Noemigate, l’affaire qui embarrasse Berlusconi

La presse italienne se délecte de ce que l’on appelle désormais Noemigate, lancée par les révélations de La Republica choisi par Veronica Lario, épouse de Berlusconi pour y réclamer publiquement le divorce, ne pouvant “rester aux côtés d’un homme qui fréquente des mineures”. Depuis, ce journal de gauche interpelle quotidiennement le Cavaliere. Une aubaine pour l’opposition qui cherche noise au chef du gouvernement italien, lequel se prévaut d’une cote de popularité à 73% et qui voudrait l’affaiblir au seuil des élections européennes des 6 et 7 juin. Silvio Berlusconi y conduit la liste du Peuple de la liberté (PDL) dans cinq circonscriptions et trouve “infâme” la campagne menée contre sa personne, relayée par le chef du Parti démocrate, Dario Franceschini et la formation radicale de l’ex-juge de l’opération “Mani Pulite” (Mains propres), Antonio Di Pietro.

photo Berlusconi réagit contre la campagne “infâme” qui le vise et garde le vent
en poupe pour les élections européennes.

photo Le Cavaliere au palais Chigi lors de la présentation du nouveau scooter le Mp3 Hybrid conduit par Stefania Prestigiacomo, ministre de l’Environnement.

L’étalage et l’exploitation politique de la vie privée de Berlusconi ont tellement dépassé les limites que ses cinq enfants ont volé à son secours (y compris Barbara, Eleonora et Luigi, nés de son second mariage avec Veronica Lario) et que Franceschini lui-même a fait marche arrière. Mais le mal est fait et les révélations de la presse qui en fait les gorges chaudes se succèdent. Ainsi, a-t-on appris que Noemi Letizia avait été conviée en fin d’année avec une amie mineure comme elle, ainsi qu’une trentaine de jeunes filles de son âge à séjourner à la Villa Certosa que possède Berlusconi sur la Costa Smeralda en Sardaigne. Des photos de fêtes licencieuses montrent Berlusconi chez lui en compagnie de filles en tenues légères et aux seins nus. A tout cela s’ajoutent des ennuis judiciaires dans des affaires de corruption remontant à la fin des années 1990.
L’affaire Noemi a éclaté le 26 avril lors du passage de Berlusconi à la fête d’anniversaire de Noemi Letizia célébrée à la Villa Santa Chiara dans la banlieue de Naples. L’événement est suivi par le photographe du restaurant. La presse locale se lance sur les traces de Noemi qui révèle que “Papounet”, diminutif qu’elle donne à Berluscon, lui a offert à cette occasion un collier en or et brillants d’une valeur de 6.000 euros.

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Noemi Letizia montrant le collier
offert par Berlusconi.

Par la suite, Berlusconi a justifié que son passage à l’anniversaire n’était pas prévu, niant toute relation avec Noemi, expliquant que s’il en avait eue, il aurait démissionné immédiatement et qu’il connaissait la jeune fille à travers son père, autrefois chauffeur de son ami l’ancien chef du gouvernement Bettino Craxi. Mais l’ex-petit ami de Noemi qui avait été condamné à deux ans de prison pour vol, a indiqué que Noemi recevait des coups de fil de Berlusconi et fait des révélations que le père de la jeune fille a voulu corriger. Benedetto Letizia a fini par raconter qu’il avait connu Berlusconi, dans le cadre d’une réunion électorale à Naples. C’était en 2001. Quand il a perdu accidentellement son fils aîné, Berlusconi lui a adressé une lettre “touchante” et lui a également téléphoné. Invité à Rome, il avait rencontré Berlusconi accompagné de sa femme et de sa fille Noemi, âgée alors de 10 ans.
Plus tard, Noemi qui cherche à se lancer dans le monde du spectacle, aurait envoyé à Berlusconi, magnat de la télévision, ses photos. Celui-ci l’aurait alors appelée directement. Noemi ne rêvait que de cela: avoir une chance d’accéder à la notoriété. Mais le roman-feuilleton se poursuit avec du vrai et du faux, mêlant vie privée et vie publique, alors que Silvio Berlusconi est au faîte de sa popularité. Il avait réussi à gérer la crise des ordures à Naples, pris des mesures pour alléger l’impact de la crise financière, affronté avec pugnacité les séquelles du séisme des Abruzzes en débloquant des fonds aux 65.000 sinistrés, leur portant secours par une présence quasi quotidienne et combien efficace, leur ouvrant même ses villas et en décidant d’accueillir le G8 dans L’Aquila, capitale des Abruzzes.
Tout réussissait au Cavaliere, n’était cette affaire privée qui lui plombe les ailes! Mais il a fini par contre-attaquer en faisant interdire la publication de photos de ses jeunes invitées, alors qu’il affronte toujours en position de force les européennes. Le PDL en mesure d’avoir 32 eurodéputés italiens sur 72 députés. En même temps, il remporterait les élections locales dans 4.281 communes et 62 provinces en Italie.

Article paru dans "La Revue du Liban" N° 4213 Du 6 Au 13 Juin 2009
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