Le Liban au cœur du partenariat renouvelé Paris-Damas
Sarkozy et Assad lancent une force politique de frappe au Proche-Orient!
Par Melhem KARAM

Parler est devenu possible du duo franco-syrien, en tant que joueur de premier plan sur la scène proche-orientale. Les effets de ce rapprochement stratégique avec le Liban se sont manifestés et les jours montreront le rôle efficace que Paris a joué à Damas, en vue de perpétuer les institutions libanaises, barrer la voie aux conflits, consolider le Liban-Sud et assurer la sécurité à la Finul, face aux expériences dramatiques précédentes. Nous avons été les premiers à signaler que la coordonation franco-syrienne verse premièrement, dans l’intérêt du Liban, en tant que pays ayant besoin de ceintures de sécurité, alors que chaque jour, les avions israéliens violent son espace aérien.
Peut-on ignorer ce que Paris a fait avec Damas, pour faire passer deux échéances fondamentaux sans une gifle, à savoir: l’élection du président de la République, le général Michel Sleiman et la constitution d’un gouvernement d’union nationale.
Le président français, Nicolas Sarkozy dont on a dit que c’est un atlantiste et un pro-américain durant sa campagne électorale, il y a deux ans et demi, est apparu pragmatique et réaliste jusqu’à la dernière limite. Il a forcé la scène libanaise en se libérant du legs de Chirac en faisant face à l’entêtement américain et à la muraille israélienne. Après les délibérations de Saint-Cloud, l’artisan de sa diplomatie, Bernard Kouchner, a élaboré un plan d’action vers Damas, sur base de l’erreur de son isolement américain, en sa qualité de grand électeur dans l’échéance présidentielle libanaise. Paris a œuvré, étant éloigné de Téhéran et qu’allié de Riyad et du Caire, à prévenir un vide présidentiel au sommet de la pyramide de l’autorité, pour des causes chrétiennes et nationales, en plus de l’éloignement politique dans la contexture confessionnelle. De là, Jean-Claude Cousseran, conseiller français, a pris note des requêtes, conditions et garanties de la capitale des Omeyyades, soufflant à l’oreille d’un diplomate: “Le problème en cas de non élection du président de la République, est moins dans le vide constitutionnel, que dans la bombe qui ébranle les fondements de l’Etat”. Il a ajouté: “Nous ne voulons pas dans l’absolu que le Liban soit gouverné de Damas, mais nous ne voulons pas non plus qu’il soit gouverné contre Damas. Il importe d’inventer une formule pratique capable de sauvegarder l’indépendance et la coopération à la fois”.
Il faut, naturellement, sauvegarder l’Etat lors des périls et des tempêtes et il était possible de détecter la couleur de la fumée après le sommet arabe de Damas. Kouchner est arrivé à Beyrouth avant le sommet et n’a pas voulu être la star de la table de Saint Cloud, comme Charles Maurice Talleyrand avec l’Autrichien Metternich à Vienne en 1815.
Le président Michel Sleiman a été élu, a effectué une visite d’Etat à Paris et obtenu un accueil chaleureux et distinctif, les Français passant maîtres dans l’étiquette dans ce domaine. La chaleur de l’accueil n’a pas occulté la délicatesse des dossiers discutés durant la visite. Sarkozy a suivi les traces de De Gaulle: “A cet Orient complexe, je suis venu avec des idées simples pour approcher les situations et les équations compliquées”. C’est ce qu’a accompli le président Sarkozy, quand il a joué le rôle du médiateur honnête entre Beyrouth et Damas. Il a placé de côté le Général et la Croix de Lorraine et a suivi la boussole de Bernard Kouchner, médecin des cas difficiles, ainsi qu’un certain nombre de conseillers et d’hommes d’affaire. Si son épouse Carla Bruni dit que “c’est un homme à six cerveaux”, un seul cerveau suffit pour le Liban qui sort avec difficulté du jeu des ruelles et des matamors, pour se hisser au niveau de l’Etat.
Georges Naccache a écrit: Deux négations ne font pas une nation. Il critiquait, ainsi, le pacte national élaboré par les partisans de l’indépendance. La patrie a été instaurée sur deux “non”: les chrétiens rejettent le mandat français et les musulmans l’unité avec la Syrie. De cette façon, le Liban a cessé d’être, selon la célèbre expression de Riad Solh, “un lieu de passage, ou un siège”.
L’expérience a prouvé depuis 1943 jusqu’à ce jour, que deux négations ne fondent ni un Etat, ni une nation, même si elles ont sauvé le Liban du mandat, preuves en sont les tempêtes qui ont failli emporter l’entité et l’Etat en 1958, en 1975 et la crise froide qui se perpétue depuis 1991, ayant assisté à une réalisation historique en 2000, qui a consisté en la chasse des Israéliens sans condition du Liban-Sud. En dépit de l’historicié de cette réalisation, on est revenu à la même rengaine: le climat du conflit civil. La cause de cela est, en premier lieu l’horizon confessionnel bouché et le jeu des quotes-parts, ayant métamorphosé ce pays unique en son genre dans sa géographie, en scène ouverte aux conflits faisant des intérêts des Libanais, un combustible pour le jeu des nations féroces. Ainsi, le démenti de Georges Naccache s’est transformé en la négation du Liban lui-même.
Il ne fait pas de doute que l’assassinat de Rafic Hariri le 14 février 2005, a constitué une bifurcation, une épreuve et un défi, le devenir libanais s’étant précipité, alors que les résolutions au Conseil de sécurité se bousculaient, ce qui ne s’était jamais produit au palais de verre à New York. Ce jour-là, André Fontaine a écrit dans “Le Monde”: “Cet Orient complexe joue parfois, le rôle d’un pieu dans l’architecture des relations difficiles entre Washington et Paris, comme dans le cas irakien ou parfois, le rôle de trait d’union”.
Les relations libano-françaises paraissent, maintenant, au summum de l’entente, alors que l’horizon des relations entre Beyrouth et Damas est chargé de pas constructifs. Le rythme de l’Histoire entre les deux capitales n’est plus surchargé et l’instant est imbu d’espoir, parce qu’il existe au palais de Baabda, un président sage et courageux et au palais de l’Elysée, un homme qui veut hâter la solution et refuse l’aliénation, laissant ses empreintes sur de grands actes. Et au palais présidentiel damascène, un homme agit en faveur de l’action et non de la réaction, récapitule et ne régresse pas, fixant le lointain pour déterminer la voie menant au rôle axial, au lieu de la victime, dans le jeu des nations qui ne pardonne pas.

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