Le monde célèbre l’événement
Il y a 40 ans, le premier homme posait le pied sur la Lune

A 40 ans de distance, l’engouement planétaire est retombé. On est loin de l’énorme émotion soulevée par Neil Armstrong quand il a posé le pied sur la Lune pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, concrétisant un rêve surgi dès l’aube du temps. Avec Buzz Aldrin, il plantait le drapeau américain sur la mer de la Tranquillité, suivi par plus de 500 millions de téléspectateurs dans le monde. Tous les deux y restaient 2h31 minutes et en ramenaient 20 kilos de roches, des échantillons mis entre les mains de milliers de scientifiques. Le troisième astronaute d’Apollo 11, Michael Collins était resté en orbite autour de la Lune. C’était le 20 juillet 1969. L’espace-temps s’est chargé de relativiser l’événement. Mais l’Histoire l’a conservé et la mémoire aussi. “C’est un petit pas pour l’homme, mais un bond de géant pour l’humanité”, dira Neil Armstrong, héros de l’Amérique qui prenait sa revanche sur l’Union soviétique, laquelle l’avait précédé dans la conquête spatiale en pleine guerre froide avec notamment la mise en orbite le 4 octobre 1957 de Spoutnik, premier satellite artificiel et l’envoi le 12 avril 1961 du premier homme dans l’espace, Youri Gagarine. Le président John Kennedy avait annoncé le 25 mai 1961 que l’Amérique se proposait de poser un homme sur la Lune avant la fin de la décennie. D’outre-tombe il venait de tenir son pari.

photo Neil Armstrong, premiers pas sur la Lune concrétisant un vieux rêve de l’humanité.

photo Avec Buzz Aldrin, Neil Armstrong plantera le drapeau américain sur le sol lunaire.

Ce jour-là, parmi les millions d’individus, un enfant de sept ans avait suivi l’événement. En recevant avec les honneurs à la Maison-Blanche les trois astronautes d’Apollo 11, alors que le pays tout entier célébrait l’événement, Barack Obama se souvenait: “Je me rappelle encore quand j’étais juché sur les épaules de mon grand-père, alors que les capsules tombaient au milieu du Pacifique et qu’on les ramenait. Nous faisions de grands signes en direction de ces gars qui rentraient à la maison. Mon grand-père me disait que la mission Apollo, c’était la preuve que les Américains étaient capables de tout quand ils s’y mettaient”.

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Obama recevant à la Maison-Blanche, les trois astronautes d’Apollo 11.
De g. à dr.: Buzz Aldrin, Michael Collins et Neil Armstrong.

Aux trois astronautes, le président américain assurait: “Vous représenterez pour toujours la mesure de l’excellence en matière d’exploration et de découverte. Nous vous remercions de ce que vous avez fait et nous escomptons qu’une autre génération d’enfants tourneront leur regard vers le ciel et deviendront les nouveaux Armstrong, Collins et Aldrin. Nous voulons faire en sorte que la Nasa soit là pour eux quand ils voudront entreprendre le voyage”.
De sa belle plume, l’écrivain Jean d’Ormesson a relaté pour Le Figaro ce “bond de géant de l’humanité”: Le 16 juillet 1969, à Cap Canaveral, au centre spatial Kennedy, “un peu avant 7h30, heure de Houston, trois Américain - Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins - s’installent dans le module de commande baptisé “Columbia” du vaisseau spatial qui va les emporter vers la Lune. A 9h32, devant un million de spectateurs, le cœur serré, la fusée Saturne 5-111 mètres de hauteur, 155 millions de chevaux - les arrache à la terre. Deux minutes trente après le décollage, la fusée est à 62 km du sol et vole à 8.600 km à l’heure. Quelques minutes plus tard, à 170 km d’altitude, moteur éteint, la fusée est en orbite autour de la Terre. Elle file à 20.000 km à l’heure. Le moteur est rallumé, pour arracher cette fois les trois hommes à l’attraction terrestre. Ils sont alors emportés à 11 km par seconde, soit 40.000 km à l’heure. Et puis, portés par leur élan, ils partent dans le vide, vers la Lune - un peu moins de 400.000 km à l’heure - le voyage durera trois jours (…) Cette fois, avec Apollo 11, la guerre froide et chaude, la politique, la science, la technique, la religion, les médias sont au rendez-vous. C’est la plus formidable et la plus risquée des aventures de tous les temps.”
L’opération était à hauts risques. Les prévisions les plus optimistes lui donnaient 50% de chance de réussite, au point que les astronautes avaient reçu les saints sacrements avant d’embarquer. Buzz Aldrin avait emporté du vin consacré. Il communiera avant le retour sur Terre en lisant l’Evangile selon Saint Jean.

