En hommage à feu Elie Kanaan, Eliane, Sabine et Sélim, en collaboration avec Amal Traboulsi, organisent une exposition de ses œuvres, à la Villa Audi.

Motifs pittoresques, lyrisme et poésie.

A travers l’ensemble de ses œuvres, on peut constater qu’Elie Kanaan a adopté la manière qui convenait le mieux à son tempérament, en s’inspirant visiblement du symbolisme. Aussi ses compositions tendent-elles à une figuration où tout est ramené à la sensation personnelle, à une forme d’intuition qui transforme les sujets.
Les compositions ont des structures qui échappent à une vigilance analytique stérilisante. Les audaces des mises en pages tendent, surtout, à briser d’anciennes structures traditionnelles, mais rien n’est laissé au hasard, ni en ce qui concerne le fond, ni en ce qui concerne la forme. Les rythmes des couleurs donnent naissance à la structure de lieux et espaces, interprétés avec sensibilité, nés d’un mode d’expression soutenu par le support du réel, un réel nourri, à la fois, par la présence des éléments de la nature et ceux cosmiques: lumière, feu, eau… Partout la morphologie des lignes, formes et couleurs donne lieu à des symphonies musicales.

Virtuosité qui donne à l’œuvre une apparence ’improvisation.

Réel nourri par la présence des éléments de la nature et ceux cosmiques.

La matière chromatique bascule vers une autre vie
Les œuvres d’Elie Kanaan, résultent d’une recherche poétique, à partir d’une vision symboliste et intimiste de la réalité. A l’instar des impressionnistes, il a peint le frémissement de la lumière, la transparence de l’atmosphère, le scintillement de l’eau, la terre, la pierre, la nature, la mer, la brume et le bleu éclatant du ciel. La texture couleurs, lumière, traits, formes, acquiert une consistance atmosphérique. L’orchestration de la matière en aplats chatoyants, prouve à quel point sa sensibilité a joué un rôle important dans l’exécution. Les couleurs sont rythmées avec subtilité pour révéler des nuances à la fois tendres et toniques. La palette est riche. A côté des oranges et rouges cramoisis, des lilas, des verts profonds et veloutés et des bleus tendres ou soutenus, donnent, aux éléments des compositions, un aspect séduisant.
Toute invention de forme, toute figuration symbolique, ont, dans la production de ce peintre, le contrôle définitif de la chose vue. Il a découvert d’instinct ses méthodes et le moyen de resserrer son inspiration sur une petite ou grande surface et d’en intensifier les pouvoirs.
Il est parvenu à un accord heureux entre l’inspiration, la technique et la sensibilité. Partout contenu, graphisme, formes et couleurs, s’épousent, convergent vers l’essence, s’appliquent à rejeter toute éloquence.
Chaque œuvre est une réalisation où l’on sent la volonté tendue, non l’effort, un équilibre entre la raison et l’instinct. Il y a toujours, chez lui, une forme de virtuosité qui donne, à la plupart de ses réalisations, une apparence d’improvisation, mais cette improvisation n’est pas affectée, elle est voulue tout en permettant de limiter les effets, au profit de beaucoup de lyrisme et poésie dans le mode d’expression.
Elie Kanaan savait que tout acte de peindre est une impérieuse nécessité de communiquer les abyssales parcelles de son âme, celles-là même qui le relient, tout autant, au réel et à l’imaginaire et attribuent à l’artiste toute sa dimension face à la créativité.