Le nouveau Musée du Caire sera-t-il la 8ème merveille du monde?

Situé entre les pyramides de Gizeh et la ville du Caire, l’un des plus grands musées du monde ouvrira ses portes en 2011. L’idée de créer ce grand musée qui sera un haut-lieu de l’égyptologie, revient au dynamique ministre égyptien de la Culture Farouk Hosny, qui poursuit un gigantesque travail de mise en valeur des trésors culturels de son pays.

photo Photo du Musée avec les pyramides en perspective.

photo Une ancienne maison cairote restaurée.

Farouk Hosny confie qu’il a conçu ce projet à l’époque où il était conseiller culturel à l’ambassade d’Egypte à Paris. Il s’agissait pour lui de doter son pays “d’un grand musée qui en serait digne de l’Egypte, dépositaire d’un énorme trésor culturel et d’un des plus importants patrimoines historiques du monde”.
Constatant que les objets présentés dans le musée égyptien du Tahrir ne sont pas mis en valeur, d’une part, par manque de place; d’autre part, que le patrimoine historique égyptien et représenté d’une manière désuète, négligeant les moyens modernes dont dispose l’archéologie aujourd’hui, Farouk Hosny a suggéré cette initiative au président Moubarak qui l’a tout de suite approuvée.

photo La rue Al Moez.

photo Le ministre égyptien de la Culture, M. Farouk Hosny avec notre envoyée spéciale au Caire.

Le plus grand musée du monde
Le nouveau musée sera le plus grand du monde avec complexe construit sur 50 hectares, à deux kilomètres en contrebas des trois fameuses pyramides (la grande pyramide de Kheops, celle de Khephren et la pyramide de Mykérinos), sera consacré à l’Histoire de l’Egypte pharaonique. Un bâtiment fonctionnel et simple accueillera de façon permanente les chefs-d’œuvre de l’Egypte ancienne. Le musée proposera, par ailleurs, aux visiteurs différents parcours et des visites virtuelles suivant des expositions spéciales. Un escalier lumineux traversera le musée et offrira une visibilité exceptionnelle sur l’ensemble des galeries. Un dispositif de façades modulables et translucides permet d’utiliser au mieux les rayons du soleil, mais aussi d’incorporer cet édifice à son entourage historique. Des ateliers culturels et éducatifs accueilleront petits et grands. Au nord, une allée bordée d’arbres est prévue pour rejoindre les fabuleux monuments de Gizeh. Cinq jardins accueilleront les promeneurs, ainsi que plusieurs restaurants. Un cinéma en trois dimensions présentera des films historiques, tandis qu’une salle de théâtre permettra de jouer des pièces inspirées des traditions égyptiennes.
Le plus important centre de restauration et de conservation de pièces antiques dans le monde est, d’ores et déjà, en activités. Quatorze laboratoires spécialisés dans la restauration et la conservation des pierres, des textiles des momies, etc. s’activent en prévision de l’ouverture du musée en 2011. Toutes les pièces sont regroupées dans ces laboratoires pour une étude approfondie et une fois analysées et restaurées avec des moyens ultrasophistiqués, elles seront envoyées à travers des galeries souterraines vers la galerie prévue pour leur exposition.

Une réalisation internationale
Le Dr Mohamed Ghoneim, responsable du nouveau musée égyptien, explique que ce projet est la fois public et privé. “Un comité technique géométral important supervise le projet de construction et est formé de 8 consultants de différents pays qui ont gagné le premier prix du concours d’architecture lancé en 2003. Un nombre très important d’architectes de niveau international ont participé à ce concours. Non moins de 1.957 consultants ont participé à cette grande compétition, 20 projets ont au départ été retenus pour enfin sélectionner les trois premiers prix”.
Le Dr Ghoneim précise: “Nous avons signé un accord avec le concepteur du premier prix; c’est un jeune homme d’une quarantaine d’années, américain de naissance et chinois d’origine. Il est diplômé de l’université de Harvard et il est marié à une Irlandaise. Tout ce mélange lui donne une ouverture d’esprit qui l’a aidé à réaliser ce dont nous avions besoin, c’est-à-dire une vision multinationale pour ce grand projet. Sa vision de ce concept a été dès le départ séduisante, une fois cette étape dépassée nous rentrons dans la phase de construction. Le groupe de concepteurs qui a travaillé sur la mise en place du projet architectural est composé de 300 architectes. Ce groupe a préconisé des projets et des documents qui ont été proposés à une adjudication. Cette dernière sera, à son tour, proposée à des entrepreneurs internationaux ayant déjà fait leurs preuves. Vingt entreprises de réputation mondiale ont déjà répondu à l’appel d’offre”.

