Elu le 15 mars à la tête de l’Eglise maronite, intronisé le 25 mars, à la fête de l’Annonciation, le nouveau patriarche maronite d’Antioche et de tout l’Orient, S.B. Mar Béchara Boutros Raï, a pris, le lundi 11 avril, le chemin de Rome pour y rencontrer le Saint-Père. Il a passé près d’une semaine, au cours de laquelle il a eu plusieurs contacts avec les hauts responsables du Vatican et des hauts responsables politiques italiens. Sa visite a été couronnée hier jeudi 14 par une réunion à caractère solennel, avec S.S. Benoît XVI, confirmant la communion totale entre l’Eglise maronite et l’Eglise catholique universelle. Vendredi 15 avril, Sa Béatitude célèbre sa première messe en tant que patriarche à la basilique Saint-Pierre.
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Après sa rencontre avec le pape Benoît XVI, Mgr Raï:
pleine communion entre l’Eglise maronite, le St-siège et l’Eglise universelle. |
Pour S.B. Béchara Raï, ce voyage revêtait une importance particulière et une sorte de retour aux sources. C’est à Rome qu’il a fait ses études en philosophie et théologie et obtenu son doctorat en droit ecclésiastique et civil de l’Université de St-Jean Latran (Tribunal Rota à Rome).
Il a de même dirigé, pour un certain temps, la section arabe de Radio Vatican. La ville immortelle est pour lui plus que familière. Il y revient aujourd’hui en tant que chef de l’Eglise maronite, le couronnement d’un pastorat est une charge bien lourde, vus les multiples responsabilités à assumer et les défis de ce siècle.
Dans l’avion qui le menait à Rome, Raï était accompagné de 14 archevêques, d’un grand nombre de personnalités politiques et sociales et à leur tête M. Boutros Harb, ministre sortant du Travail, représentant le chef de l’Etat, le général Michel Sleiman.

S.B. Mar Béchara Raï entouré de personnalités lors de sa visite à Rome.
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Au siège de l’Ordre mariamite
A son arrivée, Mgr Raï s’est rendu au siège de l’Ordre mariamite à Rome, auquel il appartient où il a passé 13 années de sa vie, y a reçu sa formation religieuse et spirituelle. Il est accueilli par le père Semaan Bou-Abdo, supérieur de l’ordre, par S.Em. le cardinal Leonardo Sandri, président du Conseil pontifical pour les églises orientales et de nombreux prêtres et séminaristes. Au son des cloches et des chants liturgiques, une prière d’action de grâce a été récitée en la chapelle du couvent. Un déjeuner a suivi au cours duquel plusieurs allocutions ont été prononcées.
Le maire de Rome, Gianni Allemano présent au déjeuner, a parlé de la construction d’une “Méditerranée de paix”.
Le cardinal Sandri a, pour sa part, témoigné de son profond attachement au pays du Cèdre, affirmant: “Jean-Paul II a dit que le Liban est plus qu’un pays, un message. Pour ma part j’ajouterai que le Liban est une passion. Pour être très près des Libanais, il faut être passionné. Autrement, vous ne pouvez pas apprécier la sympathie, la grandeur, l’ouverture d’esprit et l’amour qu’ils ont de l’Eglise et du pape”.
Le patriarche Raï a exprimé à tous ses remerciements, rappelant “qu’en Jean-Paul II le Liban a un ami et un puissant intercesseur”.
Le patriarche Raï a, ensuite, rencontré le Cardinal Dominique Momberti, responsable des Affaires étrangères du Vatican.

Le patriarche Raï au cours du déjeuner offert par la Fondation maronite dans le monde.
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La communion ecclésiale
Mardi 12, l’ambassadeur du Liban au Vatican, M. Georges Khoury a offert un cocktail dînatoire au Grand Hôtel de Rome, en l’honneur de sa Béatitude et de la délégation qui l’accompagnait. Dans un mot de circonstance, le patriarche Raï a expliqué le motif de ce voyage disant: “Nous venons pour exprimer concrètement la communion ecclésiale entre le nouveau patriarche de l’Eglise maronite et le Saint-Père et à travers lui, la pleine communion entre l’Eglise maronite, le Saint-Siège et l’Eglise universelle”.
Raï a tenu à saluer, tout particulièrement, les ambassadeurs des pays du Moyen-Orient présents à la réception, leur disant: “Nous au Liban, Eglise et peuple, nous suivons avec une grande inquiétude ce qui se passe dans ces pays, nous prions et implorons pour que la paix et la stabilité s’y instaurent”.
Auparavant, un déjeuner avait été offert par la communauté antonine en son siège de Rome en présence de l’archevêque de Baalbeck-Hermel, Semaan Atallah, fils de cette communauté.
