Été de tous les festivals Le Liban en fête

La douceur d’une vague tiède de la Méditerranée, le parfum frais et boisé d’une soirée à Faqra, les couleurs ocres d’un coucher du soleil sur le port phénicien de Byblos, une soirée de festivals sous la pleine lune dans les temples romains de Baalbeck, l’effervescence des cafés du centre-ville de Beyrouth, le déhanchement de paillettes dans les clubs branchés, c’est l’été dans tous ses états. Enchanteur, chaud, brillant, passionnant, stimulant, envoûtant,… et plus encore. “Le monde fait la fête sur le bord de la Méditerranée”, a déclaré Cal Perry, de la CNN dans son reportage sur le Liban. Il y a à peine trois mois, le New York Times, classait Beyrouth première destination mondiale et, pour cause, le Liban jouit de tous les atouts pour en faire un pays touristique par excellence.

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Le tourisme profite à l’économie
Tout d’abord, notre pays est choyé par la nature et malgré sa petite superficie, il est doté d’une grande diversité de paysages. Son climat tempéré permet de programmer les manifestations en plein air. “Cette année le Liban peut s’enorgueillir d’une saison d’été des plus réussies. Deux millions de visiteurs ont afflué vers notre pays. La majorité des touristes venant des pays du Golfe et d’Arabie. Beaucoup d’émigrés aussi, car le Liban connaît, actuellement, une période de stabilité”, a déclaré Mme Nada Sardouk, directrice du ministère du Tourisme, lors d’une interview à la télévision, tout en ajoutant: “Le Liban jouit d’une réputation exceptionnelle auprès des pays arabes et occidentaux; ses sites historiques et la multiplicité des civilisations attirent les visiteurs”. Elle a ajouté: “Rappelons l’hospitalité des Libanais et leur facilité de communiquer. Les agences de voyage, de transport, les hôtels et restaurants offrent des services personnalisés d’un grand professionnalisme. Le tourisme au Liban est un secteur très important qui fait bouger l’économie du pays.”
Actuellement, toutes les formes du tourisme existent et tout revêt un aspect de festival. Du traditionnel festival de Baalbeck, au plus petit village reculé du Akkar, toute région a sa fête. En ce qui concerne le festival de Baalbeck, le Liban peut se vanter d’être le précurseur au Moyen-Orient. Ayant débuté dans les années 50 du siècle dernier, les gens pouvaient assister en une saison, dans le site historique et grandiose des temples romains, à des spectacles de niveau international. Les colonnes majestueuses de Baalbeck, ont accueilli Oum Koulthoum, la “Callas arabe”, ainsi que Feyrouz et Sabah, nos chanteuses nationales avec le folklore libanais. Les étoiles du ballet international Margot Fontaine et Noureev se sont fait applaudir par un parterre des plus sélects… N’est-ce pas merveilleux?

photo Le faste des spectacles sous les colonnes majestueuses de Baalbeck.

photo Au Festival de Beiteddine, Gabriel Yared a présenté son œuvre magistrale.

De la Traviata aux danses mystiques
La plupart des festivals se passent dans des lieux historiques en plein air et peuvent accueillir des milliers de spectateurs. Les programmes conjuguent tous les genres, allant du folklore traditionnel aux chanteurs internationaux les plus en vogue. Les temples millénaires de Baalbeck ont ensorcelé les danseuses mystiques indonésiennes venues implorer les dieux de l’Olympe; plus tard, se sera au tour de La Traviata de faire résonner les vestiges du temps.
Le palais de Beiteddine a revécu le faste des Emirs Chéhab avec la musique nostalgique de l’Arménie, mêlée aux mélodies modernes de Guy Manoukian, sans parler de l’unique récital de Charles Aznavour, dont les billets ont été épuisés longtemps avant son arrivée.
Le port de Byblos, d’où sont partis les Phéniciens à la conquête du monde, s’est transformé en scène pour la pièce musicale des Rahbani en hommage à Mansour. L’amphithéâtre de Tyr a accueilli les troupes folkloriques.
Quant à Deir el-Qamar, ancienne capitale de l’Emir Fakhreddine, les Estivales englobaient diverses manifestations culturelles. Douma, Batroun, Zouk, etc. jusqu’au plus petit village, ont eu droit à leur festival: chants et danses traditionnels, mets typiques, expositions artistiques ou artisanales, produits alimentaires du terroir, kermesses, etc.

photo La pièce Saïf 840 représentée au Festival de Byblos.

photo De jour et de nuit, les rues de Beyrouth et la montagne ont été envahies par les touristes.

Avant-goût de festival
Cet été, tout a revêtu un avant-goût de festival: tourisme culturel, culinaire, écologique, religieux, plages, shopping et chirurgies esthétiques. De nouveau, les touristes arabes ont peuplé Aley et Bhamdoun, leurs lieux de prédilection d’antan. Beyrouth n’a pas failli à sa réputation de “ville qui ne dort pas”. Le centre-ville a très vite été pris d’assaut par toutes sortes de touristes. Pas une chambre d’hôtel n’est plus disponible. Restaurants et clubs bondés et billets d’avion réservés tôt à l’avance. Même les chaises longues dans les plages à la mode doivent être réservées. Dans la capitale, haut lieu du shopping, les “malls” et les boutiques sont archi-combles. La chirurgie esthétique n’est pas en reste, les belles étrangères soucieuses de leur look, se font refaire une beauté grâce à la dextérité des chirurgiens aux prix relativement abordables. N’oublions pas non plus les dentistes qui se sont forgé une solide réputation. Le sourire hollywoodien étant un must, le blanchiment des dents est devenu de rigueur. Coiffeurs et esthéticiennes viennent donner la dernière touche, les blondes californiennes font la concurrence aux brunes exotiques.
Après une journée chaude à la plage, où on a dansé et chanté, une soirée bien fraîche à Faqra s’impose. Pour les amoureux de la nature, des randonnées sur les sentiers de la montagne, déjeuner sur place. Dans ces villages, les anciennes traditions ont pris le dessus avec les troupes de dabké, le saj et d’autres mets du terroir. Quant aux cafés, ils sont tous couverts par des nuages de fumée de narguileh aux effluves fruitées. Tout donne lieu à faire la fête. Beaucoup d’émigrés sont venus célébrer leur mariage au Liban et même dans certains villages, des mariages collectifs ont été organisés.
Quant au tourisme religieux, il n’est pas en reste: visite de lieux de pèlerinage et célébration de la fête des saints. Pétards et feux d’artifice se mêlent aux carillons des églises. Les enfants font des farandoles autour des feux de joie, où on fait cuire la pomme de terre. Le jour de la fête de la Vierge, les villageoises préparent la fameuse “hrissé”, viande de mouton et blé, qu’elles ont fait bouillir dans de gros chaudrons sur du feu de bois dans la cour de l’église, pour la distribuer à tout le village… Ce n’est pas encore la fin: le mois de Ramadan vient tout juste de commencer. Avec l’avènement de la fête du “Fitr”, une nouvelle saison s’annonce, clôturée par les 6èmes Jeux francophones.
Le Liban malgré ses problèmes politiques, défie la crise économique mondiale, l’été 2009 a fait le marché. Les investisseurs affluent de toutes parts et le secteur immobilier est toujours en hausse. Superstition oblige, conjurons le nouveau sort, les Libanais ont assez enduré; laissons-les vivre et faire la fête! “It is summer time, and Lebanon is throwing a party”, CNN.

Par Effat Kanaan Abou-Assaly
Article paru dans "La Revue du Liban" N° 4225 Du 29 Août Au 5 Septembre 2009
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