Code électoral:
la proportionnelle sera-t-elle adoptée?

Le commission ad hoc a de nouveau siégé, cette semaine, à Berké à l’effet de poursuivre l’étude de la nouvelle loi électorale. Quatre formules sont envisagées, mais aucune d’elles n’a été adoptée d’une manière définitive. Cependant, la tendance est en faveur du principe de la proportionnelle, seul jusqu’ici M. Walid Joumblatt y étant opposé parmi les partis politiques. On sait que celle-ci a été proposée par le chef de l’Etat et le ministre de l’Intérieur y est acquis.

La réunion maronite élargie de Bkerké, consacrée à un débat autour du nouveau projet de la loi électorale, s’est déroulée dans un climat décontracté, d’autant que les participants se sont prononcés dans l’ensemble, sur le principe de la proportionnelle, considéré comme le plus adéquat, parce qu’assurant une meilleure représentation parlementaire.
En fait, seul dans le monde politique, M. Walid Joumblatt juge ce projet “préjudiciable” pour la simple raison qu’il ne fournit pas les éléments nécessaires à la constitution d’une Chambre réellement à l’image du collège électoral. Aussi, préconise-t-il le maintien de la loi actuelle en y apportant certains amendements.
Mais revenons à la réunion de Bkerké qui a duré trois heures, entrecoupée d’un déjeuner au siège patriarcal, à l’issue duquel un communiqué a été diffusé consignant la teneur des délibérations.
Tout d’abord, la commission quadripartite a donné lecture des projets de loi qui lui ont été soumis, afin de parvenir à un projet unique qu’adopteront toutes les fractions chrétiennes et, par la suite, toutes les composantes nationales.
Il a été admis que les chrétiens ayant foi dans l’Etat et ses institutions, sont convaincus du fait que la loi électorale peut réactiver le rôle chrétien et édifier un partenariat véritable basé sur le partage effectif des sièges sous l’hémicycle ramenant l’équilibre aux institutions étatiques, ce qui consolide la vie en commun.
La réunion de la semaine dernière s’est étendue sur les points ci-après: le principe de la proportionnelle qui a besoin de plus d’étude; la loi dite “One man one vote” permettant à chaque votant d’élire un candidat, assurant ainsi la meilleure représentation parlementaire; le projet de loi élaboré par la communauté orthodoxe proposant que chaque communauté élise ses députés sur base de la proportionnelle; enfin, la loi de 1960, celle du président Fouad Chéhab (en vigueur) en vue du raccourcissement de la circonscription.
Quant au Dr Samir Geagea, chef des Forces libanaises, il a qualifié la réunion “d’excellente” et a félicité la commission quadripartite pour le travail accompli. Cependant, il a estimé que l’accord autour d’un projet de loi est difficile. “En ce qui nous concerne, le projet qui convient le mieux aux chrétiens a besoin de plus d’étude; l’important pour nous est qu’il convienne le mieux aux chrétiens et aux Libanais”.
Quant à M. Sami Gemayel, il a jugé excellent le fait que la réunion se soit tenue à Bkerké. Interrogé sur le point de savoir si le principe de la proportionnelle convient au parti Kataëb, il a répondu: “Le parti poursuit ses concertations à ce sujet pour prendre la décision valable, mais n’a pas encore adopté son option définitive”.
Le général Michel Aoun a insisté sur la nécessité de tenir compte du “partenaire musulman” et de son point de vue avant d’adopter la formule définitive de la loi.
M. Nadim Gemayel a demandé au patriarche Raï, avant la réunion, son avis à propos des armes du Hezbollah, affirmant que “la loi électorale et le scrutin seront sans valeur, si ces armes sont suspendues au-dessus des têtes des candidats à la députation”. Il m’a répondu qu’il n’était pas avec ces armes, mais avec l’Etat et sa légalité. Aussi, a-t-il demandé aux Français de l’aider à trouver une solution à ce problème...

L’État de Palestine, un rêve pour les réfugiés du Liban?