Au déjeuner de la Fondation maronite
Mercredi 13, la Fondation maronite dans le monde a offert un grand déjeuner au Musée du Vatican, en l’honneur du patriarche. Le ministre Boutros Harb y représentait le chef de l’Etat, les députés Abdel Latif Zein et Nouhad Machnouk ont représenté, respectivement, les présidents de la Chambre et du gouvernement sortant. On notait, par ailleurs, la présence de représentants de tous les groupes parlementaires de toutes les composantes politiques et socio-économiques du Liban, de personnalités diplomatiques, de dignitaires religieux du Vatican.
Cette rencontre a coïncidé avec la 36ème commémoration du 13 avril 1975, date du déclenchement de la guerre. Dans les mots prononcés lors de ce déjeuner, les appels au dialogue, à la paix et à la stabilité au Liban exprimaient le souhait de tous de surmonter ces années d’épreuve.
Dans son allocution, M. Michel Eddé, président de la Fondation maronite dans le monde, a relevé le fait exceptionnel de la venue à Rome de Libanais de toutes les composantes, pour dit-il à Raï, “participer à la joie du Liban avec votre élection”, soulignant “le grand espoir qu’ils fondent dans toutes leurs communautés et confessions, sur votre foi, votre ouverture et votre enracinement patriotique, sur votre position et votre rôle à sortir ce pays qui a tant souffert des dangers qui le guettent sur le plan de son entité et au niveau social, afin de le mener vers les havres de la paix et de la sécurité”. Et Eddé de conclure: “Ils se tournent vers vous, Béatitude, car vous êtes le berger (Raï) de ce partenariat entre tous, qui s’il est ébranlé tout le Liban le sera.”
Le patriarche Raï a répondu à toutes les allocutions et salué, une fois de plus, la présence de Libanais musulmans et chrétiens qui se sont retrouvés au Vatican sous le titre de partenariat et amour, ajoutant: “Nous sommes tous fiers d’être Libanais, fiers de nos défis (…) Dans les épreuves, nous nous renforçons et avec les difficultés nous devenons encore plus mûrs, le nouveau Liban naîtra de toutes les épreuves”.
Mgr Raï a évoqué le souvenir du 13 avril, disant que “même si cette date est douloureuse pour nous Libanais, elle nous apprend à tirer les leçons du passé pour ne pas recommencer les mêmes fautes.”
Les multiples rencontres
Au Vatican, le patriarche Raï a rencontré S.Em. le Cardinal Bertoni, le secrétaire général de l’Etat du Vatican. Il a eu au cours de cette semaine à Rome, de multiples rencontres avec les divers conseils du Saint-Siège. Il a visité Radio Vatican et le tribunal de la Rota.
Il s’est de même rendu au ministère des Affaires étrangères italiens où il s’est entretenu avec les hauts responsables, le ministre italien des Affaires étrangères, ayant été obligé de se rendre à Doha pour une réunion sur la Libye.
Concernant la rencontre interchrétienne, supposé avoir lieu dans le courant de cette semaine à Bkerké, le patriarche Raï a répondu que quelque chose aura lieu, mais qu’il préfère ne pas en dire davantage. Certaines sources politiques ont affirmé qu’une rencontre quadripartite maronite pourrait avoir lieu ce mardi au siège patriarcal.
Par ailleurs, le patriarche a eu une rencontre avec les représentants des différents courants politiques libanais présents à Rome. Certains quotidiens libanais ont rapporté que Mgr Raï aurait déclaré que, dès son retour au Liban, il comptait réactiver le comité du dialogue entre le Hezbollah et Bkerké. Une chose est sûre: le patriarche va œuvrer à réactiver le dialogue avec toutes les fractions politiques libanaises et entre les entités religieuses chrétiennes et musulmanes. Il se préoccupe, évidemment, de la stagnation politique dans le pays et le jour de son départ pour Rome, il avait clairement affirmé: “Nous prions pour la formation du gouvernement”.
Au-delà des déjeuners et des rencontres à caractère quelque peu mondain, l’intérêt majeur du voyage du patriarche Raï à Rome, au lendemain de son élection à la tête de l’Eglise maronite, est d’asseoir ce partenariat avec l’Eglise romaine universelle et avec les congrégations maronites présentes à Rome, afin de pouvoir entamer son patriarcat dans le partenariat et l’amour, tel qu’il l’a lui-même défini et de pouvoir faire face à tous les défis qui l’attendent vis-à-vis de sa propre communauté et du pays. Car on ne peut oublier que sur le siège patriarcal, il est inscrit: “la gloire du Liban lui a été donnée”. |