Dans Cette Rubrique
De la nécessité de libaniser
le problème gouvernemental
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Mauvais présage en pleine
euphorie estivale et festivalière...
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La rencontre de Bnechaï,
premier signe du dégel interchrétien?
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“Ingérence environnementale”
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Par Edouard BASSIL
De la nécessité de libaniser
le problème gouvernemental

“Rien ne gratte mieux ta peau que ton ongle”, dit l’adage. Ainsi, après avoir fait l’objet de concertations en dehors des frontières - certaines parties ayant même suggéré que les consultations aient lieu dans un pays voisin - c’est, à présent, le retour au terroir. La tendance est en faveur d’un Cabinet “made in Lebanon”, un responsable syrien ayant assuré que son pays ne s’immiscait pas dans la formation du gouvernement de Beyrouth, “qui, dit-il, doit émaner d’un dialogue interlibanais”.

La mise sur pied du nouveau gouvernement semble devoir prendre du temps pour maints motifs et considérations.
Ainsi, des interventions se manifestent de toutes parts, cherchant à orienter la nouvelle équipe ministérielle dans des directions convenant à leurs intérêts et desseins.
A cette fin, d’aucuns préconisent le déplacement en bloc des leaders et chefs de file de l’Assemblée dans un pays voisin, pour y débattre du problème gouvernemental. Et ce, après que des conciliabules auront été menés avec d’autres pays frères...
D’autres préconisent une visite du président du Conseil désigné sur les bords du Barada, avant même qu’il soit nanti de la confiance de la Chambre.
Nul n’est opposé à une visite à Damas du nouveau Premier minsitre au moment opportun, ses entretiens avec nos voisins devant s’effectuer sur base d’un ordre du jour, clair et sérieux, prévoyant un examen en profondeur des dossiers litigieux ou intéressant les peuples libanais et syrien.
Puis, Damas et Beyrouth sont tenus de traiter entre eux d’égal à égal, non de suzerain à vassal, pour pouvoir tourner la page du sombre passé proche et lointain. Les deux pays voisins doivent se débarrasser de leur complexe de supériorité et des sentiments hostiles les uns envers les autres, pour pouvoir s’engager résolument sur la voie de la coopération et de l’entente dans l’intérêt commun.
Fort heureusement, le président du Conseil désigné a rompu le silence, au terme de concertations avec des personnalités de tous bords, à Beyrouth, à Riyad et ailleurs, pour proclamer à haute voix après une longue entrevue avec le chef de l’Etat: “Le gouvernement doit être formé au Liban et les décrets portant nomination de ses membres émaner du palais de Baabda et d’aucun autre endroit”.
C’est clair et précis.
Cela dit, les Libanais doivent revenir à eux-mêmes et œuvrer comme un seul homme en vue de mettre fin une fois pour toutes à la situation peu enviable dans laquelle leur pays est enlisé. En recevant M. Sami Gemayel, député du Metn et responsable du parti Kataëb, M. Sleiman Frangié, député de Zghota, a insisté sur “la nécessité de changer la règle du jeu politique, en le plaçant en dehors du 8 et du 14 mars, sinon le pays des cèdres ne jouira pas de la stabilité”.
Des dignitaires chiites et druzes, représentant les deux communautés et leurs chefs politiques et religieux, se sont exprimés dans le même sens, au cours d’une réunion tenue durant le dernier week-end.
Les Libanais bien pensants se joignent à ces dignitaires et aux hommes poltiiques soucieux de la quiétude de notre peuple et de son avenir. Puisse leur appel produire l’effet boule de neige et décider, enfin, toutes les parties antagonistes à mettre fin à leurs querelles tellement préjudiciables à la patrie!

Mauvais présage en pleine
euphorie estivale et festivalière...

PhotoEn pleine euphorie estivale et festivalière, alors que les Libanais s’attendent à une saison touristique prometteuse, un membre du gouvernement sortant, en l’occurrence le ministre de l’Energie et de l’Eau, prédit une catastrophe au plan de l’électricité qui plongerait le pays dans le noir... En visite à Beyrouth, un ministre français, M. Poniatowszy (notre photo) promet le soutien de Paris pour prévenir une telle catastrophe.

Alors que le pays baigne dans l’euphorie, occasionnée par une saison estivale et festivalière pour une fois prometteuse depuis tant d’années, une voix se fait entendre annonciatrice d’un mauvais présage à propos de l’électricité “dont l’état désastreux menace de plonger la moitié du pays dans le noir”...
C’est, du moins, ce que prédit le ministre de l’Energie et de l’Eau qui ne cesse, depuis des semaines, de faire assumer à son Premier ministre (sortant), la responsabilité de la situation catastrophique de l’Electricité du Liban, arguant que le Sérail avait bloqué son plan de restructuration de l’EDL et de réactivation de ses générateurs... Quelle blague!
Ce ministre est vraisemblablement motivé par le souci de se déculpabiliser, en faisant assumer à d’autres la responsabilité de la carence dont son département a pâti depuis le temps où il détient son portefeuille...
Et ce, au moment où même le Hezbollah prédit une “nouvelle étape positive pour le Liban”; que ses représentants réaffirment le désir de l’opposition “de poursuivre la réconciliation interlibanaise à travers laquelle on pourra édifier un Etat de droit”, alors que le représentant de l’Union européenne réitère le soutien de cette institution, le président de la commission de l’énergie au Sénat français, Ladislas Poniatowsky proclame le soutien de l’Union pour toute initiative visant à améliorer la situation relative à l’énergie et à l’environnement dans notre pays.
Il l’a affirmé au chef de l’Etat au cours de l’audience présidentielle et l’a répété au ministre de l’Eau et de l’Energie qui continue à ressasser: “La situation sur le plan de l’électricité risque de se détériorer davantage, si aucune mesure n’est prise dans l’immédiat”. Aussi, prédit-il un durcissement du rationnement du courant, tout en déplorant que le projet qu’il a élaboré au cours des derniers mois pour remédier à la situation n’ait pas été soumis au Conseil des ministres...
Il nous revient à ce sujet, que le ministre avait échangé les vues avec M. Poniatowsky sur l’éventuel achat par le Liban de générateurs électriques français pouvant accroître la production de 300 à 400 mégawatts, ceci nécessitant le débours de crédits évalués a près de 600 millions de dollars.
Il a été également question entre les deux responsables de l’installation de centrales fonctionnant au gaz et au charbon...
Naturellement, des décisions doivent être prises, en priorité par le nouveau Cabinet, - le plus tôt serait le mieux - le gouvernement sortant étant chargé, uniquement, d’expédier les affaires courantes...
Hâtons-nous donc de mettre sur pied la nouvelle équipe gouvernementale, avant que “le pays soit plongé dans le noir”, comme le présage le ministre sortant de l’Energie...