Les Nations unies ont été saisies de la demande de M. Mahmoud Abbas relative à l’adhésion de l’Etat palestinien à l’Organisation internationale, qui bénéficie de l’appui de cent cinquante Etats membres. Seuls, en plus d’Israël, les Etats-Unis y sont hostiles et menacent d’user du droit de veto...

“L’Etat de Palestine, une illusion, un rêve lointain”, soutient un réfugié palestinien, parmi tant de ses compatriotes établis dans les douze camps du Liban, pour qui l’horizon est bouché, vivotant dans des dédales de ruelles poussiéreuses, où se dressent des logements anarchiques, collés les uns aux autres où les personnes encore jeunes dans le chômage, attendent un gagne-pain qui ne vient pas, avec le sentiment d’être un réfugié permanent...
“Un Etat c’est bon pour le moral, mais concrètement rien ne va changer”, dit un vendeur de jus d’orange, dont la famille est originaire de la province d’Acre... “Je sais au fond de moi-même, que je ne vivrai jamais en Palestine”, confie un septuagénaire.
Dans tous les camps, rapporte un confrère de l’AFP, qui en a fait le tour, à l’occasion du débat sur la Palestine à l’Onu, la mobilisation en faveur de l’initiative du chef de l’Autorité palestinienne, lequel a présenté une demande d’adhésion à l’Organisation internationale, reste de mise. Sur de grandes affiches apparaissent l’immeuble des Nations unies à New York, les photos de Mahmoud Abbas et de son prédécesseur Yasser Arafat et cette pancarte: “L’Etat palestinien, un droit auquel nous ne renoncerons pas”.
Au camp nordiste de Beddaoui, une jeune femme dépose des fleurs sur le tombeau de son père. “J’ai promis de lui dire quand l’Etat palestinien sera créé ou quand j’y retournerai”, dit-elle en essuyant ses larmes.
Mais dans leur ensemble, les anciennes générations ne se font pas d’illusion et ressassent: “Il ne peut y avoir un Etat palestinien à plusieurs têtes. Il faut que les Palestiniens fassent la paix entre eux”, en référence aux rivalités entre Fateh et Hamas.
N’importe quel réfugié fatigué de vivre dans des conditions insoutenables, souhaite retourner en Terre sainte, pour vivre sous une tente. “Soixante ans de misère, ça suffit”...
Mais, aussi, presque tous n’ont plus qu’une illusion, celle “d’avoir un passeport palestinien. Au moins, on ne me taxera plus de réfugié”...
Oui, mais Washington a déçu tous les espoirs... De fait, Barack Obama les a bernés et après avoir promis de régler le “problème palestinien” dès son accession à la Maison-Blanche, a changé le fusil d’épaule, surtout à l’approche des élections présidentielles, car il compte sur l’électorat juif...
Malheureusement, toute l’action qu’il a déployée, en même temps que son émissaire au Proche-Orient, George Mitchell - qui a renoncé à ses tentatives réitérées au terme de plusieurs mois d’efforts improductifs - se sont avérés vains. Non seulement les Israéliens ont fait la sourde oreille à leurs propositions, mais ils se sont acharnés sur la “colonisation”, semant le désespoir parmi les Palestiniens qui ont vu ainsi leur rêve se volatiliser, surtout en ce qui concerne leur droit au retour... Bien qu’il soit garanti par la résolution 194 des Nations unies et non du Conseil de sécurité, sans aucune valeur coercitive pour l’Etat hébreu...

Autour d’un acte traduisant le summum de la cruauté...

Amnesty international a diffusé un communiqué faisant état d’un acte de barbarie perpétré par la soldatesque syrienne. Il s’agit d’une jeune fille de 18 ans, Zeinab el-Hosni, sœur d’un militant lui-même tué par ses geôliers, qui a été arrêtée, torturée en prison et rendue à sa famille la tête tranchée, amputée des deux bras et la peau arrachée du corps... Un spectacle digne des pires films d’épouvante.

