Le Petit Prince aussi léger qu’un papillon malgré son âge, étant né le 6 avril 1943, est actuellement au cœur d’une bataille judiciaire opposant José Martinez Fructuoso, ancien secrétaire particulier de Consuelo, la femme de l’auteur et les neveux de ce dernier. Saint-Exupéry et Consuelo, Salvadorienne jugée trop libre par sa belle-famille conservatrice et aristocrate, n’ont pas eu d’enfant et “Le Petit Prince, juge Fructuoso, c’est l’enfant qu’ils n’ont pas eu”. En effet, un passage de Terre des hommes signé par l’auteur lui-même, révèle l’origine de l’idée de cet ouvrage vendu à plus de 130 millions d’exemplaires de par le monde et traduit en 220 langues. L’histoire a commencé quand il aperçoit dans un wagon, un couple d’immigrés polonais expulsés de France “Entre l’homme et la femme, écrit-il, l’enfant, tant bien que mal, avait fait son creux et il dormait (…) Ah ! Quel adorable visage! Il était né de ce couple-là une sorte de fruit doré (…) Je me penchais sur ce front lisse, sur cette douce moue des lèvres et je me suis dit: “Voici un visage de musicien, voici une belle promesse de la vie. Les petits princes des légendes n’étaient point différents de lui”. Une réflexion qui serait à l’origine du personnage. Par ailleurs, l’auteur français, un aviateur émérite qui a occupé plusieurs postes importants, avant de devenir pilote d’essai en France, raconte son aventure avec le petit prince: un jeune visiteur blond l’aborde un jour et lui demande de lui dessiner un mouton lors d’un atterrissage forcé dans le désert du Sahara. Et c’est à New York où Saint-Exupéry a été exilé suite à l’armistice lors de la Seconde Guerre mondiale, que Le Petit Prince est né. Le livre fait alors son apparition dans les librairies américaines mais ce n’est que trois ans plus tard que l’édition française sort en France (Gallimard). Hélas! l’auteur n’a pas eu l’occasion de savoir que son personnage allait connaître un succès sans précédent. Promu commandant en juin 1943, il revient à l’aviation, mais le 31 juillet 1944, Antoine de Saint-Exupéry (44 ans) s’envole pour ne jamais revenir. Le cœur en larmes, sa femme Consuelo retourne en France où elle vit délaissée par sa belle-famille et ses belles sœurs Simone et Gabrielle. La belle “roturière” hérite, alors, de la quasi-totalité des droits sur l’œuvre de son mari mais harcelée en permanence par celles-ci, elle accepte de conclure un accord avec elles en 1947, selon lequel les revenus seront partagés à parts égales entre elles. Le 28 mai 1979, Consuelo décède (Elle était asthmatique, c’est pourquoi, elle est devenue la rose qui tousse dans le célèbre ouvrage). N’ayant pas d’enfants, elle lègue ses biens et les droits littéraires de l’œuvre de son mari à Fructuoso, son homme de confiance pendant 22 ans. Actuellement, celui qui a hérité de 50% des droits d’auteur sur Le Petit Prince livre une bataille judiciaire contre les enfants de Gabrielle, décédée en 1986, se plaignant qu’ils ne lui ont jamais demandé la moindre autorisation. Un accord a été conclu en 1994 pour répartir les bénéfices des produits dérivés, mais Fructuoso considère toujours qu’il est lésé, touchant nettement moins bien que les 40% des bénéfices annuels dont il a droit. Cerise sur le gâteau, c’est par la presse qu’il a appris que l’ouvrage devait être adapté à la télévision fin 2010. La série télévisée de 52 épisodes qui aurait coûté 18 millions d’euros, sera vendue pour une somme variant entre 3 et 5 millions d’euros pour chacun des 120 pays qui l’ont déjà commandée. Notons que le célèbre conte sera tourné en 3D (45 millions d’euros) et projeté sur les écrans en 2014. |