La rencontre de Bnechaï,
premier signe du dégel interchrétien?

PhotoOn ne l’attendait plus, mais la rencontre entre deux pôles chrétiens (de la majorité et de l’opposition) a eu lieu à Bnechaï. MM. Sleiman Frangié, chef des Marada et Sami Gemayel, responsable Kataëb, ont procédé à un échange de vues autour de dossiers litigieux, entrecoupé d’un “déjeuner amical”. Les deux hommes se sont promis de poursuivre leurs conciliabules, en souhaitant les étendre à d’autres formations en vue d’une réconciliation interchrétienne...

Le camp chrétien a accueilli avec satisfaction la rencontre ayant rapproché samedi dernier à Bnechaï (caza de Zghorta), MM. Sleiman Frangié, chef des Marada et Sami Gemayel, nouveau député du Metn, responsable des Kataëb.
Une tentative visant à réunir MM. Frangié et le Dr Samir Geagea n’avait malheureusement pas abouti, bien que le chef des Forces libanaises eut fait un geste en direction de ses adversaires politiques. Il y a tout lieu de croire que la rencontre de Bnechaï marque un début de dégel et un signe annonciateur de la réconciliation interchrétienne.
Les deux parlementaires ont échangé les vues, selon un communiqué diffusé à l’issue de leur tête-à-tête, suivi d’un déjeuner, sur la situation des chrétiens, comme sur les moyens de mettre un terme aux conflits et, partant, dégager des dénominateurs communs permettant d’entamer un dialogue fructueux et permanent entre les différentes fractions de la communauté, à partir de leurs positions respectives.
Et à plus ou moins brève échéance, de parvenir à une vision globale et objective susceptible de redonner aux chrétiens leur rôle et de garantir la pérennité de leur présence dans la mère-patrie et le cadre de l’unité nationale.
MM. Gemayel et Frangié se seraient, également, mis d’accord sur la nécessité de s’opposer à l’implantation des réfugiés palestiniens et d’aider ces derniers à réintégrer leur terre une fois la paix revenue.
“C’est le premier pas qui compte”, dit l’adage. Il faut donc espérer que ce contact entre les Kataëb et les Marada, sera suivi de plusieurs autres avec les partis et blocs parlementaires chrétiens, le Courant patriotique libre en tête.
Cette alternative sera d’autant plus possible, que le nouveau Cabinet sera constitué dans le sens souhaité par le chef de l’Etat et l’écrasante majorité des Libanais.
De fait, le président Michel Sleiman a déclaré qu’il ne promulguerait pas le décret portant formation du futur Cabinet, s’il ne serait pas formé sur base des critères de l’unité nationale.
Le dialogue s’avèrerait, alors, utile et productif, surtout si les représentants des diverses parties prennent conscience de leur responsabilité et se pénètrent de l’idée selon laquelle, “une nation divisée sur elle-même périra...”
Puisse la présence de S.Em. le cardinal Sfeir au siège estival du patriarcat à Dimane, ramener les brebis égarées à la bergerie...

“Ingérence environnementale”

Certains milieux locaux, on sait lesquels, s’en prennent à des missions diplomatiques déterminées - l’américaine en tête - surtout en période électorale et durant les consultations en vue de la formation du Cabinet, leur faisant assumer la responsabilité des difficultés qu’ils suscitent, à l’effet de faire traîner nos crises pour mieux servir les intérêts de leurs pays...
Tout en passant sous silence le rôle plus actif joué par certains Etats “frères”, en prétendant ne pas s’immiscer dans nos affaires...
Or, l’un de ces Etats soutient “qu’il n’est nullement intéressé par la constitution du gouvernement (libanais) et n’adopte aucune position envers le tiers de blocage exigé par ses alliés... si les responsables parviennent à les dissuader d’une telle revendication...” Qui veut-on leurrer?
Cela dit, cinq chefs de missions diplomatiqués étrangères accrédités à Beyrouth, viennent de prendre la décision de procéder au nettoyage du littoral de Tyr.
De cette manière, les cinq diplomates donnent la preuve de leur attitude neutre entre les partis et forces antagonistes, leur unique souci étant d’aider le Liban dans les domaines culturel touristique et environnemental.
Ou bien les critiqueurs veulent-ils, aussi, leur demander de se désintéresser de ces secteurs, dont le développement profite au pays des Cèdres, tout en raffermissant davantage ses relations avec les Etats qui s’en occupent...
Quant à nous, nous exprimons notre gratitude aux cinq ambassadeurs et les félicitons pour leur excellente initiative.

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