La réconciliation des Arabes avec les Arabes est le souci qui préoccupe la pensée et la conscience du souverain saoudite, Abdallah Ben Abdel-Aziz. Pour cela a été la grande tentative au sommet du Koweit, suivie d’une seconde, avec l’arrivée à Damas du prince Mokren Ben Abdel-Aziz, chef des renseignements généraux, porteur d’un message spécial au président Bachar Assad relatif aux obstacles et aux défis de la réconciliation souhaitée et à la nécessité de les dépasser dans ce tournant délicat. Il existe une nouvelle Administration à Washingtonn et aussi à Tel-Aviv avec Netanyahu. Les possibilités se présentent à Gaza, après que le gouvernement Olmert eut sorti un nouveau “lapin” de son chapeau afin de faire avorter les efforts égyptiens et laisser la scène sans soupape de sûreté.
Aussi, l’écrivain politique français, André Fontaine n’a-t-il rien trouvé de mieux que l’Histoire pour éclairer et interpréter les événements du Moyen-Orient successifs et les incendies du flux intégriste des hauteurs d’Afghanistan jusqu’aux rivages de la Méditerranée, liant les événements d’Irak, ceux du Liban et de la crise de Suez en 1956. Près de cinquante ans séparent la guerre de l’empire britannique pour restituer le contrôle de la voie d’eau stratégique, la lutte de l’empire américain et réoccuper l’Irak pour l’empêcher de devenir un “guet-apens vietnamien”.
La coïncidence historique a voulu, aussi, que l’une des parties soit présente au cabinet du Premier ministre britannique, Anthony Eden au 10 Downing Street, lors de la prise de la décision de déclencher la guerre, Noury el-Saïd, Premier ministre irakien proche des Britanniques et l’une des figures politiques axiales dans les politiques du Moyen-Orient depuis les années trente du siècle dernier. L’échec de l’aventure de Suez a été l’une des causes de l’effondrement de la royauté en Irak et de la chute du régime parlementaire institué par les Anglais. Dix-huit mois après l’humiliation de Londres à Suez, la dépouille de Noury el-Saïd a été traînée dans les rues de Bagdad et l’influence britannique s’est estompée sans espoir de retour...
Aujourd’hui, l’Amérique pâtit de l’éclipse de son influence dans le “Suez irakien”. Richard Hass, l’un des grands spécialistes de la politique extérieure américaine, a été le premier à souligner ce fait, suivi par Zbignew Brezinsky, conseiller de la sécurité nationale sous le mandat de Jimmy Carter, en signalant la montée du pôle iranien en tant qu’équation dont se saisit Israël.
Le “Serviteur des deux saintes mosquées”, le roi Abdallah Ben Abdel-Aziz, a fait part à Madrid de ses appréhensions de la désintégration de la région, avec ses répercussions dans le monde. Il ne fait pas de doute que l’affaire est plus complexe que cette ligne américaine qui s’étend de John Foster Dulles, à Stephen Hadley et Joseph Biden. Mais la responsabilité américaine est claire dans cet imbroglio qui oriente les événements dans l’intérêt de l’Iran aux dépens des intérêts et des rôles arabes. Maintenant, le dossier irakien figure parmi les cartes de la force dont dispose Téhéran qui “occupe” le pays d’une manière non apparente et indirecte, sous la protection des forces américano-britanniques. Les propos de l’émir Saoud el-Fayçal dans ce contexte sont éloquents et minutieux devant le “Conseil des relations extérieures” à New York, en s’adressant à l’élite politique et idéologique américaine en ces termes: “Nous sommes entrés en guerre pour empêcher les Iraniens d’investir l’Irak et vous leur permettez de pénétrer dans ce pays arabe sans guerre”.
Le président Obama est nouveau à Washington, mais son prédécesseur s’est grisé par ses victoires et ses conquêtes. Et comme d’habitude, le rédacteur de ses discours y a introduit certaines expressions sur son insistance et à la demande de sa mère Barbara, qui récite ses prières et est habitée par une “vision religieuse”, selon son époux le président Bush Senior. Et après le rédacteur, l’écrivain et l’historien Bernard Lewis. C’est pourquoi, l’ex-président a atteint un summum ayant dépassé le niveau de la menace “de tous les malfrats de la terre, propagateurs de la terreur, du terrorisme et de l’obscurantisme dans le monde qui doit être uniquement, un espace de sécurité.
Cette “phobie” de la grandeur, André Fontaine prévoyait son avènement depuis près de cent ans, le jour où cette question axiale était posée avec insistance: “L’Etat américain est-il un projet de république ou un projet impérial?”.
Ce jour-là, le mandat de McKenly (1897-1901) et d’autres encore se sont écoulés jusqu’à la Première guerre mondiale, sans que soit tranchée la polémique autour du rêve et de la force. Cependant, la guerre a fait pencher la balance vers la “tendance impériale”, la bipolarité, la guerre froide et cette dernière s’est approfondie depuis Yalta sur la mer Noire. A cause de cela, plus de 250 opérations d’interventions se sont produites dans le monde. L’Amérique a inauguré l’option nucléaire à Hiroshima et Nagasaki, en utilisant la “pluie jaune” dans la guerre de Corée, tout en adoptant la naissance d’Israël en 1948.
Aussi, les Administrations US n’ont-elles réalisé aucun progrès sur le front du conflit arabo-israélien. Le fait a peut-être empiré, comme cela s’est produit, dernièrement, à Gaza et ailleurs où nous ne pourrions nous laver les mains de la “balkanisation”, ni faire assumer la responsabilité à la seule Amérique. Supposons que depuis la fondation de la Ligue arabe en 1945, il a été possible d’appliquer 10% seulement de tous ses communiqués et résolutions. On se fait une image de l’ampleur de la différence entre l’action et les déclarations arabes, ce qui traduit l’absence de la vie politique dans le monde arabe.
Cela apparaît face à l’événement historique qui a été enregistré en Europe, représenté par un bloc de 27 Etats liant l’Atlantique et l’Oural. Quant à nous, nous restons dans l’ère des tribus: une Ligue arabe dont les rats grignotent les résolutions... Une feuille de route? La conférence d’Annapolis? Charm el-Cheikh? Le Caire? Madrid? Oslo?
L’important est que l’Arabie saoudite a défini les règles du jeu: pas de normalisation avant le retrait.
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