Expression restructurée d’un monde plastique
Exposition Maroun Hakim à l’Atelier du Bonheur

Maroun Hakim organise une exposition de ses œuvres à “l’Atelier du Bonheur” - Mazraat Yachouh. Samar Hakim présente l’exposition en ces termes: “Les émotions explosent, les images se succèdent, s’étalent, s’enchevêtrent, se délient, se relient, se libèrent, s’évaporent, puis se condensent et s’abandonnent telle une pluie purificatrice sur une surface sacrée. Une matrice vierge, qui les reçoit comme un premier battement de cœur, à l’instant miraculeux où naît la vie”.

photo Palette - Masque.

photo Silence éloquent.

La force de l’expression s’accorde à l’inédit de l’image. Dans ses œuvres récentes, Maroun Hakim a dressé une sorte de bilan de ses curiosités, mêlant étroitement son existence à son art. Une démarche de dislocation du monde réel le conduit à la création d’un univers mental. Ses réalisations sont occupées, métamorphosées par le recours aux mixed médias: dessins, peintures, effets de textures, reliefs, montages, collages de matériaux, assemblages divers… Il essaye de raconter le cheminement de ses sensations ou de son imaginaire, à travers divers thèmes, illustrés au moyen d’objets symboliques et d’associations de lieux, d’idées, de formes et de couleurs. Il condense, à l’intérieur du schéma visuel, et hors des limites du support, les éléments de l’apparence, créant, ainsi, une correspondance entre sens et sentiments, entre espace et temps. Par d’immédiates rencontres, ou d’intersections des matériaux utilisés, il arrive à obtenir un heureux agencement d’éléments disjoints, voir antagonistes, qui se compensent activement les uns les autres, se mettent en valeur mutuellement et s’équilibrent selon un ordre à la fois vital et symbolique.

photo Genèse grise.

photo
Plat du jour.

Anxieux de combiner la qualité des matériaux, en vérifiant tous les points sensibles de ceux pris en charge, il tente de réaliser, entre eux d’abord, entre eux et le fond ensuite, des tangentes et des équilibres. Aux matériaux, qu’il utilise, il fait subir de multiples manipulations. De toute sa volonté, de toutes ses facultés, il exige d’eux de s’épanouir en compositions où l’explicite et l’implicite, étroitement liés, produisent des effets étranges, atténuant leur matérialité. Disposés dans des compositions, selon des arrangements toujours renouvelés, ils épousent un grand nombre de combinaisons formelles, donnant l’essor à des tensions plastiques variées.
Dans l’ensemble des œuvres exposées, se font jour des tentatives hardies de procéder à un usage judicieux des matériaux, de soustraire ceux-ci à leur matérialité et d’en tirer des compositions artistiques bien structurées.
Le détail des œuvres donne accès à un monde fragmentaire étrange. On ne sait plus si l’on est dans l’univers visible dont les apparences semblent pourtant témoigner, ou dans un autre univers dont les règles et les rythmes secrets prennent forme sous nos yeux. Ainsi, naît l’irréel de cette ambiguïté.
Ce ne sont pas, cependant, uniquement, les moyens techniques qu’il recherche comme originalité mais, plutôt, des médias et formes nouvelles pour exprimer son univers plastique. Sa production est véritablement édifiante d’un entendement qui veut que ses œuvres ne soient pas une représentation calquée de la réalité extérieure des choses, mais bien l’expression restructurée d’un univers pictural, née de son imaginaire.

Par Nicole MALHAMÉ HARFOUCHE
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