Un musée éducatif.
Selon le Dr Ghoneim, “la conception de ce musée n’est pas uniquement celle d’un musée classique. Le grand musée du Caire aura une finalité éducative et s’adressera à la jeunesse et aux étudiants. Il doit être accessible à tout le monde, afin de connaître la profondeur de l’histoire de notre pays. Il ne suffit pas, par exemple, d’apprécier la beauté du masque de Toutankhamon, il est important de savoir ce qu’il représente, quelle est la philosophie qui a poussé nos ancêtres à créer une œuvre aussi parfaite”.
Une place de choix est donc réservée aux jeunes. En effet, il y aura différents cycles éducatifs; le premier pour l’apprentissage de l’Histoire de l’Egypte pharaonique, le second sera consacré à l’histoire de l’art pharaonique et ses répercussions sur l’art actuel. Ce dernier point est très important puisqu’il permet de montrer à quel point l’art abstrait ainsi que le cubisme ont été inspirés de l’Egypte ancienne; Prenons comme exemple l’illustre tableau de Picasso intitulée Guernica et observons les créatures animalières dessinées sur ce tableau et comparons avec les peintures d’un temple à Louxor vous trouverez une grande similitude entre ces deux représentations. Concernant l’art abstrait nous pouvons considérer que les plus grands bâtiments au monde d’une conception abstraite sont les trois pyramides. Pour ce qui est du surréalisme, l’exemple typique de cet art se retrouve dans le grand Sphinx, avec sa représentation mi-homme mi-animal.
Par ailleurs, l’art égyptien ancien contient de la poésie, des récits et bien sûr du théâtre - bien avant le théâtre grec. Les textes lus par les prêtres dans les temples étaient en réalité les bases de représentations théâtrales.
Les pièces seront présentées suivant une chronologie historique, mais les visites pourront se faire suivant des espaces consacrées aux thèmes: le thème historique, le système de gouvernance à une époque donnée, les religions et les croyances, la langue etc. Par ailleurs une importante technologie d’information sera utilisée pour donner le maximum d’information concernant chaque monument ou chaque pièce exposée. Toutes les informations seront à la portée du visiteur y compris l’endroit et la date à laquelle un objet a été découvert ainsi que la manière dont il a été transporté et restauré.

emplacement unique
L’emplacement du musée a été choisi près du site de Gizeh “pour mettre en valeur une des sept merveilles du monde”. En effet, l’emplacement des pyramides est le plus grand site historique, non seulement en Egypte mais au monde; il représente la gloire de l’Egypte ancienne. L’idée de bâtir un musée d’une telle ampleur regroupant la grandeur de l’Egypte pharaonique à cet endroit précis ne peut qu’évoquer le lien et l’hommage à la civilisation égyptienne.
“C’est aussi, souligne Mohammed Ghoneim, un emplacement qui représente un croisement, une intersection de la géographie du pays. Le nord représente la verdure, les fermes et la végétation et le sud représente le Sahara”.
Voici donc naître, à deux pas des pyramides, une 8ème merveille du monde. Pour sa part, l’ancien musée du Caire gardera tout son prestige, mais sera plus spécialement consacré à l’histoire de l’art pharaonique.

De notre envoyée spéciale au Caire Zeina el-Tibi
Article paru dans "La Revue du Liban" N° 4267 - DU 19 AU 26 JUIN 2010
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