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Dix autres astronautes fouleront le sol lunaire en diverses missions d’Apollo poursuivant la mission de leurs prédécesseurs, en ramenant 382 kilos de roches livrées aux scientifiques. Elles permettront de remonter aux origines de la Lune formée par l’impact d’un astéroïde géant avec la Terre, il y a plus de 4 milliards d’années. Cependant, Apollo 17 mettra fin en décembre 1972 à cette odyssée de l’espace qui aura coûté 25,4 milliards de dollars (150 milliards de dollars aujourd’hui) et qui a permis des avancées scientifiques et la mise au point de technologies bénéfiques à l’humanité.
Désormais la conquête de l’espace allait changer de nature. La Nasa lançait ses navettes spatiales ouvrant une nouvelle ère pour l’observation de la Terre, les télécommunications et l’espionnage militaire par satellite. Certaines théories ont été avancées pour mettre en doute la véracité de l’alunissage de l’homme. A l’occasion du 40ème anniversaire des premiers pas de l’homme sur la Lune, la Nasa a publié pour la première fois sur son site Internet les photos de cinq des six sites d’alunissage des missions Apollo. Elle y montre la partie du module lunaire le LEM abandonné sur la Lune et captée par la sonde LRO lancée en juin par la Nasa, infligeant un cinglant démenti à ceux qui alimentaient le doute.

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Photo publiée par la Nasa montrant les trois astronautes à 40 ans de distance.

Objectif Mars?
Invités à s’exprimer à l’occasion du 40ème anniversaire de leur montée vers la Lune au Musée de l’Air et de l’Espace à Washington, les trois astronautes ont estimé qu’il fallait désormais mettre le cap sur la Planète Mars. Le meilleur moyen “de suivre nos traces (est) de s’embarquer à nouveau avec audace dans une nouvelle mission d’exploration”. D’ailleurs en 2004, le président George W. Bush avait lancé le programme Constellation qui prévoit le retour des Américains sur la Lune d’ici à 2020, la Lune étant une étape intermédiaire pour atteindre Mars. La Nasa estime que “l’exploration lunaire permettra de tester nos technologies, nos systèmes, nos opérations de vols spatiaux et d’explorer des techniques qui réduiront le risque et le coût potentiel de futures missions humaines vers des astéroïdes”.

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Elle envisage l’installation en permanence des équipes d’astronautes en rotation tous les six mois et l’utilisation d’un nouveau système de lancement Ares-Orion, inspiré en grande partie du programme Apollo. Barack Obama s’est intéressé au projet Constellation de son prédécesseur et en a confié l’étude à une équipe d’experts qui devront se prononcer à ce sujet à la fin du mois d’août. Le prix à payer sera particulièrement lourd alors que le pays se débat avec la crise économique. Mais la compétition s’annonce serrée avec les ambitions chinoises, russes, japonaises et indiennes. Les grands pays s’engagent avec force dans l’exploration spatiale. Mettre le cap sur Mars? Selon un sondage CBS News, seulement 51% des Américains sont séduits par la Planète rouge. Leurs préoccupations matérielles semblent dépasser les rêves de grandeur de leur pays.

Article paru dans "La Revue du Liban" N° 4220 Du 25 Juillet Au 1er Août 2009
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