aboul-Rousse, Toufic Ghazzaoui, Bahije Metni, Assem Badreddine, Hussein Mroué, Souhail Tawilé, Georges Semerdjian, Hanna Mokbel, Raymond Kawas, Toufic Youssef Aouad, Khalil Douhaini, Nassar Toufic Khoraiche, Ahmed Haïdar, Bahjat Dakroub, Adnan Abdessater, Talal Rahmé, Nayef Cheblak, Najib Azzam, Elias Chélala, Saïd Fakhreddine, Fabienne Thomas, Nehmat Sibahi, Joseph Zeinoun, Moussa Mahfouz, Yéhia Hazouri, Antoine Malakhia Harb, Saydé Naïm el-Khoury, Bilal Daher, Hassan Fakhr, Hassan el-Sayed et Ali Bazoun.
De même, nous nous rappelons de Gebrane Tuéni, Georges Hawi, Samir Cassir, en plus de ceux qui ont fait l’objet d’attentats et sont restés en vie: notre confrère Marwan Hamadé, May Chidiac. L’image nous revient à l’esprit du regretté Riad Taha, l’un des grands martyrs.
Les journées historiques que vit le Liban, exigent de tous, spécialement des journalistes de s’engager dans la bataille de la liberté et de la démocratie d’une façon permanente, afin de contribuer, serait-ce dans une certaine mesure, au prix élevé qu’ont versé les fils du Liban et ses journalistes martyrs, en vue d’un avenir souriant pour leur peuple et une dignité précieuse pour leur patrie.
Nos mains sont tendues à tous les journalistes partout dans le monde, dont l’évolution professionnelle a rapetissé ses distances et ses frontières, pour devenir un monde unique ayant une seule identité: la liberté et la démocratie.
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Répétons tous le slogan lancé à l’occasion de la commémoration mondiale de la liberté de la Presse par la Fédération internationale: “Pas de liberté à qui que ce soit sans la liberté de la Presse”. Et parce que le verbe est une autorité, le pouvoir dépravé l’oppresse et lui est hostile, en le combattant par la répression, les massacres et la tentative de soudoiement, comme par la censure que continuent à exercer trente Etats, dont le nombre était de vingt-neuf l’année dernière. Le nombre des martyrs de la Presse dans le monde s’est élevé à 72 journalistes en 1995 et se monte à 926 aujourd’hui.
Nous saluons ici les martyrs de Palestine, d’Irak, des autres Etats arabes et d’Amérique latine, tout en condamnant la répression israélienne criminelle et l’interdiction faite aux confrères d’assumer leurs obligations, afin de ne pas dévoiler les crimes du sionisme perpétrés par Israël, coupant de ce fait les ponts entre l’Etat hébreu, la civilisation et l’humanité, en réprimant la lutte des militants palestiniens et leur brave intifada.
Enfin, nous réclamons la libération de tous les journalistes détenus partout dans le monde, comme des prisonniers libanais et arabes incarcérés dans les geôles israéliennes et dans toute autre prison sous toutes les latitudes.
Vive le verbe! Vive la liberté et vive le Liban. |