Les médias du monde entier retransmettront cet écho traduisant le summum de la bestialité, diffusé par Amnesty International, annonçant “qu’une jeune Syrienne de 18 ans; Zeinab el-Hosni, sœur d’un militant tué par ses geôliers, a été arrêtée, torturée en prison et rendue à sa famille la tête tranchée, amputée des deux bras et la peau arrachée du corps”...
Peut-on s’empêcher de dénoncer une telle sauvagerie et douter du fait que les centres carcéraux du pays voisin, réservent des surprises dignes des pires films d’épouvante?
Peut-on supporter de pareilles informations frisant la sauvagerie, quand on songe que des milliers de nos compatriotes portés disparus depuis des années, sont enfermés - et dans quelles conditions - dans des prisons infectes, éloignés de leurs familles, leurs femmes et leurs enfants qui n’ont aucune nouvelle de leur sort?
Une pareille tragédie est évoquée par un militant qui résume en ces termes les sentiments d’une population en révolte: “Ce n’est plus la mort que nous craignons, mais la manière dont elle nous sera donnée... Nous sommes arrivés au point de souhaiter périr par balles lors des manifestations plutôt que d’être arrêtés et torturés dans les chambres noires”.
Ici, nous vient à l’esprit cette réflexion du président du Conseil turc, Erdogan, reprise par tant de responsables un peu partout dans le monde: “Un dirigeant qui tue son peuple n’a pas le droit de se maintenir au pouvoir”...
C’est sans doute cette triste nouvelle de Zeinab el-Hosni, qui a décidé le patriarche Raï à annuler sa visite à Washington, début octobre, au cours de laquelle il était supposé avoir une rencontre avec le président Obama.
La décision aurait été prise de commun accord entre le chef de l’Eglise maronite et; l’Administration américaine, dont l’ambassadrice à Beyrouth, se trouve en ce moment à Washington, pour un surcroît de consultations au sujet des prises de position proclamées par Mgr Raï lors de sa récente visite officielle en France.
Cependant, la visite pastorale du patriarche est toujours au programme. Elle commencera par des arrêts prévus, successivement, au diocèse Notre-Dame du Liban (à Saint Louis), Peoria, Chicago, Cleveland et Huston, suivis d’une halte à Los Angeles, au diocèse Saint Maron, pour se terminer à New York.
On est en droit de se demander quel accueil sera réservé à Sa Béatitude dans les villes américaines dont on connaît la ferveur du patriotisme des Libanais de la diaspora, lesquels ont eu connaissance des réflexions de Mgr Raï lors de sa visite en France...

En marge d’une lettre ouverte...

Il s’agit de la lettre ouverte adressée au président Obama par un diplomate américain à la retraite, Charles O. Cecil, dans laquelle il écrit: “Il suffit de penser une minute à ce qui se passerait si les USA s’abstenaient lorsque la question palestinienne se présentera devant le Conseil de sécurité...
“Nous sommes hypocrites lorsque nous prétendons vouloir donner la justice aux Palestiniens, alors que nous ne faisons rien pour les aider... Si les Etats Unis opposent leur veto à la demande d’adhésion palestinienne, nous allons nuire à notre image dans le monde musulman pour des millions d’années à venir et donnerons à el-Qaëda mille raisons de se venger”.
Soutenant que Netanyahu n’a nulle intention de conclure avec l’Autorité palestinienne une paix juste et équitable, nous mettant devant le fait accompli jusqu’à ce que l’idée d’un Etat palestinien devienne un simple souvenir, le diplomate retraité a rappelé la campagne lancée naguère par Ronald Reagan, sous le slogan: “Que la Pologne soit la Pologne”, avant d’ajouter: “Il est temps que nous laissions la Palestine être la Palestine... Abstenez-vous de ce veto à venir...”.
Obama s’abstiendra-t-il ou bien ses “intérêts électoraux” l’empêcheront-ils d’accomplir ce geste qui marquera d’une pierre blanche la fin de son mandat?